lundi 5 décembre 2011

MOTHER'S DAY

           

de Darren Lynn Bousman. 2010. U.S.A. 1h52. Avec Deborah Ann Woll, Shawn Ashmore, Lisa Marcos, Patrick John Flueger, Frank Grillo, Jaime King, Tony Nappo, Rebecca De Mornay, Warren Kole, Matt O'Leary.

Sortie en salles en France : prochainement.  U.S: non daté

FILMOGRAPHIE: Darren Lynn Bousman est un réalisateur et scénariste américain, né le 11 Janvier 1979 à Overland Park, dans le Kansas. 2005: Saw 2. 2006: Repo ! The Genetic Opera. 2006: Saw 3. 2007: Saw 4. 2011: Mother's Day


En 1980, la firme Troma nous offra l'un de ses fleurons les plus jouissifs et représentatifs avec le sardonique Mother's Day. Une farce cynique imbibée d'humour noir d'après les exactions meurtrières d'un duo de frangins influencés par leur maman dérangée. Trente ans plus tard, Darren Lynn Bousman s'écarte de l'esprit décalé et cartoonesque de son précurseur pour nous livrer un faux remake (il ne reprend que la filiation meurtrière des psychopathes) beaucoup plus prononcé dans l'irascibilité d'une ultra violence parfois insupportable. Un couple organise une fête amicale dans le nouveau foyer qu'ils viennent d'acquérir. Le soir même de la party, trois frères armés font brutalement irruption dans la maison, persuadés d'être encore les propriétaires de leur ancienne demeure vendue aux enchères. Alors que l'un d'eux est grièvement blessé, les malfaiteurs décident d'appeler leur mère pour clarifier la situation. 
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Mis en image par un réalisateur lucratif ayant exploité à trois reprises une saga horrifique usée jusqu'à la corde (Saw), Mother's day démarre sur les chapeaux de roue avec un trio de braqueurs résolus à se planquer dans leur ancienne demeure mais en l'occurrence logée par un couple de nouveaux propriétaires. En pleine soirée festive, les individus unis par les liens du sang n'auront pas d'autre choix que de prendre en otage toute l'assemblée avant que leur génitrice ne vienne réglementer les opérations en cours. Pour épicer l'intrigue, une forte somme d'argent attribuée aux malfaiteurs est potentiellement planquée dans la demeure par les nouveaux propriétaires soupçonnés d'adultère. Sans une once de répit, Mother's Day, réactualisation moderne d'une famille de dégénérés asservis par leur matriarche, nous entraîne dans un éprouvant huis-clos où chacun des protagonistes subira diverses humiliations et sévices corporels. Mis en scène sur un rythme surmené, Darren Lynn Bousman se distingue d'une trame orthodoxe par un enchaînement ininterrompu de péripéties et coups de théâtre inopinés tout en y insufflant un certain cynisme auprès de la caractérisation d'une famille au vitriol refoulée par l'infécondité.


A travers la structure d'un récit indocile multipliant les épreuves de force pour nos otages contraints de s'offenser en guise de survie, leur confrontation est sévèrement endurée par une déontologie immorale. En coexistant dans un environnement davantage régi par la barbarie et la folie, le désespoir de nos otages déboussolés les engagera fatalement vers leur nature véreuse. Ainsi, la jalousie, la colère et la haine vont être les éléments déclencheurs afin de leur privilégier un instinct de survie autonome. Sans concession aucune, le réalisateur redouble de verdeur et de cruauté auprès de la frêle destinée des otages constamment menacés à trépasser dans la seconde qui suit par les tortionnaires, mais aussi par leur propre agissement. A ce titre, la dernière partie culmine au bain de sang paroxystique lorsque nos derniers survivants décideront une ultime fois de s'opposer à leur ravisseur pour les affronter dans une rancoeur primitive. Et on peut dire que cette famille de rejetons éduqués par la névrose d'une ravisseuse de bambins s'avère plutôt difficile à éradiquer tant leur animosité émane d'une rage expéditive. Si chaque interprète réussit honorablement à convaincre malgré leur trogne souvent imberbe, Rebecca De mornay diffuse une certaine densité déshumanisée dans son profil psychologique lourdement galvaudé par la stérilité maternelle. Castratrice et méprisable de par sa posture glaciale et son regard azur impassible, la blonde symbolise la mégère égoïste obnubilée par l'éducation parentale. Une célibataire esseulée incapable de gérer une famille exemplaire dans la tradition puritaine et terrifiée à l'idée de vieillir dans la solitude.


Les enfants de la violence !
A travers l'efficacité d'un rythme infaillible mené à bout de course, Mother's Day illustre avec un esprit forcené une violence primitive au sein d'un train fantôme multipliant allers-retours de revirements rocambolesques. Hormis un épilogue à peine grotesque pour la survie d'un(e) des antagonistes et certains clichés éculés (service de police en dérangement en période cruciale, rivaux increvables et redondance d'affrontements au corps à corps), cet oppressant concentré d'ultra violence joue hargneusement avec les nerfs du spectateurs. D'autre part, il se révèle de loin le meilleur film d'un auteur en demi-teinte, une bombe à retardement conçue pour exploser votre petite lucarne !

Bruno
05.12.11
       

6 commentaires:

  1. Une critique encourageante qui rend bien justice à ce film éprouvant qui m'a laissé sur les rotules...

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  2. Nanti du charisme fou des textes-commentaires malines au sommet de leur corrosivité, notre ami Bruno a l'étoffe d'une vraie vedette, mais brouille ce talent inné par des éclairs écrits de délire qui en font un mélange inédit de blogueur-critique absolu déjanté dont le grotesque total des films commentés n'abolit pas le réel talent de ses textes! Bravo !

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  3. Merci Adrien ! Anonyme, à trop se répéter on sème le doute !

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  4. C'est Michael Myers !!!

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  5. C'est pour moi LA surprise de l'année étant donné la filmo de Darren Lynn Bousman.
    Il fait preuve d'une efficacité hors norme dans ce film sans temps mort, incisif et explosif. On regrettera juste que le réalisateur de 3 épisodes de la prolifique saga SAW se laisse un peu aller à la nostalgie via notamment la séquence où 2 jeunes femmes sont amenées à jouer à un jeu mortel qui n'est pas s'en rappeler les pitreries du tueur Jigsaw de la célèbre franchise.
    Et puis il y a Rebecca, tout simplement majestueuse dans ce rôle de mère psychopathe totalement barrée! Un film qui malgré ses défauts est une véritable petite bombe d'efficacité!

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  6. Bien de ton avis Luke (même si j'ai été plus impressionné par le réalisme cru de Kidnapped). Mais les 2 films ne vont pas dans la même direction.

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