jeudi 31 mai 2018

INSPECTEUR LA BAVURE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Zidi. 1980. France. 1h40. Avec Coluche, Gérard Depardieu, Dominique Lavanant, Julien Guiomar, Alain Mottet, François Perrot, Jean Bouchaud, Clément Harari.

Sortie salles France: 3 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.

1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Synopsis: Roger Morzini, dangereux malfrat considéré comme ennemi public N°1 se lie d'amitié avec un flic néophyte pour mieux approcher une journaliste arrogante et ainsi faire chanter la police. 
Tourné la même année que l'immense éclat de rire les Sous-douésClaude Zidi rempile avec le succès avec Inspecteur Labavure si bien qu'en 1980 il se classe 5è au box-office avec ses 3 697 576 entrées. Comédie policière inégale portée à bout de bras par le tandem payant Coluche / DepardieuInspecteur Labavure parvient gentiment à distraire avec plus ou moins d'efficacité. Certains gags un peu lourdingues surfant avec le ridicule même si notre frétillant Coluche parvient à nous arracher les rires dans sa posture de flic empoté constamment ballotté par ses supérieurs et par un dangereux malfrat que Depardieu insuffle avec une éloquence sournoise. Le rythme parfois défaillant ne permettant pas au spectateur de s'immerger complètement dans l'aventure rocambolesque en dépit de l'indiscutable sincérité du réalisateur (beaucoup moins inspiré à provoquer les rires que dans les Sous-doués).


Faisant pourtant preuve d'ambition de par son intrigue solide semée d'inventions et rebondissements mais parfois compromis par certains scories (notamment à travers le comportement équivoque de la journaliste se laissant trop facilement appréhender par Morzini après avoir saisi la supercherie de sa nouvelle identité), Claude Zidi alterne idées loufoques ou débridées au rythme des échanges faussement affables de Michel et Morzini. A travers certaines séquences azimutées que l'on croirait sorties d'une série Z (notamment lors de la reconstitution d'un crime avec le témoignage du violeur !), Inspecteur Labavure fait presque office d'OVNI franchouillard dans son alliage de comédie policière jalonnée d'actions improvisées (notamment son final héroïque assez extravagant avec cette pelle mécanique détruisant de fond en comble une vaste demeure). Zidi profitant notamment en intermittence d'y railler le corps policier avec gentille dérision même si les violences policières (dénoncées à deux reprises) feront grincer quelques dents. En tout état de cause, et grâce en priorité à la fortuite confrontation Coluche / Depardieu (entouré d'une foule de seconds-rôles bonnards !), ce sympathique divertissement semi-parodique se suit sans déplaisir même si on aurait préféré en rire aux éclats.

* Bruno
3èx

mercredi 30 mai 2018

BANZAI

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

de Claude Zidi. 1983. 1h42. Avec Coluche, Valérie Mairesse, Didier Kaminka, Marthe Villalonga, Éva Darlan, François Perrot, Jean-Marie Proslier, Zabou.

Sortie salles France: 23 Mars 1983.

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Réalisé par Claude Zidi, un des maîtres de la comédie populaire, Banzai n'a pas volé des 3 769 687 entrées dans l'hexagone si bien qu'à la énième revoyure, cette comédie d'aventures tropicales au rythme effréné parvient constamment à distraire avec une bonne humeur galvanisante ! Tant auprès de son intrigue rocambolesque fertile en bévues, actions et quiproquos, que du tandem pétulant que forment Coluche et Valérie Mairesse pour le bonheur et le pour le rire. Prétexte à gags cocasses ou désopilants (ah cette piqûre de moustique que se coltine Coluche sur sa tronche d'"Elephant man" !), le pitch suit sans répit les pérégrinations d'un employé d'assurance spécialisé dans l'assistance et donc contraint de voyager aux 4 coins du monde afin de rapatrier quelques vacanciers imprudents. Alors qu'il est sur le point de se marier avec sa compagne Isabelle, cette dernière lui fait croire qu'elle démissionne de son poste d'hôtesse de l'air afin de gagner du temps libre en sa compagnie.


Mais contraint par son directeur de prendre l'avion vers la Tunisie, l'Afrique, l'Amérique et l'Extrême Orient, Michel lui feint également ses itinéraires professionnels afin de préserver sa confiance auprès d'elle. Jusqu'au jour où ils se font communément piégés lors d'un concours de circonstances infortunées. Comédie populaire férue d'innocence, de générosité et de bonne humeur expansive, Banzaï est l'antidote idéal contre la morosité. Et si 2/3 gags font parfois preuve de facilité, d'invraisemblance ou de lourdeur, l'abattage irrésistible de Coluche (absolument décontracté en itinérant malchanceux) et de la sémillante Valérie Mairesse (étonnante de naturel en godiche sexy en dépit d'une diction un brin théâtrale) parviennent à transcender ses menues lacunes. Conjuguant en prime efficacement le comique des situations folingues avec des rebondissements inopinément épiques (la révolution belliqueuse en Afrique, le trafic de drogue à Hong-Kong que se disputent 2 mafias), Banzaï fleure bon le dépaysement cartoonesque sous l'impulsion entêtante de Vladimir Cosma aussi inspiré que ses interprètes à nous transmettre l'espièglerie sur une mélodie nippone.


Classique sans prétention de la comédie populaire, Banzaï est une mine d'or d'innocence et de bonne humeur, entre charme et panache à corps perdu.  

* Bruno
4èx

mardi 29 mai 2018

THE STRANGERS: PREY AT NIGHT

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Johannes Roberts. 2017. U.S.A. 1h25. Avec Bailee Madison, Christina Hendricks, Martin Henderson, Emma Bellomy, Lewis Pullman

Sortie salles France: 18 Avril 2018. U.S: 9 Mars 2018

FILMOGRAPHIEJohannes Roberts est un réalisateur et scénariste britannique né le 24 mai 1976 à Cambridge. 2001 : Sanitarium. 2002: Alice. 2003 : Hellbreader. 2004 : Darkhunters. 2005 : Forest of the Damned. 2007 : When Evil Calls. 2010 : F. 2011 : Roadkill. 2012 : Storage 24. 2016 : The Door (The Other Side of the Door). 2017 : In the Deep (47 Meters Down). 2018 : The Strangers: Prey at Night.


"Vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation où vous saviez exactement ce qui allait se passer ? Mais vous avez foncé tête baissée. Et quand ce que vous craignez le plus a fini par arriver, vous avez eu envie de vous mettre des claques tellement c'était prévisible. Mais vous êtes comme ça, vous vous faîtes du mal à chaque fois."

Johannes Roberts a beau s'inspirer de Carpenter à travers sa première partie sensiblement anxiogène (ce qui nous vaut d'ailleurs 2/3 moments assez convaincants en dépit de son inévitable impression de déjà vu) et d'une sonorité électro largement inspirée par Fog, The Strangers: prey at night est une séquelle résolument inutile si bien que sa dernière partie peu avare en situations aussi bêtas que lourdingues renforce notre prévisible sentiment de déception. Truffé de clichés et de confrontations téléphonées car empruntant les codes du psycho-killer à travers une intrigué rachitique dénuée de tension et encore moins d'ambition (même la séquence baroque de la piscine s'avère trop timorée dans son audace cruelle et son manque d'invention), le réalisateur tente d'apporter un peu de panache sous l'impulsion nostalgique de 2/3 tubes des eighties mal exploités dans la contradiction émotionnelle. Efficace, distrayant et tantôt atmosphérique chez les plus indulgents mais aussi vite vu qu'oublié si bien que le produit lucratif vieillira plus vite que son ombre selon moi.

* Bruno

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bryan Bertino. 2008. U.S.A. 1h25. Avec Liv Tyler, Scott Speedman, Glenn Howerton, Kip Weeks, Gemma Ward.

Inédit en salles en France. U.S: 30 Mai 2008

FILMOGRAPHIEBryan Bertino est un réalisateur et scénariste américain né le 17 Octobre 1977 à Crowley, Texas. 2016: The Monster. 2014: Mockingbird. 2008: The Strangers.


Gros succès international (il rapporte 81.6 millions de $ contre un budget de 9 000 000 $) alors qu'il fut banni de nos salles chez nous, The Strangers empreinte le schéma du survival domestique (familièrement prénommé "home invasion" chez les journalistes) avec une efficacité soutenue. Car prenant comme références Terreur sur la Ligne (la menace interne provenant du propre foyer de la propriétaire esseulée) et Halloween (la fameuse apparition du tueur masqué planqué derrière sa victime que seul le spectateur entrevoit en arrière plan), Bryan Bertino joue la carte de la suggestion à l'aide d'une science du suspense diffus et d'une bande-son percutante. Et ce même si parfois le côté redondant de certaines situations de panique ne produisent pas l'effet de peur escompté sachant que les assaillants ne cessent de brimer leurs victimes avec un goût prononcé pour la dérision sournoise. Eclairé d'une superbe photo sépia aux teintes chaudes en format scope, The Strangers développe un climat particulièrement feutré et inquiétant lorsque 3 intrus masqués décident purement et simplement de flanquer la frousse à un couple d'amants recroquevillés dans leur foyer.


La menace découlant autant de l'intérieur que de l'extérieur de leur bâtisse par le biais d'apparitions fantomatiques imprimées dans le mutisme. Une manière habile de rehausser le climat anxiogène de cette situation ubuesque si bien que nous ne connaîtrons jamais les véritables mobiles des 3 assaillants (ni leur véritable identité !) jubilant à terrifier leurs proies le plus souvent démunies. Prenant son temps de prime abord à nous présenter le couple en remise en question sentimentale, Bryan Bertino soigne le cadre nocturne de leur cocon domestique (d'autant plus dénué de voisinage !) avec un flegme plombant. Eu égard de leur mine sentencieuse à se rendre compte de leur échec mais tentant néanmoins de se réconcilier en désespoir de cause. C'est ensuite une partie de cache-cache avec la peur puis la terreur que nous décrit le réalisateur avec un réalisme assez tendu et dérangeant si bien qu'en intermittence il n'hésite pas à ponctuer son survival de règlements de compte hargneux et rebondissements sardoniques, à l'instar de son final d'une brutalité gratuite aussi bien éprouvante que dramatique.


Sans révolutionner le genre ou tenter d'émuler ses références susnommées, Bryan Bertino parvient avec The Strangers à élever le genre horrifique avec maturité grâce à sa progression dramatique escarpée dénuée d'outrance gore et à l'aspect brut de décoffrage du "fait-divers" improbable (car dénué de raison chez le portrait équivoque des persécuteurs sans visage). Et ce même si l'intrigue se laisse parfois distraire par 1 ou 2 jump scares et clichés vains (l'une des victimes trébuchant bêtement dans les bois). Outre l'efficacité de son suspense mené avec une certaine autorité et son angoisse sous-jacente assez maîtrisée (surtout auprès d'une 1ère réalisation), on peut enfin compter sur la sobriété des deux interprètes constamment molestés par les hostilités meurtrières. Particulièrement le jeu modestement viscéral de Liv Tyler en proie éplorée, faute de sa nature humaine aussi douce que fragile et de son tempérament placide et réservé lui évitant d'échapper au stéréotype de la potiche décervelée. Un séduisant exercice de style où le non-dit prime au détriment d'éclairs de violence.

* Bruno

lundi 28 mai 2018

MOI ZOMBIE, CHRONIQUE DE LA DOULEUR. Prix du meilleur film indépendant, Manchester 98.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site devildead.com

"I, Zombie: The Chronicles of Pain" de  Andrew Parkinson. 1998. Angleterre. 1h22. Avec Ellen Softley, Dean Sipling, Claire Griffin, Kate Thorougood, Mia Fothergill.

Sortie salles France: uniquement en video

FILMOGRAPHIEAndrew Parkinson est un réalisateur anglais né le 31 Août 1959 à Aldershot, Angleterre. 2011: Little Deaths (segment "Mutant Tool"). 2006: Venus Drowning. 2001: Dead Creatures (Video). 1998: Moi, zombie - Chronique de la douleur.


