dimanche 27 février 2011

Rosemary's Baby

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Roman Polanski. 1968. U.S.A. 2h17. Avec Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans, Ralph Bellamy, Elisha Cook Jr., Patsy Kelly, Charles Grodin.

Sortie en salles: États-Unis : 12 juin 1968

FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer
2011 : Le Dieu du carnage.


Gestation:
Fasciné par le roman éponyme d'Ira Levin paru en 1967, William Castle achète les droits du livre pour tenter de le réaliser lui même. Mais la Paramount ne l'entend pas de cette oreille, faute de sa réputation d'aimable faiseur de frissons du samedi soir. Elle lui demande alors de produire le film puis de recruter un réalisateur chevronné. Le choix s'oriente vers Roman Polanski qui accepte la proposition à la seule condition que le scénario reste le plus fidèle possible au roman de Levin. Enorme succès lors de sa sortie, Rosemary's Baby devient dès lors le fer de lance du fantastique contemporain où s'y conjuguent démonologie, sorcellerie et satanisme si bien que l'Exorciste, La Malédiction et Suspiria adopteront la relève avec dignité.


De façon circonspecte, Roman Polanski nous illustre l'introspection d'une jeune épouse éprise de maternité mais sombrant lentement dans la paranoïa (voir peut-être la démence !). Modèle de suggestion, Rosemary's Baby tente de nous faire croire à la véracité d'évènements occultes jusqu'au dénouement révélateur, sommet d'effroi d'un nihilisme radical auquel nombre de spectateurs ont cru apercevoir le fameux bébé à queue fourchue ! La force implacable du récit émanant de sa subtilité à mettre en exergue le profil torturé de son héroïne. Une gageure que l'actrice longiligne Mia Farrow relève haut la main puisque le spectateur s'identifiant avec empathie durant son cheminement ésotérique influencé par des antagonistes mesquins. On peut sur ce point iconique souligner le jeu inquiétant de Ruth Gordon (meilleure actrice de second rôle aux Oscars !) endossant avec magnétisme une matriarche aussi sournoise qu'irritante de par sa désinvolture à diriger sa vie conjugale et maternelle ! Jeu de dupe et de manipulation, Roman Polanski triture nos nerfs et nos émotions à jouer avec la paranoïa d'une jeune femme sujette aux malaises corporels (douleurs abdominales, maux de crane, perte de poids) mais potentiellement engendrés par une confrérie sataniste !


Durant 2h15, nous nous identifions à son désarroi avec une trouble perplexité car ne sachant jamais si les incidents décrits sont le fruit de son imagination (à l'instar du sort réservé à cet acteur devenu aveugle favorisant ainsi son mari à s'approprier son poste professionnel, ou encore du décès inexpliqué d'un proche ami comateux !) où s'ils émanent de stratégies délétères complotées par une société démoniaque (tel ce suicide par défenestration suggéré en prologue !). Sans effet grand guignolesque, la narration distille un climat d'angoisse sous-jacent où les personnages patibulaires (le médecin de Rosemary !) n'ont de cesse d'attiser la suspicion à travers leur attitude obséquieuse faussement affable. En priorité, l'omniprésence du couple de retraités s'immisçant effrontément dans l'intimité du couple avec générosité (ils offrent à Rosemary un pendentif à racine de Tanis et cuisinent mousse au chocolat et infusion de lait au goût frelaté, sans compter l'ouvrage de sorcellerie reçu par courrier !). Des offrandes finissant par irriter le couple quand bien même Rosemary est hantée de cauchemars nocturnes où rituels et viol sont pratiqués non seulement par son entourage mais aussi par son propre époux. Spoil !!! Ce dernier profitera d'ailleurs d'un instant d'étourdissement pour lui faire l'amour sans son consentement afin de l'engrosser. Une preuve supplémentaire pour la jeune Rosemary de ne compter que sur son indépendance car suspectant pour le coup la culpabilité de son propre amant. Fin du spoil.


It's Alive !
Drame psychologique déroutant et hypnotique au service d'une épouvante éthérée, Rosemary's Baby doit son exceptionnelle pouvoir de fascination par le biais d'une mise en scène studieuse retardant au maximum toute imagerie horrifique. Si bien que l'angoisse oppressante qui imprègne le récit découle d'une diabolique conjuration qu'une épouse en maternité tente désespérément de déjouer. A moins que tout ceci n'était qu'un leurre (métaphorique), le bouleversement émotif de celle-ci trop fragile réfutant inconsciemment sa maternité par crainte viscérale de la procréation ! 

* Bruno
26.07.22. 4-èx. vf

Récompenses: Meilleure actrice dans un second rôle pour Ruth Gordon aux Oscars,1969
Fotogramas de Plata de la Meilleure performance étrangère (Mia Farrow) en 1970
Critics Award du Meilleur film étranger en 1970
Golden Globe de la Meilleure actrice de second rôle (Ruth Gordon) en 1969


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