mardi 20 septembre 2011

THE THING


de John Carpenter. 1982. U.S.A. 1h49. Avec Kurt Russel, Wilford Brimley, David Clennon, Keith David, T.K Carter, Richard A. Dysart.

Sortie en salles en France le 3 Novembre 1982. U.S: 25 Juin 1982

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward

                                       

Un an après le crépusculaire New York 1997, John Carpenter enrôle à nouveau son acteur fétiche, Kurt Russell, pour orchestrer un remake de La Chose d’un autre monde. Le terme "remake" paraît presque galvaudé tant cette version réactualisée s’avère être la plus fidèle au court récit originel de John W. Campbell (Who Goes There ?). Échec public lors de sa sortie discrète en 1982, The Thing s’est taillé, au fil des décennies, une réputation de chef-d’œuvre du fantastique moderne, à l’égal des Alien, Shining ou Carrie. Œuvre avant-gardiste (son bide commercial en dit long !), elle amorce la trilogie de l’Apocalypse, dont Prince des Ténèbres et L’Antre de la Folie seront les futurs héritiers.

Le Pitch: Antarctique, 1982. Dans une station de recherche habitée par des scientifiques américains, un chien de traîneau surgit, traqué par des Norvégiens hystériques. Après une confrontation mortelle entre les deux équipes, deux membres du camp US explorent la base ennemie abandonnée. Ils y découvrent un cadavre gelé, qu’ils ramènent pour autopsie. Pendant ce temps, le chien, enfermé parmi d’autres bêtes, laisse bientôt échapper une créature informe, qui prend possession des autres corps vivants.

                                  

Sommet de terreur aussi palpable que souterraine, The Thing est un huis clos implacable où un groupe de scientifiques épuisés s’échine à découvrir lequel d’entre eux est désormais l’hôte d’une entité extraterrestre. Dès le préambule — ces vastes étendues enneigées transpercées par des coups de feu venus du néant —, l’inquiétude s’infiltre, rampante, presque organique. Carpenter distille à la goutte un malaise lancinant, nourri de visions de cadavres gelés, tordus par la peur ou la mutation. Le thème d'Ennio Morricone, grave et minimal, accompagne cette montée de tension d’une noirceur suffocante.

La première agression, surgie du corps du chien, sidère. Et ce qui foudroie littéralement le spectateur, c’est l’excellence absolue des effets spéciaux signés Rob Bottin. Pas d’esbroufe ni de carnaval sanglant : ces scènes de métamorphoses, d’une intensité quasi insoutenable, sont tournées en temps réel, avec des trucages mécaniques d’un réalisme stupéfiant. Du jamais vu à l’époque.


D’autres événements achèvent de plonger le groupe dans une descente aux enfers psychotique, où paranoïa, délire de persécution et peur de disparaître rongent les esprits confinés dans ce sanctuaire glacé. La question taraude, viscérale : qui est encore humain ? Qui va être contaminé ? Un test sanguin est mis en place pour trancher. Ce moment fatidique, sous l’œil clinique de Carpenter, devient un sommet de tension à la limite du supportable. Les effets spéciaux, une fois encore, rivalisent d’ingéniosité, mais ne cèdent jamais au grotesque : la créature, changeante et protéiforme, demeure insaisissable, terrifiante dans sa logique organique implacable.

Tous les comédiens, d’une sobriété glaçante, distillent un doute constant. Kurt Russell mène la danse, non comme un héros viril mais comme un survivant hanté, rongé par la culpabilité d’avoir causé la mort d’un des siens. Barbe hirsute, parka givrée, il avance, porté par une angoisse sèche, un flegme de justesse paranoïde, jusqu’à l’ultime confrontation.


Ne faites confiance à personne !
Jeu de massacre viscéral, épreuve de survie insolente infligée à une poignée d’êtres perdus, The Thing érige la paranoïa en art majeur. Ce sommet d’angoisse glaciaire ausculte l’homme, confronté à son pire ennemi : lui-même. Pour parachever cette œuvre de cauchemar, les FX visionnaires de Rob Bottin entrent à jamais dans la légende : visions cauchemardesques, tangibles, hallucinées — le cinéma n’a plus jamais été tout à fait le même après ça.

* Bruno

P.S: Toute personne avide de redécouvrir ce monument se doit de posséder la magnifique édition Blu-ray sortie il y a quelques années chez Universal ! L'image immaculée s'avérant proprement fastueuse ! Une expérience viscérale qui laisse pantois et qui permet de savourer le film comme au premier visionnage !

20.09.11.    4

                                    

6 commentaires:

  1. Oh la , il y a du lourd ce soir ..

    Je prie pour que ce soit une version Blu-ray remasterisée digne de ce monument .

    Tiens bon, de plus c'est Carpenter, cela devrait couler de source pour toi.
    ET un p'ti mot Gentil pour l'ambiance sonore....LOL

    Vive l'animatronic dans toute sa splendeur.

    RépondreSupprimer
  2. @lirandel
    Il me semble que le blu-ray existant est déjà excellent : http://www.ecranlarge.com/dvd_review-list-6286.php

    Sinon The Thing est l'exemple même (très rare) qu'un remake peut surpasser son modèle et devenir culte !

    RépondreSupprimer
  3. Tout à fait d'accord , J'avais matté l'original avec mon fils et nous avions passés certaines scènes au ralenti en étant à trois Bars de pression de rire.

    Le blu-ray existe ( époustoufflant) je le savais et je bave pour me le procurer.

    c'est par rapport à la raie bleue que j'éspère que la critique se basera.

    RépondreSupprimer
  4. S'il y a un film à retenir dans l'histoire du cinéma d'horreur, c'est bien celui-ci !!!
    Carpenter touche au nirvana...
    Des défauts je n'en vois aucun, comme dirait un certain Yoda !!!

    RépondreSupprimer
  5. Que dire de plus sinon que le remake est un chef d'oeuvre absolu et fait oublier illico l'original au demeurant correct de Christian Nyby !

    RépondreSupprimer