jeudi 5 janvier 2017

TED BUNDY

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site emaze.com

de Matthew Bright. 2002. 1h39. Avec Michael Reilly Burke, Boti Bliss, Steffani Brass, Eric DaRe, Tricia Dickson, Matt Hoffman, Tracey Walter.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Matthew Bright est un réalisateur et scénariste américain, né le 8 Juin 1952
2003: Tiny Tiptoes. 2002 Ted Bundy. 1999 Freeway II: Confessions of a Trickbaby. 1996: Freeway.


L'expression "tueur en série" est née avec Ted Bundy. Dans les mois précédents son exécution, il recevait plus de 200 lettres par jour de femmes amoureuses de lui. 

Dtv discrètement sorti chez nous en dvd, Ted Bundy est une descente aux enfers que Matthew Bright (auteur du génialement barré Freeway !) retrace avec un souci de réalisme assez rigoureux (images d'archive à l'appui). Epaulé de son acteur Michael Reilly Burke, ce dernier hypnotise l'écran avec une vigueur viscérale dans sa posture sournoise (rictus décontractée en sus !) d'étudiant en droit se complaisant librement aux viols, meurtres en série et rituels macabres (il est nécrophile et décapite parfois ses victimes) ! S'autorisant sans complexe d'observer une fille dévêtue en se masturbant derrière un bosquet ou de grimacer tel un demeuré face au miroir de sa salle de bain, Ted Bundy nous est immédiatement décrit comme un érotomane pathologique, un pervers erratique en dépit de sa romance partagée avec Lee, maman godiche d'une petite fille. Relatant scrupuleusement sur une période de 5 années (1974-1978) ses crimes en série perpétrés à travers 7 états avant son arrestation, son soutien en prison avec une de ses fans, ses 2 évasions et son exécution sur la chaise électrique, Matthew Bright nous glace d'effroi (moral) dans son souci chronologique de répertorier ses exactions crapuleuses sans effets de manche. Avouant finalement à la justice 30 homicides, Ted Bundy aurait été potentiellement signataire de plus de 150 victimes !


Dérangeant et profondément malsain, de par la récurrence des homicides sexuels perpétrés avec une violence bestiale (coups de poing et de matraque assénés en pleine tête !) et de l'aspect macabre des déviances nécrophiles, l'intrigue s'irrigue d'une atmosphère fétide, pour ne pas dire irrespirable sous l'impulsion d'un acteur littéralement possédé par son rôle vicié ! On peut également souligner l'audace du sociopathe séducteur lorsque celui-ci parvient à s'évader sous les yeux de ses geôliers afin de perdurer une nouvelle série de meurtres aussi lâches qu'innommables. Quant au final à la fois dérangeant et inopinément poignant (on s'étonne d'éprouver une réelle compassion face à l'intolérable supplice du condamné !), Matthew Bright nous percute de plein fouet à instaurer une vraie réflexion sur la peine de mort lors des préparatifs du détenu humilié et torturé par les gardiens (ces derniers étant contraints d'obstruer son anus avec du coton pour éviter le flux de selle au moment de la sentence) puis transi de terreur à l'idée de trépasser l'instant d'après sur la chaise. Le réalisateur s'efforçant de dépeindre son chemin de croix avec une intensité émotionnelle à la limite du supportable (la posture infantile d'un Bundy au regard vague !), notamment lorsqu'une assemblée de spectateurs voyeurs osent lui faire face pour contempler avec frigidité son exécution.


Film choc en roue libre soutenu par la sobriété d'un score dramatique poignant, Ted Bundy constitue à mon sens l'un des portraits les plus durs et viscéraux que j'ai pu voir sur pellicule si on occulte les mastodontes inégalés Henry, Maniac et Schizophrenia. Une douloureuse épreuve de perversion morbide aussi fascinante que dérangeante si bien que l'on ne sort pas indemne, notamment pour son sous-texte conféré au réquisitoire anti peine de mort ! (en l'occurrence, l'approche barbare de la chaise électrique). 
Pour public averti

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