vendredi 18 mai 2018

CARGO

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Yolanda Ramke et Ben Howling. 2017. Australie. 1h44. Avec Martin Freeman, Anthony Hayes, Caren Pistorius, David Gulpilil, Susie Porter, Kris McQuade

Diffusion uniquement sur Netflix : 18 Mai 2018

FILMOGRAPHIE: Yolanda Ramke est une réalisatrice, scénariste et actrice américaine.
Ben Howling est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Cargo.


Produit par Netflix, Cargo retrace le cheminement de survie d'un père et de son nourrisson au sein d'une Australie post-apo infectée par un mystérieux virus. Les citadins mordus par des créatures humaines se transformant à leur tour en meurtriers assoiffés de sang. Avec l'aide d'une adolescente aborigène également en berne depuis la disparition de son père, Andy déambule dans la campagne à la recherche d'autres survivants et d'un éventuel havre de paix, aussi malingre soit son nouveau destin. Dépoussiérant le thème des infectés avec une ambition intègre si bien que Yolanda Ramke et Ben Howling parviennent à y imprimer leur personnalité avec une digne maturité puisque élevant le genre au 1er degré (exit donc les effets de manche grands guignolesques), Cargo est une heureuse surprise au sein du genre éculé, usé jusqu'à la corde. Ces derniers parvenant dès le préambule particulièrement oppressant (on peut d'ailleurs prêter d'une manière autrement suggérée un clin d'oeil à l'Enfer des Zombies) à planter leur univers mortifié et ses personnages en berne avec un réalisme naturaliste. Outre les idées inventives qui empiètent le récit (notamment en jouant sur le simulacre du danger afin de s'extirper des clichés) et la manière inédite de caractériser ces infectés dégingandés (ils passent par d'étranges étapes de convulsion et de mutation avant leur métamorphose atone), Cargo  tire parti de son humanisme fragile à travers le profil équivoque d'un père de famille de prime abord plutôt couard et pleutre dans son indécision à porter secours aux appâts humains tout en observant impuissant à la dégénérescence d'une terre infectée de l'intérieur.


Les auteurs y exprimant un message écolo, une métaphore anti-capitaliste à travers la beauté sauvage de l'Australie que l'homme blanc a corrompu par son instinct à la fois matérialiste et cupide. Et donc du point de vue pacifique de ces aborigènes particulièrement solidaires entre eux, Cargo leur rend humblement hommage en revenant aux sources de leur culture tribale où la famille, la cohésion, l'amour, le respect pour la nature et la spiritualité font partie de leur éthique pour se forger leur sens existentiel. L'intrigue abordant d'autre part le thème du racisme, de l'esclavage que certains détenus pâtiront sous l'impulsion opportuniste d'un fermier sans vergogne. Enfin, et pour parachever vers un final onirique aussi lumineux que bouleversant, Cargo est également rehaussé d'une intense amitié que se partagent Andy et Josie. Toute le récit dédié à leur résilience cultivant une initiation au courage, à la communication et à la confiance à travers les différences raciales. Martin Freeman  (dans une posture binaire crédible de par ses sentiments contradictoires) et la méconnue  Natasha Wanganeen (d'une candeur naturelle à travers l'acuité de son regard mélancolique) insufflant sans pathos une humanité prude. Entre désespoir (le suicide plane constamment sur leurs épaules puis à proximité d'autres survivants aussi exténués par le deuil, le cannibalisme et le pessimisme) et aspiration d'une terre nouvelle (à labourer).


Dur et cruel, fort et beau à la fois, Cargo redore dignement le genre horrifique à hauteur d'homme et de dame nature. 

* Bruno

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire