Sortie salles France: 11 Septembre 1974. U.S: 26 Décembre 1973.
FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.
Mike Oldfield / Linda Blair / Dick Smith / 2 Oscars / 402 500 000 $ de recettes dans le monde entier.
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Date charnière dans le paysage horrifique.
L’Exorciste s’impose à la fois comme une épreuve de force cauchemardesque avec le démon, et comme un drame psychologique éprouvant par sa dimension humaine, fragile, désarmée. Celle d’une mère impuissante face aux ténèbres qui dévorent l’esprit de sa fille. Celle d’un prêtre égaré, vacillant dans sa foi catholique, en quête de rédemption.
Dès le prologue, dans une lumière écrasante du Proche-Orient, un malaise diffus s’installe. Le climat solaire de l’Irak nimbe d’étrangeté les fouilles du père Merrin, jusqu’à l’apparition d’une relique aux contours démoniaques. Des visions, des accidents : une inquiétude sans nom rôde. Puis la découverte d’une sculpture – Pazuzu, divinité mésopotamienne du 1er millénaire av. J.-C. – scelle la malédiction.
A l’autre bout du monde, Chris MacNeil, actrice en tournage, vit avec sa fille Regan dans une maison bourgeoise, accompagnée de deux domestiques. Séparée de son compagnon, elle tente de maintenir un semblant de normalité. Mais un soir, après des bruits inquiétants dans le grenier, la bougie à la main, elle découvre une angoisse qui s’infiltre. Parallèlement, le père Damien Karras doute, vacille, tourmenté par la santé déclinante de sa mère.
Une nuit, Regan se glisse dans le lit de sa mère, troublée par des spasmes qui agitent son sommeil. Et bientôt, la peur gagne : la fillette convulse, son lit tremble, l’impensable s’annonce. Lentement, insidieusement, le démon prend possession.
En ancrant ces manifestations surnaturelles dans le quotidien le plus banal, L’Exorciste bouleverse. Il dérange, choque, désarme. À travers les croyances religieuses qu’il malmène, il interroge nos fondements moraux, notre part d’ombre. Et derrière la possession, on devine une autre métaphore : celle de l’adolescence, de cette force obscure tapie dans l’innocence.
Avant l'horreur, Friedkin prend soin de bâtir l'attachement. Les scènes de complicité entre mère et fille infusent une tendresse déchirante. C’est cette humanité qui rend le déchaînement satanique si insupportable, si tragiquement crédible.
Mais L’Exorciste, c’est aussi un hommage au septième art. À travers le personnage de Chris, comédienne ardente, et celui du détective cinéphile, attaché au cinéma classique. C’est enfin la métamorphose inouïe de Linda Blair, troublante de naturel dans la peau d’un ange contaminé, possédée entre innocence et perversion. Le visage souillé, le corps martyrisé, elle incarne à elle seule la terreur absolue.
"L’Enfant et le Démon : Poème d’une Possession"Drame humain bouleversant d’une mère et d’un prêtre écrasés par le surnaturel, il nous interroge : si le Mal existe… où est Dieu ?
Expérience extrême, film de rupture, il est transcendé par la mélodie spectrale de Mike Oldfield et par la déchéance sublime de Linda Blair, moderne ange déchu.
* Bruno
Le point de vue de Peter Hooper;
// Crise de foi //
Comment le récit d’une jeune fille possédée par le démon, vomissant une immonde bouillie verdâtre, éructant avec une voix d’homme les pires insanités en s’enfonçant un crucifix dans le vagin allait devenir un des plus gros succès de l’histoire du cinéma ?
Nous sommes alors dans ces années 70 ou les nouveaux nababs on prit le pouvoir sur les studios. Friedkin fait partie de ces jeunes réalisateurs aux dents longues qui imposent avec intégrité leur style, à contre-courant des dictats du vieil Hollywood. C’est la fameuse génération du New Hollywood, celle de la liberté artistique, incroyablement créatrice et furieusement décomplexée, et il est certain que L’exorciste n’aurait jamais vu le jour en d’autres temps.
Difficile en effet d’imaginer quelques années plus tôt qu’une œuvre estampillée age d’or mette en scène une gamine hurlant à un prêtre « baise moi ! ». Même dans le cinéma actuel un « Ta mère suce des queues en enfer ! » a plus de chance de surgir d’un Scary Movie que des dialogues d’un film mainstream.
La scène d’ouverture dans le désert irakien, ou le père Merrin (Max Von Sydow) découvre la tête de statuette du démon Pazuzu, introduit l’intrigue avec cette esthétique naturaliste typique des productions New Hollywoodiennes. Car Friedkin exige pour L’exorciste, au grand dam de Blatty le scénariste et également auteur du roman éponyme, de conserver une photographie proche du documentaire.