Film amateur tourné en 4 ans et sorti discrètement chez nous en Vhs et Dvd, Moi Zombie chronique de la douleur retrace le cheminement morbide de Mark après que celui-ci fut mordu par un zombie. Relatant avec souci de réalisme glauque et malsain l'intimité quotidienne du malade moribond en voie de déliquescence corporelle, Moi Zombie... tire parti de ses moyens et décors limités grâce au caractère authentique des situations désoeuvrées puisque filmées à la manière d'un doc (interviews  de l'entourage à l'appui). Andrew Parkinson observant scrupuleusement la quotidienneté de sa victime avec une émotion de plus en plus poignante eu égard de la dégénérescence putrescente du corps en berne.


Soutenu d'un score élégiaque au clavecin, Moi Zombie... nous transmet une descente aux enfers morale résolument cafardeuse sous l'impulsion d'un jeu d'acteur amateur finalement convaincant si bien que le périple introspectif de Mark nous provoque un désarroi empathique, notamment à travers ses réminiscences sentimentales (juste avant avoir été mordu, il venait de se chamailler avec sa partenaire pour un motif dérisoire). Parabole sur le cancer et toutes formes de maladies incurables, Moi Zombie chronique de la douleur est la première oeuvre auteurisante d'Andrew Parkison, réalisateur anglais aux intentions ambitieuses dans son parti-pris singulier de traiter du mythe du zombie de la manière la plus prude, réaliste et intime. Souvent gore mais jamais gratuit (tant auprès du cheminement criminel de Mark que de sa dégénérescence pestilentielle), les FX cheap bricolés pour autant avec soin parviennent à rendre convaincante la transformation du zombie se disputant ses derniers jours; entre douleur viscérale et solitude irrespirable.


Méconnu, voir même oublié (le film a aujourd'hui 20 ans d'âge !), Moi Zombie, chronique de la douleur est une oeuvre forte d'une grande mélancolie qui laisse des traces dans l'encéphale. A condition toutefois de le découvrir impérativement en version originale (j'insiste car la VF uniquement dispo en location Dvd ne possède pas le même cachet d'authenticité). 

* Bruno

Récompense: Prix du meilleur film indépendant, lors du Festival du film fantastique de Manchester en 1998.

vendredi 25 mai 2018

L'EXORCISTE, LA SUITE

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site vfstreaming.co

"The Exorcist III: Legion" de William Peter Blatty. 1990. 1h50. U.S.A. Avec Dourif Brad, Scott George C., Williamson Nicol, Miller Jason, Flanders Ed, Wilson Scott, Fish Nanc.

Sortie salles France: 9 Janvier 1991. U.S: 17 Août 1990

FILMOGRAPHIE: William Peter Blatty est un écrivain, scénariste et réalisateur américain d'origine libanaise, né à New York le 7 janvier 1928. On lui doit deux uniques réalisations: la Neuvième configuration (1980) et L'Exorciste, la suite (1990).


Synopsis: La contrée de Georgetown est à nouveau le théâtre de meurtres sanglants. Chargé de l'enquête, le lieutenant Kinderman se souvient qu'un psychopathe mort 15 ans plus tôt perpétrait de manière aussi géométrique des homicides dénués de mobile et bâtis sur la souffrance corporelle...
Séquelle du chef-d'oeuvre de William Friedkin faisant l'impasse sur le second volet de John Boorman (tant boudé à tort selon mon jugement de valeur !), l'Exorciste, la suite porte la signature du scénariste et producteur William Peter Blatty après 10 ans d'absence derrière la caméra, et ce d'après son propre roman sorti en 83 sous le titre Legion. La revanche du romancier ayant enfin sonné car pour rappel, à la sortie triomphante de l'Exorciste, il eut perdu la bataille qu'il s'opposa avec Friedkin  pour une question de choix de montage (et avant qu'ironiquement ce dernier ne se ravise en 2000 avec le remontage initial souhaité par Blatty). A contre emploi de l'horreur explicite de son modèle, l'Exorciste, la suite n'est guère destinée à nous ressasser une possession satanique sur fond d'exorcisme outre-mesure (même si son dernier acte l'impose de manière plutôt concise). L'intrigue imprégnée de mystère et d'aura malsaine se divisant en 2 parties. Une enquête criminelle ardue menée par le robuste Georges C. Scott (il porte littéralement l'intrigue sur ses épaules de par son charisme impérieux !) et un huis-clos anxiogène bâti sur la dissension psychologique entre le tueur et le lieutenant Kinderman. Le récit amorçant dans un 1er temps une démarche investigatrice dans la lignée de Seven avec son serial-killer méthodique prénommé le "Gémeaux" que Kinderman se tue à démasquer. Ce segment ombrageux, impeccablement structuré, nous magnétise l'esprit de par son climat inquiétant que Blatty parvient lestement à diluer à travers les découvertes glaçantes de cadavres mutilés dont nous n'en verrons jamais la résultante. Ce dernier prenant son temps à planter son univers (religieux et médical) et ses personnages de l'ordre exposés à l'incompréhension, la perplexité, l'irascibilité (le caractériel Kinderman ne cessant de tourmenter les témoins de l'hôpital avec une fâcheuse insolence), quand bien même sa splendide photo naturelle contraste avec les sombres évènements dépeints où chaque détail religieux nous provoque un certaine malaise.


