jeudi 27 octobre 2011

La Nuit des Masques / Halloween. Grand Prix de la Critique à Avoriaz 1979.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

"Halloween" de John Carpenter. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Donald Pleasance, Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes, P.J. Soles, Charles Cyphers, Kyle Richards, Brian Andrews, John Michael Graham, Nancy Stephens, Arthur Malet.

Sortie salles France le 14 Mars 1979 (Int - 18 ans). U.S: 25 Octobre 1978.

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


Après ses 1ers essais Dark Star (74) et Assaut (76), le jeune réalisateur John Carpenter est postulé par les producteurs indépendants Irwin Yablans et Moustapha Akkad pour travailler un scénario basé sur un psychopathe s'en prenant aux babysitters d'une bourgade des Etats-Unis. D'abord intitulé The Babysitter Murders, John Carpenter et sa petite amie de l'époque, Debra Hill, confectionnent leur script mais décident d'en modifier le titre pour le rapprocher à la fête d'Halloween, période de la toussaint où se déroule l'action du film. Avec un faible budget de 325 000 dollars et un tournage de 21 jours débuté au printemps 1978 sous le soleil de Californie, Halloween remporte un joli succès au box-office par simple effet de bouche à oreille. Même si les critiques de l'époque ne sont pas tendres avec ce petit métrage horrifique d'un metteur en scène méconnu, Halloween engendre finalement plus de 176 000 000 dollars (dont 47 000 000 rien qu'aux Etats-Unis) à travers le monde. Il devient alors le film indépendant le plus rentable de l'histoire du cinéma. En France, le film totalise au box-office le maigre score de 283 934 entrées. C'est au fil des années que ce chef-d'oeuvre indétrônable va gagner sa célèbre notoriété de classique immuable. Haddonfield, Illinois, 1963. Durant une nuit d'Halloween et pendant l'absence de ses parents, le jeune Michael Myers assassine sa soeur Judith. Quelques heures plus tard, les parents rentrés d'une soirée festive aperçoivent au seuil de la maison leur fils affublé d'un déguisement et d'un couteau de cuisine ensanglanté. 15 ans plus tard, un autre soir d'Halloween, le tueur juvénile emprisonné dans un asile psychiatrique parvient à s'évader pour rejoindre sa ville et accomplir de nouveaux méfaits. Le Dr Loomis, obsédé à l'idée de le capturer, se rend sur les lieux mêmes du sinistre évènement commis à Haddonfield. Pendant ce temps, de jeunes babysitters préparent les festivités d'Halloween. 
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En 1978, à l'orée d'une carrière notoire, le jeune John Carpenter (alors âgé de 30 ans) révolutionne le cinéma d'horreur moderne et va littéralement transcender le genre codifié du slasher entamé 4 ans au préalable avec Black Christmas de Bob Clark. Avec peu de moyens, un maigre script et la présence de comédiens inconnus (en dehors de Donald Pleasance), le metteur en scène s'implique de façon méthodique à suggérer la présence fantomatique d'un tueur accoutré d'un masque et jouant à cache-cache avec des babysitters pour distiller la peur. De cette trame linéaire, Halloween puise sa puissance émotionnelle et son angoisse anxiogène par la genèse d'une ambiance ombrageuse au pouvoir hypnotique. La musique entêtante, quasi omniprésente, s'imprégnant considérablement de son univers nocturne auquel Michael Myers est devenu le maître des lieux. Sa silhouette spectrale à peine dévoilée, son ombre maléfique effleurant les murs, la raideur de sa posture inquiétante planent dans chaque recoin des pavillons environnants. Une présence hostile sous-jacente pouvant s'éclipser à n'importe quelle pièce de notre foyer sécurisant. Avec le décor paisible d'une bourgade des Etats-Unis épargnée de parents, John Carpenter façonne un climat anxiogène autour de trois jeunes babysitters fricotant avec leur petit ami de passage. Seule, la ravissante Laurie, demi-soeur adoptée par la famille Strode, occupe son célibat et son ennui auprès de la garde de deux bambins fascinés par la fête d'Halloween. A ce sujet, cette fameuse fête religieuse celte originaire des îles Britanniques va également participer au caractère mystique mais aussi caustique (par l'omniprésence emblématique de citrouilles confectionnées par les bambins) de l'entité diabolique. Un croque-mitaine redouté enfoui dans nos peurs enfantines, une entité maléfique symbolisée par Michael Myers, fantôme impassible au regard neutre, à la posture rigide et machinale.


En l'occurrence, l'ambition horrifique de John Carpenter n'est pas de nous foutre la trouille avec nombre d'effets sanguinolents que Vendredi 13 et consorts iront complaisamment exploiter deux ans plus tard. A contrario, pas une once d'hémoglobine à l'horizon, pas d'effets de sursaut de polichinelle mais une subtile mise en attente de la peur, un suspense diffus afin de mieux décupler une angoisse tangible, suintante dans l'atmosphère. C'est à dire jouer lestement avec les nerfs du spectateur en retardant au maximum l'effet meurtrier si redouté. Et quand la mort sans visage frappe, elle se révèle brusquement inopinée, brutale et sans fioriture. Niveau distribution, l'intelligence de Carpenter est aussi d'avoir su exploiter de jeunes actrices au comportement raisonné et logique, jamais puériles donc afin d'exacerber chaque situation de danger. Quand bien même la novice Jamie Lee Curtis  immortalise son rôle de babysitter tourmentée et traquée avec un naturel frugale dans l'art d'exprimer ses angoisses terrifiées. Enfin, le jeu paranoïaque de Donald Pleasance fait à chaque fois illusion dans celui du docteur anachronique fouinant le quartier tel un détective malhabile.


The Babysitter Murders
Voilà ce que symbolise à mon sens l'horreur moderne d'Halloween, chef-d'oeuvre du psycho-killer éludé d'esbroufe car entièrement façonné pour jouer avec nos peurs infantiles (le fantôme imperceptible tapi dans l'ombre de n'importe quel recoin !) et utilisant l'effet de suggestion pour mieux contrecarrer son maigre budget. La puissance de la mise en scène géométrique, son tempo musical métronomique et sa grande efficacité auront réussi à immortaliser l'emblème du boogeyman, Michael Myers.

*Bruno
Dédicace à Gérald Giacomini.
14.10.22
27.10.11


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