mardi 30 octobre 2012

New-York 1997 / Escape from New-York

         
                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site deathbymovies.com

de John Carpenter. 1981. U.S.A. 1h39. Avec Kurt Russel, Lee Van Cleef, Donald Pleasance, Ernest Borgnine, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton, Adrienne Barbeau, Tom Atkins, Charles Cyphers, Jamie Lee Curtis.

Sortie salles France: 24 Juin 1981. U.S: 10 Juillet 1981

FILMOGRAPHIEJohn Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis).
1974 : Dark Star, 1976 : Assaut, 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog, 1981 : New York 1997, 1982 : The Thing, 1983 : Christine, 1984 : Starman, 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles, 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie, 1995 : Le Village des damnés, 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires, 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


Quintessence du cinéma d'anticipation des années 80 au succès commercial inespéré (25,2 millions de dollars de recettes rien qu'aux Etats-Unis pour un budget négocié à 6 millions de dollars !), New-York 1997 fait parti de ses réussites aléatoires que les français n'ont pas manqué de célébrer (1,27 millions d'entrées dans les salles !). Au total, le chef-d'oeuvre de Carpenter engrange à travers le monde plus de 50 millions de dollars de bénéfice. Aussi essentiel que le post-nuke Mad-Max 2 ou que l'oeuvre matricielle Terminator, New-York 1997 prend pourtant le contre-pied de ces blockbusters novateurs en privilégiant l'ambiance crépusculaire d'un New-York dévasté au lieu de surenchérir l'action explosive.  Car avec son budget modeste de série B, John Carpenter accomplit ici de véritables prouesses pour transcender la déliquescence urbaine d'une île de Manhattan livrée aux pires criminels des Etats-Unis. Avec peu de moyens, un tournage restreint de 3 mois et l'autorisation de filmer dans une cité urbaine préalablement incendiée (la ville de Saint-Louis), le réalisateur harmonise à merveille son ambiance chaotique par le biais d'un esthétisme azur particulièrement feutré. Ruelles désertes jonchées de débris et détritus, commerces dévastés, épave d'un avion accidenté, amphithéâtre abdiqué, palais transformé en arène de gladiateurs... Le climat anxiogène rendu palpable en interne de ce gigantesque pénitencier urbain est immédiatement immersif chez le spectateur transi de fascination, quand bien même un sentiment d'insécurité sous-jacent est perçu par quelques silhouettes humaines s'extirpant subitement des sous-sols au moindre bruit suspicieux. Des ethnies de barbares et de punks tributaires d'un leader sans vergogne sont voués à ne sortir que la nuit alors que des cannibales sanguinaires s'évacuent des bouches d'égout pour tenter d'appréhender le pèlerin égaré.


Au sein de ce chaos crépusculaire, un ancien vétéran marginal a pour mission de récupérer le président des Etats-Unis, ce dernier étant malencontreusement tombé entre les mains du duc de New-York, après que son avion s'écrasa sur un immeuble par la cause d'activistes. Afin de gagner une remise en liberté, le criminel Snake Plissken bénéficie de 24 heures pour retrouver le président en vie ainsi qu'une cassette audio impliquant une allocution politique majeure. En prime, et pour intensifier l'enjeu capital, une capsule explosive est injectée dans les artères de Plissken afin de le dissuader de s'exiler vers le Canada ! Ainsi, à travers ce canevas alléchant et captivant, John Carpenter transforme sa dystopie en bande dessinée flamboyante de par sa richesse formelle de décors urbains décharnés et du profil haut en couleurs de personnages tantôt fourbes, tantôt pugnaces. Si bien qu'au cheminement de cette mission jalonnée de rencontres délétères, Snake devra collaborer avec un chauffeur de taxi, un ancien comparse aujourd'hui transfuge ainsi qu'une catin pour tenter de récupérer le président. En intermittence, quelques péripéties explosives (traques haletantes à travers ruelles malfamées, courses-poursuites en voiture, confrontation d'un duo de gladiateurs sur ring) et un suspense progressif (un compte à rebours vers une mort certaine est décompté sur la montre de Plissken) viennent scander cette mission périlleuse. Outre la densité impartie à une galerie de protagonistes contestataires, Kurt Russel institue avec une naturel inné le nouvel archétype musclé de l'anti-héros futuriste. Dans celui d'un anarchiste borgne et égocentrique, Snake Plissken incarne l'icone pourfendeur d'une société despotique incapable de réprimer une criminalité en recrudescence. Alors qu'au cours de ces vicissitudes, John Carpenter n'hésitera pas à railler et brimer un président couard (perruque blonde à l'appui !) réduit à une grotesque caricature.


Soutenu de la musique envoûtante de Carpenter et d'Alan Howarth, New-York 1997 cristallise l'emblème de l'anticipation pessimiste par le biais du divertissement spectaculaire supra immersif. Ce post-nuke avant-gardiste énonçant par ailleurs avec quelques décennies d'avance un discours caustique sur l'ascension de la criminalité délinquante et l'intransigeance d'une présidence impérialiste. Dupliqué à toutes les sauces par nos voisins transalpins mais jamais égalé, New-York 1997 idéalise notamment rigueur et suggestion afin d'y transcender avec parcimonie une ambiance nocturne aussi ensorcelante qu'hallucinée. Et ça n'a pas pris une ride !

*Bruno
30.10.12
25.01.24. 7è

La Chronique de Los Angeles 2013http://brunomatei.blogspot.fr/2012/06/los-angeles-2013_19.html

                                         

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