Endossant l'insigne policier avec un sens professionnel notoire, George C. Scott apporte donc ses traits au lieutenant avisé avec une mine à la fois renfrognée et déconcertée puisque témoignant d'une série de crimes inexpliqués exécutés avec un art consommé de la perfection. Ainsi, l'ambiance d'insécurité palpable qui y émane parvient donc à faire naître dans l'esprit du spectateur un lourd sentiment d'angoisse mêlé de fascination irrépressible de par les méthodes infaillibles du tueur à ne laisser aucun indice auprès de ses macabres exactions. La seconde partie un chouilla plus vénéneuse traitera du rapport de force entre Kinderman et le potentiel tueur, le gémeaux, incarnation du Mal infiltrée dans le corps du prêtre Damien Karras. Cette confrontation psychologique de longue haleine instaurée dans la cellule d'un centre psychiatrique nous transmet l'incommodité à travers les répliques cinglantes de ce dernier, rehaussées du jeu transi de fiel de Brad Dourif (mais aussi de Jason Miller dans un double rôle aussi insidieux), galvanisé par son omnipotence meurtrière. Ces moments intenses de révélations présomptueuses bâties sur la provocation du désir de soumission et de croyance satanique nous confinent au seuil du crépuscule eu égard de son final épique semé de visions démoniales. Emaillé d'incidents horrifiques conçus sur le malaise ou le véritable effroi,  l'Exorciste, la suite laisse notamment en mémoire quelques anthologies indécrottables ! Spoil ! A l'instar de cette vieille dame accourant au plafond de l'hôpital telle une araignée, de l'infirmière en proie à une mission criminelle en essayant de décapiter la femme du lieutenant, ou encore de l'homicide d'une infirmière (hors champs) exécuté par une longue paire de cisailles. Fin du Spoil. Sur ce dernier point, et grâce à la maîtrise infaillible du montage prenant son temps à charpenter une angoisse incroyablement diffuse, l'effet de surprise à venir (pour ne pas employer le terme usuel "jumpscare") effraie le spectateur le plus aguerri, aussi concise soit au terme son estocade !


J'ai rencontré le Diable. 
Résolument passionnant, magnétique et fascinant dans sa conjugaison inusitée de thriller poisseux et d'épouvante luciférienne, L'Exorciste, la suite parvient avec une intensité éthérée à provoquer le malaise de par son aura vénéneuse que le Mal parvient à distiller sur les épaules des personnages. Car à travers son intrigue fétide régentée par un démon au visage familier, William Peter Blatty réussit autrement l'exploit d'honorer son modèle avec un art de suggestion aussi bien retors que réaliste pour tenir lieu de la suprématie du Mal. Son préambule à l'atmosphère d'inquiétude opaque ayant déjà provoqué en 2 temps 3 mouvements une appréhension démoniale tacite que le spectateur apprivoise à l'instinct. Expérience épurée avec la peur mortifère car imprégnée du Mal le plus couard et destructeur, l'Exorciste 3 est une oeuvre maudite à réhabiliter d'urgence !

Récompenses : Saturn Award du Meilleur scénario (William Peter Blatty) en 1991

* Bruno
25.10.10
25.05.18. 4èx

jeudi 24 mai 2018

CHERRY 2000

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Steve De Jarnatt. 1987. U.S.A. 1h39. Avec David Andrews, Melanie Griffith, Tim Thomerson, Jennifer Balgobin, Marshall Bell, Harry Carey Jr., Laurence Fishburne, Pamela Gidley, Michael C. Gwynne.

Sortie salles France: 27 Avril 1988. U.S: 5 Février 1988

FILMOGRAPHIE: Steve De Jarnatt est un réalisateur et scénariste américain.
1983: Strange Brow. 1987: Cherry 2000. 1988: Appel d'Urgence.


Tourné vers la fin des années 80, Cherry 2000 est l'un des derniers représentants du Post-Nuke (US) surfant sur le succès phénomène de Mad-Max 2 avec un goût prononcé pour la dérision. Bande-dessinée live menée tambour battant dans son lot de gunfights et (futiles) cascades explosives, Cherry 2000 tire parti de sa générosité auprès de son univers "rose bonbon" (tant auprès des logements futuristes - en ville et dans le désert - que des costumes des personnages tirés d'une fiesta de carnaval) et d'une succession de poursuites à travers les déserts du Nevada que Steve De Jarnatt exploite harmonieusement en plan large. Evasif en diable donc sous l'impulsion d'un attachant duo de guerriers de fortune qu'incarnent modestement David Andrews (dans une posture naïve pleine d'innocence) et Melanie Griffith (en Mad Girl plutôt amiteuse), Cherry 2000 oscille entre la série B et Z avec une abondance expansive.


Et si l'intrigue plutôt grotesque, aussi étriquée qu'un ticket de métro, (un jeune veuf sollicite l'aide d'une chasseuse marginale afin de débusquer le même modèle que son ancienne compagne dans le cimetière des androïdes) s'avère prévisible (notamment l'initiation amoureuse de celui-ci auprès de son émissaire jalouse que le réal exploite de façon prémâchée !), leur périple arpenté en voiture (notamment lorsqu'ils sont suspendus dans les airs par l'aimant d'une grue, séquence homérique de haute voltige aussi bien cocasse que débridée !) et en avion distille un sentiment récréatif explicite. Car à travers leur dangereuse mission de longue haleine, nos cowboys du futur combattront entre deux rencontres amicales (parfois fourbes !) des clans de mercenaires étonnamment gandins et orgueilleux. Ainsi, à travers la fantaisie de ces antagonistes jouant les "patibulaires" avec un cabotinage souvent irrésistible, on est ravi de retrouver derrière leur panoplie excentrique une flopée de seconds couteaux familiers des cinéphages.


Eminemment naïf, pittoresque et parfois involontairement drôle dans son alliage de sobriété et de dérision, Cherry 2000 distille charme et fantaisie autour d'une réflexion étrangement prophétique sur le sexisme (eu égard de la crise actuelle du harcèlement sexuel que les féministes vocifèrent en placardant "balance ton porc" !). Plus sérieusement, ce B movie sans prétention, à la fois sincère et généreux demeure à mon sens l'une des plus ludiques déclinaisons du Post-Nuke (low-cost), à trôner à proximité de 2019 après la chute de New-York, du Guerrier de l'Espace et du savoureux (et trop méconnu) Tank Girl

* Bruno
2èx

mercredi 23 mai 2018

SANS UN BRUIT

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"A Quiet Place" de John Krasinski. 2018. U.S.A. 1h30. Avec John Krasinski, Emily Blunt, Noah Jup, Millicent Simmonds, Cade Woodward.

Sortie salles France: 20 Juin 2018. U.S: 6 Avril 2018

FILMOGRAPHIE: John Krasinski est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 20 Octobre 1979 à Newton, Massachusetts, USA. 2018: Sans un bruit. 2016: La Famille Hollar. 2010-2012: The Office (TV Series: 3 episodes). 2009: Brief Interviews with Hideous Men.


