jeudi 3 mars 2011

LE SPECTRE DU PROFESSEUR HICHCOCK (The Ghoul / Lo Spettro)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Riccardo Freda. 1963. Italie. 1h38. Avec Barbara Steele, Peter Baldwin , Elio Jotta, Harriet Medin, Carol Bennet, Carlo Kechler, Reginald Price Anderson.

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (24.02.09 - 20/12/99) est un réalisateur, scénariste et acteur italien à l'origine de 27 longs-métrages réalisés entre 1942 et 1989. Il sera surtout reconnu auprès des amateurs de cinéma fantastique avec Les Vampires, Caltiki, le monstre immortel, Maciste en Enfer ainsi que ses fausses suites l'Effroyable secret du Dr Hichcock, le Spectre du professeur Hichcock.
L'un de ses plus beaux fleurons qui aura marqué toute une génération de cinéphiles restera également Le Chateau des amants maudits (Béatrice Cenci), fresque historique romantique dont Argento s'en serait particulièrement inspiré pour Suspiria (ex: la fille accourant dans les bois sous une pluie battante en scène d'intro).
                
Le Château des amants maudits
Un an après le succès de son chef-d'oeuvre L'Effroyable secret du Dr Hichcock, Riccardo Freda reprend sous son aile son actrice fétiche Barbara Steele pour parfaire un second bijou d'épouvante. Cette fausse séquelle se réapproprie d'une ambiance gothique raffinée qui comblera les amateurs à travers une narration machiavélique mettant en exergue des personnages perfides sans vergogne. Deux amants vont comploter un stratagème criminel pour supprimer le mari moribond et s'approprier sa fortune en guise d'héritage. Mais les sinistres amants ne sont pas au bout de leur peine et de leur surprise lorsqu'ils seront témoins du spectre du professeur hantant les nuits de la demeure maudite. Au sein d'une bâtisse gothique d'une beauté sépulcrale ornée d'éclairages bleutés, Riccardo Freda nous entraîne dans un huis-clos malsain où les nombreux revirements se soumettent à narration charpentée au rythme d'un suspense latent. En dehors de son aspect visuel flamboyant qui ne pourra que pâmer de bonheur les amateurs d'ambiance gothique (candélabres dégoulinants de cire, crane humain, costumes victoriens, caveau vétuste, tableaux picturaux), Le Spectre... s'édifie en passionnant jeu de pouvoir entre des personnages insidieux communément cupides.                

Niveau distribution, la divine Barbara Steele nous magnétise le regard de sa posture de maîtresse complotiste à la fois orgueilleuse et impassible. Vénéneuse en diable, elle magnétise l'écran de ses yeux noirs habités par la soif du Mal. Peter Baldwin lui prête la vedette avec l'autorité d'un séduisant dandy aussi pernicieux et autrement mesquin dans sa manoeuvre criminelle. Dans un jeu en demi-teinte épris d'aigreur et de pulsions vengeresses, Ellio Jotta endosse le Dr Hichcok sous un physique famélique, notamment de par son teint blafard et sa mine anxiogène. Dans une silhouette froide et mortuaire, Harriet Madin campe l'indocile gouvernante sous une sinistre robe noire et un chignon étriqué.   
                  
Le Fantôme vivant
Même s'il n'égale pas son premier coup de maître tourné un an au préalable, le Spectre du professeur Hichcock constitue une formidable contribution au genre gothique autour d'un jeu de massacre sans échappatoire. Nanti d'une fulgurance visuelle traditionnellement raffinée, d'une science du suspense savamment planifié  et surtout d'une galerie pathétique d'antagonistes couards, Le Spectre... épouse un climat malsain d'autant plus audacieux si je me réfère à sa séquence de meurtre particulièrement sanguine. Pour parachever, on finit d'évoquer cette magnifique comptine musicale inscrite dans l'amertume qu'une boite à musique amorce dans une intonation lancinante, étrange et mélancolique. 

24.09.10
Bruno Matéï 

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