mardi 5 juin 2012

Autopsie d'un crime (The Burning Bed)

                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site bambootrading.com

Télé-film de Robert Greenwald. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Farrah Fawcett, Paul Le Mat, Richard masur, Grace Zabriskie, Penelope Milford, Christa Denton, James T. Callahan, Gary Grubbs, David Friedman.
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FILMOGRAPHIE: Robert Greenwald est un réalisateur et producteur de cinéma et de télévision, né le 28 Août 1945 à New-York. 1977: Sharon: Portrait of a mistress. 1978: Katie: portrait of a centerfold. 1979: Flatbed Annie and Sweetiepie: Lady Truckers. 1980: Xanadu. 1982: In the Custody of Strangers. 1984: Autopsie d'un Crime. 1986: Shattered Spirits. 1987: On Fire. 1988: Sweet Hearts Dance. L'amour a 4 temps. 1990: Forgotten Prisoners. 1993: Hear no Evil. 1995: Les Tourments du Destin. 1997: Breaking Up. 1999: The Living Winess. 2000: Steal This Movie.


Succès télévisuel public et critique lors de sa diffusion dans les années 80, Autopsie d'un crime ébranla nombre de spectateurs émus de l'étonnante prestance de Farrah Fawcett en victime asservie par un mari tyrannique. Et ce à travers un réalisme brutal peu courant dans la paysage télévisuel si bien que son intensité dramatique demeure davantage éprouvante sous l'impulsion de l'actrice au sommet de sa carrière. Lardé de récompenses dans divers festivals, ce télé-film aujourd'hui oublié reste un témoignage fort et bouleversant sur le traitement des femmes battues tributaires d'une impériosité machiste dénuée de morale. Le PitchLe 9 mars 1977, Francine Hughes quitte son foyer conjugal avec ses trois enfants après avoir incendié sa demeure alors que son mari s'y trouvait à l'intérieur. Appréhendée par la police, elle est assignée au tribunal pour meurtre avec préméditation. Devant son avocat et le jury, elle explique son calvaire interminable au cours duquel son mari alcoolique lui fit subir un véritable enfer plusieurs années durant. De par la prestance docile de la charmante Farrah Fawcett et de son thème racoleur ciblant prioritairement les ménagères de - de 50 ans, on était en droit de craindre le pire. Pourtant, cette oeuvre de fiction spécialement conçue pour la TV surprend beaucoup de par l'intégrité d'une mise en scène allouée à la cause des femmes battues, mais aussi à la prestance d'une illustre actrice de série TV, ici dans un tout premier rôle dramatique. Et en dépit de sa facture télévisuelle et de certaines facilités requises (le procès judiciaire est un peu trop raccourci), Autopsie d'un crime évite admirablement la facilité du voyeurisme et de la complaisance.


Par conséquent, lors d'une chronologie déclinante, Robert Greenwald nous dépeint ici le fait divers d'une femme abusée et violentée par son mari alcoolique. Comment peut-on en arriver à commettre l'irréparable lorsque l'existence conjugale d'une femme soumise est vouée à la terreur de trépasser sous les coups de l'époux aviné ? Alors que Francine est derrière les barreaux d'une geôle pour avoir provoquer la mort de son conjoint, nous allons suivre par l'entremise du témoignage de son avocat, les vicissitudes de son passé martyr. Et ce de sa première idylle avec son amant (insidieux) jusqu'à la tragédie imposée en désespoir de cause. Tandis que le tribunal tentera de défricher si le meurtre était prémédité ou s'il s'agissait d'une légitime défense ! Transcendé de la bouleversante prestance de Farrah Fawcett en victime démunie au visage tuméfié, Autopsie d'un crime souhaite mettre en lumière les failles du système judiciaire lorsqu'une femme battue tente désespérément d'envoyer devant un tribunal son mari pour tentative de meurtre. Sans esbroufe, le récit implacable nous décrit le quotidien d'une femme affable et fidèle, loyalement amoureuse de son conjoint et de ses trois chérubins. Quand bien même au fil des ans, son existence épanouie va vite se transformer en véritable enfer par la cause d'un époux déséquilibré d'une accoutumance à l'alcool. Après avoir rompu avec courage les liens du mariage civil, Francine Hughes est contrainte de subir les menaces consécutives d'un machiste mégalo délibéré à récupérer ses enfants par intimidation et par la même occasion reconquérir sa conjointe.


Son instinct maternel de daigner choyer ses enfants auprès d'elle convaincra finalement Francine à renouer avec son ex-époux, au péril de sa vie.  Avec un réalisme d'une brutalité parfois rigide (certaines scènes d'humiliation ou de maltraitance sont d'une dureté impitoyable), le film met en exergue  l'impuissance d'une femme battue réduite à combattre seule l'autorité orgueilleuse d'un alcoolique incurable. Le récit rigoureux démontrant à quel point une femme terrorisée, mais néanmoins vaillante d'avoir osé braver le pacte du mariage, puisse difficilement fuir un homme voué à la supplicier. Alors qu'en désespoir de cause, la victime se résout à perpétrer l'irréparable, car n'ayant trouvé aucun appui du côté de la police ou des pouvoirs publics. Si Autopsie d'un crime émeut et bouleverse lors de sa progression dramatique (des aveux cruciaux de la victime à sa délibération au procès), il le doit à l'interprétation déchirante de Farrah Fawcett (j'insiste !). En femme chétive armée de patience et de résilience, son parcours interminable de femme molestée nous provoque une vibrante empathie. L'actrice digne de conviction évitant admirablement l'écueil du pathos auquel son personnage aurait pu facilement se morfondre. Son regard accablé d'amertume morale et son physique strié par les coups laissant transparaître un jeu dépouillé, renforcé d'humilité fragile.


En dépit de son aspect télévisuel, Autopsie d'un Crime tire son épingle du jeu pour livrer un témoignage fort et éloquent sur la détresse des femmes battues, démunies de ne pouvoir convaincre l'autorité de l'état. Passé son épilogue salvateur, nous préservons pourtant en mémoire le calvaire sordide d'une femme traumatisée d'une idylle véreuse. Solitude, isolement, perte de confiance en soi, honte, Autopsie d'un crime démontrant que les femmes violentées se retrouvent souvent dans une posture de repli, de doute et de souffrance, au péril de leur vie...
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A Farrah...
Un grand merci à film dvd vhs v3

* Bruno05.06.12

Récompenses: Emmy Award 1985 du Meilleur Réalisateur Robert Greenwald, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur Acteur pour Richard Masur, Meilleur scénario pour Rose Leiman Goldemberg.
Golden Globe 1985, Meilleur Acteur pour Paul Le Mat, Meilleure Actrice pour Farrah Fawcett, Meilleur télé-film.


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