Précédé d'une réputation dithyrambique auprès des critiques, Sans un bruit redore ses lettres de noblesse au cinéma horrifique adulte si bien que cette petite pépite d'angoisse et de tension redouble d'inventivité pour nous caler au siège avec une efficience optimale. Et ce en dépit de sa durée minimaliste (1h24 sans le générique) et d'un schéma narratif bien connu des amateurs (le survival en huis-clos avec son lot de stratagèmes offensifs et défensifs et effets-chocs récurrents). Car fort d'un concept génialement insolite (dans un monde post-apo, une famille et une sourde et malentendante vont tenter de déjouer la menace de créatures ultra sensibles au bruit), John Krasinski (réalisateur méconnu de Brief Interviews with Hideous Men et de La Famille Hollar) s'avère redoutablement inspiré pour donner chair à ses personnages démunis au sein du cadre exigu d'une ferme customisée. Sa configuration jalonnée de gadgets faisant notamment office de labo expérimental afin d'y déceler l'éventuelle faille des créatures. Le moindre bruit impromptu, le moindre accident domestique, le moindre objet tombé par inadvertance pouvant leur être fatal si bien que chaque membre familial eut été formé dans la vigilance, la patience, la discipline et l'esprit de solidarité. Par le truchement de cette menace meurtrière d'origine inconnue, on reste d'ailleurs fasciné par le design décharné de ces créatures comparables à des sauterelles mutantes et numérisées avec souci probant de réalisme.


Leurs nombreuses apparitions et agressions véloces provoquant une appréhension sensitive lorsque nos protagonistes sur le qui-vive se résignent à n'émettre aucun son en guise de survie. Maîtrisant une bande-son oppressante où chaque détail sonore nous distille une tension diffuse, et maîtrisant le non-dit des personnages statiques s'exprimant à travers le langage des signes, John Krasinski relance sans modération l'action horrifique dans de multiples directions impromptues. Et ce en départageant la famille (enfants livrés à eux mêmes au sein de la campagne, père à la recherche de ces derniers, mère repliée dans son foyer pour une raison maternelle) et en exploitant la disparité des décors (domestiques / naturels) plongés dans une obscurité à la lisière de l'onirisme (notamment à travers un jeu de lumières rutilants afin d'avertir le membre extérieur d'une situation de danger). Le jeu de cache-cache avec la peur (et le mutisme) atteignant parfois des sommets d'intensité lorsque nos protagonistes font preuve d'un héroïsme suicidaire pour se protéger mutuellement. Sur ce point, John Krasinski n'hésite pas non plus à tailler une carrure fragile à cette famille à la fois pugnace et désespérée si bien que certaines séquences poignantes provoquent une digne empathie jamais pathétique. L'intrigue mettant en exergue à travers ses personnages sévèrement ébranlés les valeurs familiales par le biais de l'amour, de la culpabilité, de la rédemption et du pardon.


Hurlements
Bourré d'idées retorses, de chausse-trappes (dont je tairais tout indice) et de péripéties alertes d'une intensité sensorielle, Sans un Bruit exploite au 1er degré la série B du samedi soir (rare pour ne pas le souligner !) à travers une intrigue linéaire oh combien charpentée si bien que chaque évènement horrifique se renouvelle fissa sous l'impulsion d'une bande-son aphone (ou autrement stridente) où le hurlement escompté tiendra lieu de délivrance ! 

* Bruno

lundi 21 mai 2018

PHANTASM 2

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Don Coscarelli. 1988. U.S.A. 1h37. Avec James LeGros, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Paula Irvine, Samantha Phillips, Kenneth Tigar.

Sortie salles France: 15 Février 1989. U.S: 8 Juillet 1988

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.


Une séquelle inutile aux antipodes de son illustre modèle (chef-d'oeuvre absolu du Fantastique moderne), Don Coscarelli privilégiant aujourd'hui la surenchère et la dérision sardonique (sans doute inspiré par les derniers exploits de Freddy Kruger) pour pallier son intrigue étique (jeu de cache-cache rébarbatif) dénuée de surprises, de suspense, d'angoisse et surtout d'intensité. Pour autant, grâce à 2/3 effets chocs convaincants et inventifs (les sphères volantes sont encore plus novatrices dans leur technologie meurtrière) et grâce sa dernière demi-heure homérique assez fluide, je peux comprendre qu'on puisse trouver le spectacle gentiment bonnard.

* Bruno
3èx

vendredi 18 mai 2018

CARGO

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Yolanda Ramke et Ben Howling. 2017. Australie. 1h44. Avec Martin Freeman, Anthony Hayes, Caren Pistorius, David Gulpilil, Susie Porter, Kris McQuade

Diffusion uniquement sur Netflix : 18 Mai 2018

FILMOGRAPHIE: Yolanda Ramke est une réalisatrice, scénariste et actrice américaine.
Ben Howling est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Cargo.


Produit par Netflix, Cargo retrace le cheminement de survie d'un père et de son nourrisson au sein d'une Australie post-apo infectée par un mystérieux virus. Les citadins mordus par des créatures humaines se transformant à leur tour en meurtriers assoiffés de sang. Avec l'aide d'une adolescente aborigène également en berne depuis la disparition de son père, Andy déambule dans la campagne à la recherche d'autres survivants et d'un éventuel havre de paix, aussi malingre soit son nouveau destin. Dépoussiérant le thème des infectés avec une ambition intègre si bien que Yolanda Ramke et Ben Howling parviennent à y imprimer leur personnalité avec une digne maturité puisque élevant le genre au 1er degré (exit donc les effets de manche grands guignolesques), Cargo est une heureuse surprise au sein du genre éculé, usé jusqu'à la corde. Ces derniers parvenant dès le préambule particulièrement oppressant (on peut d'ailleurs prêter d'une manière autrement suggérée un clin d'oeil à l'Enfer des Zombies) à planter leur univers mortifié et ses personnages en berne avec un réalisme naturaliste. Outre les idées inventives qui empiètent le récit (notamment en jouant sur le simulacre du danger afin de s'extirper des clichés) et la manière inédite de caractériser ces infectés dégingandés (ils passent par d'étranges étapes de convulsion et de mutation avant leur métamorphose atone), Cargo  tire parti de son humanisme fragile à travers le profil équivoque d'un père de famille de prime abord plutôt couard et pleutre dans son indécision à porter secours aux appâts humains tout en observant impuissant à la dégénérescence d'une terre infectée de l'intérieur.


