mercredi 21 septembre 2016

STARRY EYES

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Kolsch et Dennis Widmyer. 2014. U.S.A. 1h38. Avec Alex Essoe, Amanda Fuller, Noah Segan, Fabianne Therese, Shane Coffey, Natalie Castillo.

Inédit en salles en France. Sortie U.S: 14 Novembre 2014.

FILMOGRAPHIE: Kevin Kolsch et Dennis Widmyer sont des réalisateurs, producteurs et scénaristes américains.
2016: Holidays (segment "Valentine's Day"). 2014: Starry Eyes. 2009: Absence. 2003: Postcards from the Future: The Chuck Palahniuk Documentary (Documentaire).


Inédit en salles en France et sous support numérique, Starry Eyes porte la signature de deux réalisateurs néophytes si bien qu'il s'agit de leur second long-métrage si j'occulte leur documentaire (Postcards from the Future: The Chuck Palahniuk Documentary). Jeune serveuse de fast-food en intermittence, Sarah rêve d'accéder à la consécration en postulant pour un rôle majeur de film d'horreur. Mais sa rencontre avec un éminent producteur va l'influencer à arpenter un voyage au bout de l'enfer. Alors que The Neon Demon de Nicolas Winding Refn fut accueilli en grande pompe à la montée des marches de Cannes et qu'une majorité du public et de la critique l'encensèrent, Starry Eyes sort dans l'indifférence générale comme en témoigne notamment sa discrète sortie en salles ricaines. Car prenant pour thèmes similaires l'élitisme et le culte de la célébrité qu'une jeune comédienne en herbe tente d'accéder avec constance désespérée, Starry Eyes épouse la carte d'une horreur psychologique hérité du cinéma de Lynch et de Polanski.


Tant par sa mise en scène expérimentale s'efforçant de distiller un malaise lestement palpable chez le portrait d'une héroïne en mal d'amour et de reconnaissance que de ses décors opaques provocant un sentiment d'insécurité éthéré lorsque Sarah auditionne face au témoignage présomptueux de deux jury. Par le biais de son cheminement psychologique endurant et contradictoire à céder ou à refuser le chantage d'un producteur lubrique, Starry Eyes constitue une charge virulente contre l'industrie prolifique du 7è art quand bien même nos deux auteurs n'hésitent pas à y dénoncer leurs méthodes immorales à repousser les limites de la bienséance lorsqu'une jeune actrice est forcée de se mettre à nu devant une caméra voyeuriste. Jusqu'où peut-on exploiter son éventuel talent au risque de provoquer chez le sujet une dégénérescence morale en perte identitaire ? Métaphorique quant au vampirisme de ces producteurs dénués d'humanité, Starry Eyes emprunte le genre fantastique pour mieux nous ébranler et semer la confusion chez l'esprit névrosé d'une actrice en perte de repères. Le spectateur étant témoin de ces agissements et réflexions personnelles avec une attention si scrupuleuse que l'on s'identifie viscéralement à sa déchéance immorale ! Ce qui nous converge à un dernier acte littéralement cauchemardesque si bien que le réalisme d'un gore crapuleux nous imposera des exactions à la limite du soutenable ! On peut d'ailleurs reprocher la facilité à laquelle les réalisateurs font preuve pour clôturer leur intrigue hermétique alors que l'impact émotionnel de ses séquences horrifiques escarpées nous dérangent par le refus du hors-champ !


"Le comédien est une personne atteinte de schizophrénie (in)contrôlée."
Bad trip expérimental jusqu'au-boutiste dans sa vision terrifiante d'une industrie hollywoodienne pactisant avec le mythe de Faust, Starry Eyes met à mal les sens du spectateur partagé entre l'effroi et l'empathie d'une victime soumise par le Mal. Pour parachever, on peut saluer le talent et la beauté virginale d'Alex Essoe se livrant (et se transformant) corps et âme face caméra avec une acuité viscérale. 

Dédicace à George Abitbol
B-M

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