jeudi 10 janvier 2013

QUELQUE PART DANS LE TEMPS (Somewhere in time). Antenne d'Or à Avoriaz, 1981

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site badmovieart.blogspot.com

de Jeannot Swarc. 1980. U.S.A. 1h43. Avec Christopher Reeves, Jane Seymour, Christopher Plummer, Teresa Wright, Bill Erwin, George Voskovec, William H. Macy.

Sortie salles France: 6 Mai 1981. U.S: 3 Octobre 1980

Récompense: Antenne d'Or à Avoriaz, 1981

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris.
1973: Columbo: adorable mais dangereuse. 1975: Les Insectes de Feu. 1978: Les Dents de la Mer 2.
1980: Quelque part dans le temps. 1983: Enigma. 1984: Supergirl. 1985: Santa Claus. 1987: Grand Larceny. 1988: Honor Bound. 1990: Passez une bonne nuit. 1991: La Montagne de Diamants. 1994: La Vengeance d'une blonde. 1996: Hercule et Sherlock. 1997: Les Soeurs Soleil


Réalisateur éclectique, Jeannot Szwarc s'entreprend en 1980 d'adapter un roman de Richard Mathson, Le jeune homme, la mort et le temps. Rebaptisé au cinéma Quelque part dans le temps, cette tragédie romantique au postulat d'anticipation (les voyages temporels) demeure la plus brillante réussite de son auteur, justement récompensée de l'Antenne d'Or à Avoriaz. Au cours d'une réception, un écrivain de théâtre reçoit la visite d'une septuagénaire lui conjurant de lui revenir. Déconcerté par cette déclaration ainsi que l'offrande d'une montre antique, Richard Collier continue son existence solitaire dans le cadre passionnel de sa profession. Huit ans plus tard, alors qu'il loue la chambre d'un hôtel, il aperçoit sur le mur du hall le cadre d'une célèbre actrice photographiée en 1912. Irrésistiblement attiré, il semble reconnaître la vieille dame qu'il eut entrevue dans les coulisses de sa première représentation. Avec l'aide d'un professeur utopique, il va tenter de remonter le temps pour retrouver l'amour de sa vie.



A partir d'un canevas délirant axé sur les voyages temporels, le cinéaste français Jeannot Swarc s'improvise en conteur romantique sous l'entremise du notoire Richard Matheson. Ainsi, parmi la complicité talentueuse du couple candide Christopher Reeves / Jane Seymour, Quelque part dans le temps nous illustre leur romance éperdue avec une grâce particulièrement prude. Car retranscrit modestement à travers une reconstitution champêtre de l'époque des années 1910, cette bouleversante histoire d'amour utilise l'argument fantaisiste du voyage dans le temps afin d'unifier un couple infortuné, destiné à se retrouver dans une époque antérieure. Or, sans esbroufe, la méthode originale à laquelle le héros décide de remonter le temps est suggérée par le pouvoir de persuasion. A savoir l'autosuggestion par hypnose cérébrale ! Ainsi donc, cette astuce singulière réussit avec parcimonie à nous convaincre qu'un homme obstiné, irrésistiblement attiré par la volupté d'une inconnue, puisse accomplir l'inconcevable de par la seule force de son psyché ! Néanmoins, on est aussi en droit d'imaginer que tout ceci ne fut que l'hallucination contrariée d'un écrivain esseulé perdant peu à peu pied avec sa propre réalité !


D'un romantisme ardent et d'une sensibilité suave, Jeannot Swarc confectionne quelques instants d'émotion plein de poésie, non exempt d'humour pittoresque (Elise déclarant sa flamme en pleine représentation théâtrale face à un public hébété, la complicité amicale entretenue entre le petit Arthur - futur majordome de l'hôtel - et Richard). Outre la densité de son histoire passionnelle compromise par l'hostilité d'un maître chanteur, Quelque part dans le temps captive son spectateur grâce à la conviction d'interprètes habités par leur rôle ! En Dom Juan anachronique en émoi, affublé d'un costume rétrograde, Christopher Reeve incarne son personnage avec une pudeur innocente afin de conquérir sa future dulcinée. En comédienne de théâtre à l'orée d'une notoriété, Jane Seymour impose une présence gracile de par son élégance épurée et canalise au possible ses nobles sentiments pour sa rencontre avec un inconnu infaillible. A eux deux, ils forment sans mièvrerie un couple harmonieux vampirisé par la passion des sentiments. Quand au final proprement bouleversant (pour ne pas dire déchirant pour les + sensibles !), il saborde sa romance édénique lors d'un revirement inopiné. L'effet de surprise imposé de manière tranchée ébranle le spectateur démuni de tant d'amertume. Qui plus est, l'épilogue tout aussi tragique perdure dans l'affliction avant de nous émerveiller lors d'une ultime séquence à la fantasmagorie insondable.


D'une beauté puritaine à travers son classicisme imposé et d'une émotion bicéphale pour l'issue accordée à cette brèche temporelle, Quelque part dans le temps est un poème virginal sur la passion des coeurs et la perte de l'être cher. Soutenu de la symphonie pudibonde de John Barry, ce chef-d'oeuvre de lyrisme cisèle le portrait d'amants maudits destinés à perdurer au delà des frontières funestes.

10.01.13. 3èx
Bruno Matéï


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