mardi 8 mai 2018

LA TAVERNE DE L'ENFER

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Paradise Alley" de Sylvester Stallone. 1978. U.S.A. 1h47. Avec Sylvester Stallone, Lee Canalito, Armand Assante, Frank McRae, Anne Archer, Kevin Conway, Joe Spinell.

Sortie salles France: 16 Mai 1979. U.S: 22 Septembre 1978

FILMOGRAPHIE: Sylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York. 1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Initialement écrit par Sylvester Stallone avant Rocky, La Taverne de l'Enfer fut finalement porté à l'écran 2 ans après le succès de John G. Alvidsen. Bien qu'il se solda d'un échec commercial (en France, il totalise 475 283 entrées pour se classer 70è/70), la première réalisation de Stallone est une superbe épopée humaine décrivant, non sans un certain brio stylisé (suffit d'observer scrupuleusement son étonnant générique en trompe l'oeil ou encore le combat final perpétré au sein d'un ring torrentiel !), le cheminement professionnel de laissés pour compte évoluant dans le cadre new-yorkais d'Hell's Kitchen un an après la seconde guerre. De par sa reconstitution soignée que Stallone s'efforce à redonner vie autour d'une faune urbaine marginalisée, La Taverne de l'Enfer nous plonge dans la moiteur des quartiers malfamés, entre insouciance des beuveries, bastonnades et désespoir existentiel. En particulier auprès de trois frères italo-américains s'efforçant de survivre entre jobs précaires et p'tites combines. Mais à la suite d'un bras de fer opposant son frère cadet Victor avec un caïd,  Cosmo, sans emploi, décide de l'initier aux combats de catch du fait de sa corpulence râblée. Et ce en dépit de la réticence de l'aîné Lenny travaillant comme embaumeur dans une morgue. Précisons aussi que Victor est un livreur de glace désireux de quitter l'Amérique pour l'Egypte en compagnie de sa voisine et qu'il est facilement influençable depuis sa déficience morale. Autour de leur rapport fraternel assez virulent mais toutefois solidaire, Cosmo et Lenny se disputent d'autant plus l'autorité auprès d'une relation sentimentale de jeunesse.


Aventure humaine pleine de cocasseries (notamment auprès des intimidations extravagantes de mafieux à la p'tite semaine), de drames (la séquence fortuite du suicide nous laisse un goût aigre dans la bouche) et de bons sentiments (Cosmo/Lenny se disputant un amour impossible), la Taverne de l'Enfer fut injustement occulté à cause du récent phénomène Rocky. Car loin de nous offrir un épigone mercantile, Stallone, combine pour la 1ère fois son talent d'acteur, de conteur et de réalisateur avec une franche sincérité assortie de générosité. Et ce même si son personnage de marginal au grand coeur peut rappeler par instants (et surtout par ses mimiques amiteuses n'appartenant qu'à son instinct fringant), le personnage de Balboa. Sauf qu'en l'occurrence Cosmo ne fait que coacher son frère cadet afin de l'amener vers la victoire pour profiter ensemble du magot. Le film gagnant notamment en intensité auprès des actions chorégraphiées particulièrement violentes que de la caractérisation humaine des personnages pleins de vulnérabilité mais pour autant désireux d'emporter la mise entre une prise de conscience sur les conséquences sanitaires du sport du catch (les rapports ambigus entre Cosmo et Lenny et l'inversion des rôles qu'ils s'octroient durant leur réflexion personnelle pour la destinée de Victor). Passionnant et immersif (notamment auprès de la Taverne et du Paradise riches de détails et éclairés de lumières chaudes), La Taverne de l'Enfer transfigure des personnages bougrement attachants (tant auprès des seconds-rôles fantaisistes que des trois frères unis par les liens du sang). Stallone, jamais prétentieux, s'efforçant de structurer son intrigue romantico-dramatique d'épisodes humoristiques fougueux en plus du charisme patibulaire de seconds-couteaux irrésistibles (notamment Joe Spinell en arbitre véreux affublé d'un costume de clown !).


Occulté, pour ne pas dire discrédité du fait de sa faible notoriété, La Taverne de l'Enfer est à réhabiliter d'urgence. Première vraie réussite de Stallone en tant que cinéaste en herbe nous décrivant avec une tendre humanité jamais outrée une preuse épopée sur les losers en quête de discernement, de dignité et d'ascension.  

* Bruno
3èx

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