Les auteurs y exprimant un message écolo, une métaphore anti-capitaliste à travers la beauté sauvage de l'Australie que l'homme blanc a corrompu par son instinct à la fois matérialiste et cupide. Et donc du point de vue pacifique de ces aborigènes particulièrement solidaires entre eux, Cargo leur rend humblement hommage en revenant aux sources de leur culture tribale où la famille, la cohésion, l'amour, le respect pour la nature et la spiritualité font partie de leur éthique pour se forger leur sens existentiel. L'intrigue abordant d'autre part le thème du racisme, de l'esclavage que certains détenus pâtiront sous l'impulsion opportuniste d'un fermier sans vergogne. Enfin, et pour parachever vers un final onirique aussi lumineux que bouleversant, Cargo est également rehaussé d'une intense amitié que se partagent Andy et Josie. Toute le récit dédié à leur résilience cultivant une initiation au courage, à la communication et à la confiance à travers les différences raciales. Martin Freeman  (dans une posture binaire crédible de par ses sentiments contradictoires) et la méconnue  Natasha Wanganeen (d'une candeur naturelle à travers l'acuité de son regard mélancolique) insufflant sans pathos une humanité prude. Entre désespoir (le suicide plane constamment sur leurs épaules puis à proximité d'autres survivants aussi exténués par le deuil, le cannibalisme et le pessimisme) et aspiration d'une terre nouvelle (à labourer).


Dur et cruel, fort et beau à la fois, Cargo redore dignement le genre horrifique à hauteur d'homme et de dame nature. 

* Bruno

mercredi 16 mai 2018

Un Eté d'Enfer

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Michael Shock. 1984. France. 1h44. Avec Thierry Lhermitte, Véronique Jannot, Daniel Duval, Corynne Charbit, Michel Devilliers, Nana Mouloudji.

Sortie salles France: 12 Décembre 1984 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIEMichael Schock est un réalisateur et acteur français né à Paris en 1948. 1978 : Trocadéro bleu citron. 1984 : Un été d'enfer. 1987 : Les Nouveaux Tricheurs.


"Emotion".
Polar français tourné à l'américaine parmi les vedettes de l'époque Thierry Lhermitte (à contre emploi en justicier en blouson de cuir ! ?) / Véronique Jeannot (fraîchement célébrée par la série TV Pause Café), Un Eté d'enfer fut un succès considérable à sa sortie avec ses 1 137 300 entrées. Moi même fis d'ailleurs le déplacement dans une salle un mercredi après-midi en compagnie d'un ami collégien. Raison pour laquelle aujourd'hui je ne peux pas vraiment être objectif puisque à l'époque j'avais pris beaucoup de plaisir à suivre les vicissitudes du détective Darland, aussi lambda et naïve soit son investigation ! Nanar pour les uns, plaisir innocent pour les autres, cette série B oscillant l'action et les bons sentiments pâtie d'une faible intrigue plutôt prévisible (Spoil ! bien que l'on soupçonne un faux dénouement tragique pour le sort de la disparue fin du Spoil). A savoir qu'une mère éplorée sollicite l'aide d'un détective privé afin de retrouver sa jeune fille droguée disparue 3 mois plus tôt. Pour autant, grâce à sa réalisation clinquante jalonnée de séquences clippesques (les séquences romanesque auquel le couple se prélasse en bord de mer) et grâce à l'attachant duo susnommé, Un Eté d'Enfer se suit sans déplaisir entre deux  séquences involontairement comiques (la rencontre timorée de Lhermitte et Jeannot autour d'un verre que celui-ci ne parvient pas à choisir, rire nerveux assurée, ah ah !).


L'intrigue malingre s'affublant en outre d'une récurrente mélodie sirupeuse que Debbie Davis chantonne à plusieurs reprises afin d'accentuer l'attrait charnel des amants en étreinte (on peut même entrevoir un bout de sein de Jeannot lors d'une séquence déshabillée, ouh là là !). Outre la complicité assez convaincante du duo romantique, le film bénéficie étonnamment de seconds-couteaux aux gueules burinées (le franc-tireur Daniel Duval en commissaire véreux) ou émaciées (le méconnu Michel de Viliers en dealer crapuleux). Parmi la présence très marquante de ce dernier, on peut d'ailleurs se remémorer LA séquence choc restée dans les mémoires par sa surprenante intensité dramatique. Ainsi, l'altercation au cours de laquelle Lhermitte finit par être forcé de sniffer une montagne de coke provoque encore aujourd'hui un malaise viscéral vertigineux. Raison pour laquelle le film écopa tout de même à sa sortie d'une interdiction aux - de 13 ans. Hormis quelques mini longueurs à mi-parcours du récit (la filature nocturne auprès des trafiquants à proximité du paquebot s'essouffle rapidement), Un Eté d'Enfer parvient donc modestement à divertir avec savoir-faire technique (slow motion stylisé en sus), même si aujourd'hui il ne contentera que les nostalgiques des années 80 ainsi que les amoureux de Véronique Jeannot qui ne fut alors jamais aussi radieuse que dans cet Eté d'Enfer.

Dédicace à mon camarade de classe Didier Top
* Bruno

mardi 15 mai 2018

DOWNRANGE

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ryuhei Kitamura. 2017. U.S.A. 1h29. Avec Kelly Connaire, Stephanie Pearson, Rod Hernandez, Anthony Kirlew, Alexa Yeames, Jason Tobias, Aion Boyd.

Sortie salles France: Prochainement.

