lundi 23 avril 2018

THE LIVING AND THE DEAD. Prix du Meilleur Film, Fantastic Fest 2006.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Simon Rumley. 2006. Angleterre. 1h23. Avec Roger Lloyd Pack, Leo Bill, Kate Fahy, Sarah Ball, Neil Conrich

Inédit en salles en France. Hollande: 28 Janvier 2006

FILMOGRAPHIE: Simon Rumley est un scénariste, réalisateur et auteur britannique né le 22 Mai 1968 à Londres. 2017: Crowhurst.  2016 Fashionista. 2016 Johnny Frank Garrett's Last Word. 2012 The ABCs of Death (segment "P Is for Pressure").  2011 60 Seconds of Solitude in Year Zero. 2011 Little Deaths (segment "Bitch"). 2010 Red White & Blue.2006 The Living and the Dead. 2002 Club Le Monde. 2001 The Truth Game. 2000 Strong Language


Production indépendante anglaise passée par la case Dtv chez nous, The Living and the Dead peut prêter à confusion de par son titre et son affiche plutôt inspirés par le genre horrifique. Car si son climat trouble et dérangeant ainsi que quelques séquences sanglantes l'effleurent, il s'agit principalement d'un drame psychologique que nous relate Simon Rumley avec souci de réalisme littéralement immersif. A la suite d'une absence de quelques jours, Donald Brocklebank laisse sa femme impotente dans son château en compagnie de son fils schizophrène. Souffrant d'un complexe d'infériorité à la suite d'une dispute avec son père, James Brocklebank va faire subir un calvaire à sa mère en s'efforçant de lui prêter main forte. Traitant du thème de la schizophrénie sous l'impulsion du jeu erratique de l'étonnant Leo Bill (récompensé du prix d'interprétation au Fantastic Fest), Simon Rumley cultive une mise en scène inventive (angles de vue souvent tarabiscotés ou expérimentaux) à travers un éprouvant huis-clos aussi bien tendu que cauchemardesque, notamment grâce à l'intensité du casting plutôt impliqué dans des rôles à la fois difficiles et douloureux.


De par la caractérisation fébrile des protagonistes démunis, sévèrement mis à mal dans leur conflit d'autorité et leur désir de supériorité, The Living and the dead provoque un malaise parfois viscéral de la part du déficient en proie à la rébellion dans sa condition irresponsable. Livrant une réflexion sur la place de celui-ci au sein de notre société, à savoir s'il est apte à se sociabiliser pour vivre en interne du cocon familial ou à contrario s'il doit être placé en centre spécialisé faute de sa trop grande susceptibilité, Simon Rumley met en exergue les rapports de force unissant un père et son fils déficient en insistant sur l'épineuse éducation parentale que les parents devront poursuivre pour le restant de leur jour. Et donc à travers leurs échanges tendus de communicabilité, le réalisateur nous dévoilera les conséquences dramatiques du poids des mots autoritaires et d'une attitude un peu trop drastique menant un schizophrène vers une déchéance morale, et ce jusqu'à commettre l'irréparable. Le réalisateur suivant de près (et donc parfois de manière subjective) les allées et venues du malade en proie aux crises de larmes, de peur et de démence, faute de sa terrible culpabilité morale dans sa condition d'exclusion et de son impuissance à s'extraire de sa propre prison mentale.


"Tous les esprits fonctionnent entre démence et imbécilité, et chacun, dans les 24 heures, frôlent ces extrêmes"
Drame familial intimiste résolument trouble, dérangeant et immersif à travers le parti-pris de l'auteur de nous imposer du cinéma d'auteur avec une originalité quasi baroque, The Living et the Dead témoigne d'une vraie sensibilité et fragilité auprès du comportement moral d'un schizophrène condamné à l'incompréhension, l'injustice et la solitude dans sa pathologie insoluble. Il en émane une oeuvre singulière difficilement oubliable si bien qu'on ne sort pas indemne de sa scénographie cauchemardesque afin de mieux nous confronter au désordre mental du malade. On en sort d'autant plus amère et bouleversé de témoigner de la déliquescence de celui-ci cédant à ses pulsions les plus nocives et explosives pour engendrer au final une folie contagieuse. Un témoignage choc à découvrir absolument ! 

* Bruno

Récompenses: Prix du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs maquillages pour Jackie Fowler, meilleur acteur pour Leo Bill et meilleur second rôle féminin pour Kate Fahy, lors du Fantastic Fest en 2006.
Prix Nouvelles Visions, lors du Festival international du film de Catalogne en 2006.

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