vendredi 25 mai 2018

L'EXORCISTE, LA SUITE

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site vfstreaming.co

"The Exorcist III: Legion" de William Peter Blatty. 1990. 1h50. U.S.A. Avec Dourif Brad, Scott George C., Williamson Nicol, Miller Jason, Flanders Ed, Wilson Scott, Fish Nanc.

Sortie salles France: 9 Janvier 1991. U.S: 17 Août 1990

FILMOGRAPHIE: William Peter Blatty est un écrivain, scénariste et réalisateur américain d'origine libanaise, né à New York le 7 janvier 1928. On lui doit deux uniques réalisations: la Neuvième configuration (1980) et L'Exorciste, la suite (1990).


Synopsis: La contrée de Georgetown est à nouveau le théâtre de meurtres sanglants. Chargé de l'enquête, le lieutenant Kinderman se souvient qu'un psychopathe mort 15 ans plus tôt perpétrait de manière aussi géométrique des homicides dénués de mobile et bâtis sur la souffrance corporelle...
Séquelle du chef-d'oeuvre de William Friedkin faisant l'impasse sur le second volet de John Boorman (tant boudé à tort selon mon jugement de valeur !), l'Exorciste, la suite porte la signature du scénariste et producteur William Peter Blatty après 10 ans d'absence derrière la caméra, et ce d'après son propre roman sorti en 83 sous le titre Legion. La revanche du romancier ayant enfin sonné car pour rappel, à la sortie triomphante de l'Exorciste, il eut perdu la bataille qu'il s'opposa avec Friedkin  pour une question de choix de montage (et avant qu'ironiquement ce dernier ne se ravise en 2000 avec le remontage initial souhaité par Blatty). A contre emploi de l'horreur explicite de son modèle, l'Exorciste, la suite n'est guère destinée à nous ressasser une possession satanique sur fond d'exorcisme outre-mesure (même si son dernier acte l'impose de manière plutôt concise). L'intrigue imprégnée de mystère et d'aura malsaine se divisant en 2 parties. Une enquête criminelle ardue menée par le robuste Georges C. Scott (il porte littéralement l'intrigue sur ses épaules de par son charisme impérieux !) et un huis-clos anxiogène bâti sur la dissension psychologique entre le tueur et le lieutenant Kinderman. Le récit amorçant dans un 1er temps une démarche investigatrice dans la lignée de Seven avec son serial-killer méthodique prénommé le "Gémeaux" que Kinderman se tue à démasquer. Ce segment ombrageux, impeccablement structuré, nous magnétise l'esprit de par son climat inquiétant que Blatty parvient lestement à diluer à travers les découvertes glaçantes de cadavres mutilés dont nous n'en verrons jamais la résultante. Ce dernier prenant son temps à planter son univers (religieux et médical) et ses personnages de l'ordre exposés à l'incompréhension, la perplexité, l'irascibilité (le caractériel Kinderman ne cessant de tourmenter les témoins de l'hôpital avec une fâcheuse insolence), quand bien même sa splendide photo naturelle contraste avec les sombres évènements dépeints où chaque détail religieux nous provoque un certaine malaise.


Endossant l'insigne policier avec un sens professionnel notoire, George C. Scott apporte donc ses traits au lieutenant avisé avec une mine à la fois renfrognée et déconcertée puisque témoignant d'une série de crimes inexpliqués exécutés avec un art consommé de la perfection. Ainsi, l'ambiance d'insécurité palpable qui y émane parvient donc à faire naître dans l'esprit du spectateur un lourd sentiment d'angoisse mêlé de fascination irrépressible de par les méthodes infaillibles du tueur à ne laisser aucun indice auprès de ses macabres exactions. La seconde partie un chouilla plus vénéneuse traitera du rapport de force entre Kinderman et le potentiel tueur, le gémeaux, incarnation du Mal infiltrée dans le corps du prêtre Damien Karras. Cette confrontation psychologique de longue haleine instaurée dans la cellule d'un centre psychiatrique nous transmet l'incommodité à travers les répliques cinglantes de ce dernier, rehaussées du jeu transi de fiel de Brad Dourif (mais aussi de Jason Miller dans un double rôle aussi insidieux), galvanisé par son omnipotence meurtrière. Ces moments intenses de révélations présomptueuses bâties sur la provocation du désir de soumission et de croyance satanique nous confinent au seuil du crépuscule eu égard de son final épique semé de visions démoniales. Emaillé d'incidents horrifiques conçus sur le malaise ou le véritable effroi,  l'Exorciste, la suite laisse notamment en mémoire quelques anthologies indécrottables ! Spoil ! A l'instar de cette vieille dame accourant au plafond de l'hôpital telle une araignée, de l'infirmière en proie à une mission criminelle en essayant de décapiter la femme du lieutenant, ou encore de l'homicide d'une infirmière (hors champs) exécuté par une longue paire de cisailles. Fin du Spoil. Sur ce dernier point, et grâce à la maîtrise infaillible du montage prenant son temps à charpenter une angoisse incroyablement diffuse, l'effet de surprise à venir (pour ne pas employer le terme usuel "jumpscare") effraie le spectateur le plus aguerri, aussi concise soit au terme son estocade !


J'ai rencontré le Diable. 
Résolument passionnant, magnétique et fascinant dans sa conjugaison inusitée de thriller poisseux et d'épouvante luciférienne, L'Exorciste, la suite parvient avec une intensité éthérée à provoquer le malaise de par son aura vénéneuse que le Mal parvient à distiller sur les épaules des personnages. Car à travers son intrigue fétide régentée par un démon au visage familier, William Peter Blatty réussit autrement l'exploit d'honorer son modèle avec un art de suggestion aussi bien retors que réaliste pour tenir lieu de la suprématie du Mal. Son préambule à l'atmosphère d'inquiétude opaque ayant déjà provoqué en 2 temps 3 mouvements une appréhension démoniale tacite que le spectateur apprivoise à l'instinct. Expérience épurée avec la peur mortifère car imprégnée du Mal le plus couard et destructeur, l'Exorciste 3 est une oeuvre maudite à réhabiliter d'urgence !

Récompenses : Saturn Award du Meilleur scénario (William Peter Blatty) en 1991

* Bruno
25.10.10
25.05.18. 4èx

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