FILMOGRAPHIE: Ryuhei Kitamura (北村 龍平) est un réalisateur, producteur et scénariste japonais né le 30 mai 1969 à Ōsaka (Japon). 1996: Heat After Dark. 1997: Down to Hell. 2000: Versus, l'ultime guerrier. 2002: Jam Films (segment The Messenger - Requiem for the Dead). 2002 : Alive. 2003 : Aragami. 2003 : Azumi.  200: Sky High. 2004: Longinus. 2004: Godzilla: Final Wars. 2006 : LoveDeath. 2008: The Midnight Meat Train. 2012: No One Lives. 2014: Lupin III. 2017: Downrange.


Sniper : Tireur d'élite armé d'un équipement spécifique et à la pointe de la technologie qui lui permet de prendre part à un affrontement, tout en étant embusqué et éloigné de ses cibles.

Survival horrifique prenant pour cadre exigu une portion de chaussée rurale auquel une poignée
d'ados s'y sont retranchés derrière la carrosserie de leur voiture, Downrange est une excellente surprise concoctée par l'habile artisan japonais Ryuhei Kitamur(Versus, Azumi, Midnight Meat Train). Intense, éprouvant et ultra sanguinolent de par ses FX artisanaux du plus bel effet, Downrage joue la carte de la série B explosive dans son florilège d'exactions criminelles qu'un sniper, planqué dans un arbre, perpétue en toute décontraction. Les quelques survivants constamment dans sa ligne de mire s'efforçant de trouver rapidement une issue de dernier ressort par le biais d'idées retorses convaincantes (smartphones, perchoir, pneu, briquet, frein à main, caisse à outils seront leurs principaux stratagèmes de défense), même si redoutablement couillues en pareille situation chaotique. Recrutant en prime des acteurs méconnus contournant habilement le stéréotype de l'ado décervelé (on est aux antipodes d'un Vendredi 13 avec son schéma narratif tracé d'avance), Ryuhei Kitamura  exploite son astucieux concept avec une efficacité structurée afin de maintenir le spectateur dans une tension en roue libre.


Si bien que nous nous familiarisons d'entrée de jeu à l'humanisme fébrile de ces protagonistes compromis par leurs sentiments contradictoires de désillusion et de pugnacité. Toute l'intrigue méchamment immorale n'étant qu'une initiation à leur survie, une épineuse épreuve de force aussi bien physique que morale. Et bien malin celui qui devinera qui parviendra à se prémunir des balles jusqu'au point d'orgue, notamment lorsque le cinéaste n'éprouve aucun remord à sacrifier les plus attachants ou vaillants, et qu'il relance en intermittence sa frénésie sanglante parmi l'intrusion de nouveaux protagonistes. Le jeu de l'assassinat affichant clairement une tournure sardonique auprès de leur sort précaire que la réalisation inventive renchérit à l'aide de cadrages alambiqués (pour ne pas dire extravagants à certains moments gorasses que l'on pourrait comparer à Evil-Dead !). Constamment haletant et épique dans son florilège de rebondissements cruels franchement impitoyables, Downrange ne possède aucun complexe pour afficher une ultra violence tantôt âpre (les râles d'agonie de la seconde victime distillent un malaise viscéral) au point d'y sacrifier l'innocence la plus fragile.


Complètement vrillé dans sa violence endémique et jusqu'au-boutiste de par le cynisme insidieux du sniper s'en donnant à coeur joie dans les provocations criminelles (entre fausse alerte et exécution sommaire), Downrange exploite avec astuces et dérision son génial concept de prise d'otages sous la chaleur écrasante du bitume maculé de sauce piquante. 

* Bruno

lundi 14 mai 2018

REVENGE. Prix de la Meilleure Réalisatrice, Catalogne.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Coralie Fargeat. 2017. France. 1h48. Avec Matilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchède, Avant Strangel.

Sortie salles France: 8 Février 2018.

FILMOGRAPHIECoralie Fargeat est une réalisatrice et scénariste française.
2017: Revenge.


                    Un "Rape and Revenge" made in France en pleine polémique "Wenstein" ! 

En dépit d'un concept morbide résolument grotesque et improbable (une victime empalée revenue d'entre les morts après sa chute d'une falaise, il fallait carrément oser !), Revenge est un sympathique Rape and revenge si bien qu'il s'agit de la première réalisation de Coralie Fargeat. Ultra gore en mode stylisé (pour ne pas dire cartoonesque), relativement charpenté au niveau de la mise en scène souvent inventive (notamment auprès de l'habile photogénie du désert accompagnée d'une photo contrastée) et scandé d'une bande-son (techno) percutante, Revenge parvient à soigner la forme puis maintenir l'attention grâce à la posture aguerrie de la victime en initiation de survie. La première partie s'attardant à sa situation moribonde de manière assez débridée si je me réfère à ses combines de fortune afin de tenter de rester en vie puis anticiper sa vendetta. De cette intrigue évidemment linéaire que l'on connait par coeur, la réalisatrice parvient donc à tisser assez d'efficacité autour du portrait de cette justicière stoïque (elle se retrouve seule contre trois dans un désert aride) que la jeune italienne Matilda Lutz parvient à rendre convaincant (à défaut d'être transcendante) de par la sobriété de son regard impassible. Et pour maintenir sa progression dramatique fébrile, Coralie Fargeat  relance l'intensité de l'action du point de vue des agresseurs parvenant par moments à s'extirper de leur situation précaire. Et ce même si la tension escomptée avait gagné à être plus étoffée, plus maîtrisée auprès d'une dramaturgie plus escarpée et réaliste.

* Bruno

vendredi 11 mai 2018

Hercule contre les Vampires / Ercole al centro della terra

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Mario Bava. 1961. Italie. 1h26. Avec Reg Park, Christopher Lee, Leonora Ruffo, George Ardisson, Marisa Belli, Ida Galli.