Le chef opérateur Owen Roizman déjà aux manettes de French connection va accomplir le miracle ( !) tant espéré par le réalisateur avec des images délavées et ternes qui installent un réalisme cru. Des pertes de coloration pour montrer comment le mal prend le dessus en éteignant progressivement les « lumières de la vie », avec des prises de vue en plongée et contre plongée vers l’obscurité, les ténèbres. Magistral !
Pour décrire le calvaire de la possédée Friedkin va faire s’agiter un lit, avancer des meubles, claquer des portes, faire léviter la fille les bras en croix avec des stigmates qui apparaissent sur ses poignets et ses chevilles…des effets chocs qui fonctionnent et qui sont alors inédits. Mais il les utilise pour donner du volume à une composante huis clos naturellement étriquée dans cette chambre.
Car les vrais (gros) coups de frousse Friedkin les assènent avec la métamorphose de Regan, son visage comme ses attitudes montrant ce que l’on n’avait encore jamais vu. Sa gorge qui gonflent, ses yeux révulsés, sa langue démesurée, l’apparition des plaies, sa tête qui tourne a 180 °…Dick Smith, un des papes des FX à l’ancienne va donner à Regan cette apparence terrifiante du démon qui a pris sa place, mais sans faire disparaître les traits juvéniles de Linda Blair. L’empathie avec cette pauvre fille est alors totale et son calvaire devient (presque) le notre, accentuant cette sensation de malaise jusqu’à l’insoutenable. Sous son maquillage Linda Blair reste une « jeune fille » tout en incarnant une parfaite possédée.
Une tension paroxysmique qui va exploser dans le dernier acte lors de cet interminable et traumatisante scène de l’exorcisme. Un rite précédé par un des plans les plus mythiques du cinéma d’horreur : devant la maison, la silhouette du prêtre est dessiné par un halo de lumière provenant de la chambre de Regan. Une image qui continue de faire le tour du monde.
Suivi donc de cette demi-heure éprouvante pour nos nerfs, d’une incroyable intensité dramatique, pleine de fureur, de violence psychologique.
L’occasion de LA scène qui continue de me hanter (!) ou Karras (Jason Miller) découvre Merrin mort d’épuisement. Assise dans un coin du lit, Regan le visage démonisé les mains devant la bouche, masque un sourire coquin, dans l’attitude puérile d’un garnement content de sa « bêtise ». Diaboliquement effrayant !
Le père Karras en plein doute sur sa propre foi apporte cette distanciation nécessaire pour démontrer combien la frontière entre le bien et le mal est un fil ténu, alors la médecine et la psychiatrie ont déjà échoué.
Si l’on rajoute le score minimaliste qui n’étouffe jamais l’ambiance, ne fonctionnant jamais comme un « sur effet », on ne peut bien sur ne pas faire impasse sur un des thème les plus parfaitement identifiable du 7e art, le monumental Tubular Bells de Mike oldflied !
J’avais a peu prés 14 ans lorsqu’au début des années 80 j’ai vu ce film et comme beaucoup de personnes, j’ai vraiment flippé ! Plus de 40 ans plus tard je suis toujours fasciné par son audace et surtout par la manière dont Friedkin arrive a prendre le contrôle total de nos émotions. Car au final L’exorciste s’aborde comme une expérience et s’impose à ce titre comme la pierre philosophale du film d’épouvante.
Avertissement ! Toutes les infos qui vont suivre sont relayées par le site WIKIPEDIA:
FAIT DIVERS:
L'histoire de ce film se base sur des faits publiés dans l'édition du 20 aout 1949 du Washington Post. En effet, alors que William Peter Blatty n'est encore qu'étudiant, il tombe sur un article relatant un cas d'exorcisme sur un garçon de 14 ans en 1949 dans le Maryland. Il se met alors à écrire sur le sujet. Le livre se vend à 13 millions d'exemplaires seulement aux États-Unis.
RECOMPENSES:
1974 : Oscar du meilleur son pour Robert Knudson et Christopher Newman
1974 : Oscar du meilleur scénario adapté pour William Peter Blatty
1974 : Golden Globe du meilleur film dramatique
1974 : Golden Globe du meilleur réalisateur pour William Friedkin
1974 : Golden Globe du meilleur scénario pour William Peter Blatty
1974 : Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Linda Blair
ANECDOTES: Réticente à laisser une enfant proférer des injures aussi crues, la production décida de confier la voix du démon dont est possédée la petite Regan à l'actrice Mercedes McCambridge, alcoolique repentie. Pour ce doublage, elle s'est beaucoup investie moralement : elle s'est remise à boire et à fumer pour obtenir cette voix très grave. Afin de rentrer dans le personnage de Regan, elle a demandé à être attachée à une chaise. Elle s'est réellement torturée mentalement et physiquement.
Excellent ! Par contre je trouve le nouveau montage complètement raté et dénaturant complètement le film : http://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/01/23/20367070.html
RépondreSupprimeron est bien d'accord Leatherface avec son nouveau montage mercantile
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