jeudi 14 juin 2012

HELEN

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr
de Sandra Nettelbeck. 2009. U.S.A. 1h40. Avec Ashley Judd, Goran Visnjic, Lauren Lee Smith, Alexia Fast, Alberta Watson, David Nykl, David Hewlett, Ali Liebert.

Sortie salles France: 30 Juillet 2010. U.S: 2009

FILMOGRAPHIE: Sandra Nettelbeck est une scénariste, réalisatrice, monteuse et actrice allemande, née le 4 avril 1966 à Hambourg (Allemagne).
1994: A Certain Grace
1995: Unbestandig und Kul (télé-film)
1998: Mammamia (télé-film)
2001: Chère Martha
2004: Sergeant Pepper
2009: Helen


Helen est une professeur de musique menant une existence paisible avec son mari David et sa fille Julie. Un jour, elle rechute dans une grave dépression qui la contraint de se faire hospitaliser. Sa famille tente malgré tout d'apporter soutien et amour pour essayer de la sortir de son mutisme nihiliste.  
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Portrait chétif d'une femme dépressive sous l'oeil contemplatif d'une réalisatrice vouée à la pudeur, réfractaire au pathos ou au racolage lacrymal. Epaulé par l'interprétation bouleversante de Ashley Judd et d'une poignée de comédiens persuasifs, Helen est une dérive élégiaque sur une pathologie neurotique, la dépression.
Réalisé avec délicatesse pour aborder prudemment un sujet aussi grave, ce drame austère nous entraîne vers une poignante dérive déshumanisée d'une femme livrée à ses propres tourments sans que la cellule familiale ne puisse la prémunir. Professeur de musique studieuse mariée à un brillant avocat mais divorcée d'un ancien mari avec qui elle eut sa fille Julie, helen est une femme fragile aux antécédents déjà suicidaires. Incapable de pouvoir surmonter la tare toujours plus rude de sa maladie, elle est contrainte de se faire interner en institut spécialisé. Alors que le mari contrarié et sa fille vulnérable tentent vainement de la ramener à la raison, Helen trouve refuge vers l'amitié d'une de ses élèves de cours, Mathilda, réciproquement atteinte de la même affliction. Isolées du monde, livrées à elles-mêmes et cloîtrées dans un appartement ténu, elles tentent avec toute leur complexité psychologique de sortir d'une existence cafardeuse noyée d'aigreur.


Le film, rigoureux par son climat démoralisant en chute libre, décrit avec beaucoup de vérité humaine la terrible difficulté intrinsèque qu'une personne accablée doit transcender pour s'extirper d'un fardeau inexorable. Ce sentiment de tristesse jusqu'au-boutiste, cette incapacité psychologique pour le sujet mis à épreuve à pouvoir s'extraire de sa dépression psychiatrique sont retranscrits avec une acuité émotionnelle à fleur de peau. D'autant plus que le cocon familial, démuni et désuni par l'incompréhension se morfond finalement dans une fatale solitude, faute de pouvoir privilégier une convalescence par la rédemption amoureuse.
La réalisatrice dresse également en second lieu la désillusion bouleversée d'une amitié candide entre deux femmes atteintes du même mal. Leur combat commun confiné dans la solitude miséreuse d'un appartement oppressant nous place dans une situation anxiogène davantage fébrile pour leur destin à venir. Si Helen semble revenir à la raison après l'opération d'une séance d'ECT (un traitement thérapeutique d'électro-choc), son amie Mathilda est rongée par la culpabilité d'un évènement traumatique fortuit et d'une solitude toujours plus opprimante. Leur dignité amicale et l'extrême fragilité qui émane de leur moralité malmenée nous plonge tête baissée dans un désarroi toujours plus implacable avant son épilogue en demi-teinte.


Noyé de morosité et de nonchalance, Helen est le témoignage douloureux de deux femmes dépressives injustement destituées de l'aubaine existentielle. Mis en scène avec une sensibilité contractée pour illustrer la caractère trouble de la neurasthénie, cette introspection de la solitude est transcendée par l'interprétation sensitive d'une Ashley Judd transie d'affliction. On sort du film la boule au ventre par tant de tiraillement infligé aux malades ébranlés, même si la guérison est toujours une lueur d'espoir pour ceux qui ont encore l'endurance de persévérer. 
Dépressifs, s'abstenir !
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14.06.12
Bruno Matéï
                               

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