Sortie salles France: 9 Mai 1962. Italie: 16 Novembre 1961

FILMOGRAPHIEMario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire  , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Péplum hybride à la croisée du fantastique, de la comédie, de la romance, de l'aventure mythologique et de l'épouvante, Hercule contre les Vampires porte clairement la signature du maestro Mario Bava de par sa fulgurance flamboyante constamment fascinante. Si bien que ce dernier redouble de créativité inventive à varier ses décors baroques teintés de filtres rouges, verts, bleus, orangers. Le tout dans une harmonie picturale factuelle où l'oeil du spectateur ne cesse d'y être courtisé. Et à ce niveau purement contemplatif, Hercule contre les Vampires demeure un chef-d'oeuvre, un spectacle du samedi soir d'une inépuisable recherche stylisée comme seul le maestro su fréquemment le parfaire. Et ce en se renouvelant à chacun de ses projets, notamment afin d'y pallier ses carences budgétaires. Ce parti-pris esthétisant lui permet par ailleurs d'embellir son intrigue romantique avec ses personnages amoureusement tourmentés (Hercule et un de ses comparses tentent d'extraire de l'enfer leurs dulcinées séquestrées par le roi Lico) où la tendresse des sentiments fait la part belle aux plages d'onirisme gracieuses et capiteuses. 


Par conséquent, à travers son attachante intrigue testant la fiabilité amicale d'Hercule et de son compagnon en compromis avec leur passion amoureuse (en demi-teinte pour ce dernier), la bonhomie solidaire de leur héroïsme (notamment accompagné de leur bateleur badin gentiment pusillanime), le charisme ténébreux de Christopher Lee en sorcier infiniment insidieux, et l'attrait débridé ou baroque des situations occultes non avares de péripéties musclées (le combat improbable contre une créature de pierre ou cette invasion furtive de macchabées s'exhumant de leur caveau) concourent de nous parfaire (sans l'ombre d'une prétention) un spectacle aussi stimulant que dépaysant. Si bien que dans Hercule contre les Vampires c'est le Fantastique qui prédomine au sein du cadre antique du péplum ici décomplexé à exploiter les codes et les extraire de l'ornière dans une ambition latine à la fois exubérante et démesurée. On peut d'ailleurs largement vanter le côté génialement bricolé de ses FX artisanaux que Mario Bava exploite à merveille de par l'habileté du montage avisé, du cadre géométrique et de cette touche esthétisante nourrissant l'image pour retenir notre attention fureteuse. Bref, on reste donc constamment surpris, déconcerté, ébranlé par cette recherche formelle en constante mutabilité, de façon à perdre nos repères pour le bonheur du Fantasticophile ébaubi. 


Du cinéma de quartier imputrescible car sans égal. 
Eblouissante expérience occulte typiquement bisseuse auprès d'un onirisme baroque aussi halluciné qu'inusité (tels les branches de rameaux sectionnées pour y extraire du sang en beuglant leur douleur), Hercule contre les Vampires emprunte l'alibi du songe et de la fantasmagorie pour laisser libre court à une foisonnance du détail typiquement latine. A revoir d'urgence, de préférence en qualité HD de par sa rutilante beauté à couper le souffle, avec la trouble impression de découvrir une oeuvre étrange autrement dense, substantielle, sensuelle, vénéneuse. 

* Bruno
11.05.18. 3èx
14.06.22.

jeudi 10 mai 2018

BURN OUT

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Yann Gozlan. 2017. France. 1h43. Avec François Civil, Olivier Rabourdin, Manon Azem, Samuel Jouy, Narcisse Mame.

Sortie salles France: 3 Janvier 2018

FILMOGRAPHIEYann Gozlan est un réalisateur, scénariste et producteur associé français né le 28/03/1977 à Aubervilliers. 2010 : Captifs. 2015 : Un homme idéal. 2018 : Burn Out.


Série B d'action signée Yann Gozlan (Captifs, son premier essai bonnard), Burn out est une formidable surprise au sein du paysage français si féru des comédies familiales et drame sociaux rébarbatifs. A partir d'une intrigue simpliste (pour sauver son ex amie à rembourser une dette, un pilote de moto est contraint de livrer de la drogue pour des truands en sillonnant Rotterdam), Yann Gozlan redouble d'efficacité à conjuguer action et suspense au service du cheminement héroïque du jeune Tony contraint de parfaire des go-fast entre la France et la Hollande. Aux antipodes des actionner ricains jouant plein pot la gratuité de la surenchère et de la fioriture (Fast and Furious à titre d'exemple éloquent), Burn Out tire parti de son magnétisme grâce au caractère résolument réaliste de cette odyssée délinquante. Tant et si bien que l'incroyable lisibilité des séquences de poursuites (de jour et de nuit !) magnifiquement filmées en caméra subjective nous scotche à notre siège avec un sentiment d'immersion limite viscéral.


Le réalisateur renouvelant par ailleurs l'action vertigineuse à mi-parcours avec deux rebondissements successifs afin d'observer l'évolution morale de Tony embarqué contre son gré dans un chantage irréversible où la violence finira par éclater. L'intrigue incessamment captivante jouant au jeu du gendarme et du voleur sous l'impulsion de têtes d'affiche charismatiques, des gueules de truands taillés à la serpe endossant leur rôle véreux avec une sobriété anti-théâtrale. Au delà de la carrure virile de ses personnages burnés peu recommandables, le jeune François Civil en impose autrement dans son profil de motard fébrile endossant 3 fonctions à la fois (pilote sur les pistes motos et sur les autoroutes, puis salarié dans un entrepôt). Constamment sur le qui-vive du danger permanent lors de ses missions effrénées, puis peu à peu gagné par le burn-out faute de perdurer ses 3 emplois plein temps, François Civil parvient à nous transmettre une palette de sensations fortes (adrénaline, appréhension, désarroi limite dépressif) à travers la sueur de ses pores. On apprécie d'ailleurs en guise de causticité son vénéneux épilogue (que personne ne voit venir) nous poussant à réfléchir sur l'addiction de la vitesse et du danger à travers l'engrenage infectieux de la délinquance.


Pur divertissement d'action oppressante rondement gérée par une mise en scène maîtrisée (Yann Gozlan est un vrai talent à surveiller pour ses futurs projets), Burn out exploite intelligemment la série B avec souci singulier de réalisme et de vraisemblance (notamment à travers son casting méconnu irréprochable), si bien qu'il fait office de cas à part au sein du genre consensuel de l'actionner bourrin familièrement ballot. 

* Bruno