jeudi 15 mars 2018

LADY FRANKENSTEIN

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

"La figlia di Frankenstein" de Mel Welles et Aureliano Luppi (co-réalisateur non crédité). 1971. Italie. 1h40. Avec Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Muller, Peter Whiteman, Herbert Fux,

Sortie salles France: 16 Août 1973 (Paris). Italie: 22 Octobre 1971

FILMOGRAPHIEMel Welles est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur américain, né le 17 Février 1924 in New York City, New York, USA, décédé le 19 Août 2005 en Virginie, USA. 1977: Joyride to Nowhere. 1971 Lady Frankenstein. 1968 Les mercenaires de la violence. 1968 Llaman de Jamaica, Mr. Ward (uncredited). 1967 Le baron vampire. 1964 Un commerce tranquille. 1960 La petite boutique des horreurs (exterior sequences, uncredited). 1960 Code of Silence.


Perle rare du ciné Bis transalpin, Lady Frankenstein préfigure avec 2 ans d'avance le chef-d'oeuvre décadent de Paul Morrissey, Andy Warhol et Antonio Margheriti, Chair pour Frankenstein. De par ses éclats de violence gore typiquement latins, son climat malsain plutôt décomplexé et son soupçon de polissonnerie mâtiné de nécrophilie (voir la séquence couillue auquel Tania éprouve un orgasme sexuel lors d'un ébat meurtrier !). Bordélique en diable (le montage elliptique vaut son pesant de cacahuètes !), truffé d'incohérences, de dialogues intelligibles et de personnages sommaires pour autant attachants dans leur complicité romantico-meurtrière (le trio diabolique Tania / Marshall / Thomas) Lady Frankenstein baigne dans un climat de délire horrifique résolument "autre" pour qui idolâtre les nanars involontairement cocasses. Reprenant dans sa 1ère partie le schéma éculé du chef-d'oeuvre de James Whale (l'exhumation de cadavres par des fossoyeurs, les expérimentations organiques et la résurrection du monstre perpétrée par le créateur et son assistant sous une nuit orageuse), l'intrigue bifurque ensuite dans le n'importe nawak lorsque Tania, fille du défunt Dr Frankenstein s'efforce de convaincre l'adjoint de ce dernier d'offrir son propre coeur et son cerveau afin de lui créer l'être parfait pour ses appétits sexuels, et ce par l'entremise du jeune corps de Thomas.


Dès lors que celle-ci se glisse dans la peau d'une doctoresse criminelle (difficilement convaincante de par son inexpérience médico-scientifique, mais autrement glamoureuse dans son bagout séducteur), Lady Frankenstein aligne les situations aussi improbables que grotesques avec un sérieux inébranlable (à l'instar des récurrentes intrusions du commissaire présomptueux en investigateur infructueux !). Pendant ce temps, autour des nouveaux travaux de Tania et du Dr Marshall, le 1er monstre préalablement créé par Frankenstein déambule dans la nature et à proximité du village en s'empressant, tel un dément attardé, d'assassiner les villageois les plus imprudents. Avec sa trogne vérolée de pizza mal garnie aussi hilarante qu'un zombie de l'Avion de l'Apocalypse ou qu'un Bossu de la Morgue, notre monstre spaghetti affiche par ailleurs une mine de vengeur "toxic" infiniment irrésistible à chacune de ses extravagances meurtrières. Ce dernier beuglant et gesticulant à tout va pour mieux se faire remarquer et provoquer l'inutile effroi. Au-delà du jeu fantaisiste de cette icône pas si éloignée du cartoon, Lady Frankenstein affiche un esthétisme étonnamment soigné de la part de sa photo sépia et de ses décors domestiques d'un gothisme fiévreux. Une facture formelle assez capiteuse que renchérit en permanence l'actrice Rosalba Neri lors de ses apparitions insidieuses d'aguicheuse lubrique.


A la marge entre la série B et Z, Lady Frankenstein dépoussière maladroitement l'épouvante séculaire à renfort d'érotisme soft et de gore rubigineux. Pour autant, grâce à l'intégrité des  cinéastes et de seconds-couteaux au charisme saillant, ce délire typiquement latin distille un charme vénéneux assez corsé sous l'effigie d'un pitch involontairement impayable (et ce jusqu'à son épilogue sardonique !). Parangon d'une horreur spaghetti low cost "artisanale" et inopinément singulière, les inconditionnels de nanars devraient s'émoustiller sans relâche !

* Bruno

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