mardi 27 février 2018

LE RENARD. Golden Globe du Meilleur Film Etranger 1968

                                       Photo empruntées sur Google, appartenant au site stalkerjany.blogspot.fr

"The Fox" de Mark Rydell. 1967. U.S.A. 1h54. Avec Sandy Dennis, Anne Heywood, Keir Dullea, Glynne Morris.

Sortie salles France: 31 Juillet 1968 (Int - 18 ans). Canada: 13 Décembre 1967

FILMOGRAPHIEMark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.


Rareté introuvable ou presque si je me réfère à la générosité du blog Warning Zone de me l'avoir fait découvrir (même si dans un contexte aléatoire), Le Renard constitue à mes yeux une merveille de thriller psychologique dont l'atmosphère feutrée et son décor exigu peuvent rappeler par instants l'étonnant (et aussi méconnu) La Petite fille au bout du chemin, le chef-d'oeuvre l'Obsédé, ou plus reconnaissable, l'étrange et envoûtant Zombie venu d'ailleurs si bien qu'il s'agit (à ma surprise) de la déclinaison horrifique de l'oeuvre susnommée ! Et on peut dire qu'en terme de 1er essai derrière la caméra, Mark Rydell (réal discret mais pour autant notoire des célèbres The Rose, La Maison du Lac et de la Rivière) surprend par sa direction d'acteurs affûtée et l'inventivité de sa mise en scène (tels les divers angles dont s'impose le montage auprès de l'abattage d'un arbre) autopsiant un triangle amoureux assez tabou pour l'époque (raison pour laquelle le film fut interdit aux - de 18 ans dans l'hexagone). Recluses dans leur ferme, Jill et Ellen vivent communément une tendre complicité à l'abri des regards indiscrets. Si Jill ne cache pas sa tendresse auprès de sa compagne (en dépit de sa frigidité), Ellen commence à souffrir de sa solitude, notamment faute d'une frustration sexuelle. Alors qu'un renard rode régulièrement auprès de leur poulailler, un autre spécimen aussi rusé vient frapper un soir à leur porte pour leur solliciter l'hospitalité. Au fil des jours de complicité amicale, leur relation s'amenuise un peu plus lorsque l'inconnu finit subitement par avouer son amour auprès 
d' Ellen. 


Drame psychologique à la fois rugueux, douloureux et intense autour d'une lutte des sexes, Le Renard parvient avec un réalisme trouble à nous immerger dans les liaisons dangereuses d'un trio possessif en éveil d'affirmation. Le réalisateur dressant du point de vue masculin le portrait d'un machiste assez perfide pour parvenir à ses fins. Mais au-delà de l'aspect antipathique de cet unique personnage plutôt phallocrate, le Renard extériorise son potentiel dramatique dans la relation équivoque qu'entretient le couple de lesbiennes sexuellement refoulées. En abordant avec pudeur les thèmes de l'amour, du désir sexuel, de la jalousie et de la possessivité, le Renard s'alloue dès les prémisses d'un climat de déréliction ensorcelant au fil d'une intrigue progressivement poignante et oppressante. Les deux comédiennes superbement dépeintes entre révolte sentimentale et complexité morale parvenant à distiller une franche compassion auprès de leur amour conflictuel où le désespoir gagne un peu plus du terrain. Le cheminement narratif, incertain et hésitant auprès de leurs choix sentimentaux et de crainte de trahison, adoptant une tournure autrement plus grave de conséquences en second acte lorsque ces dernières vont enfin librement assumer leur saphisme depuis les intimidations du prédateur.


Oeuvre maudite si j'ose dire, de par son invisibilité et son absence de gratitude (en dépit de son Golden Globe du Meilleur Film étranger décerné un an après sa sortie), Le Renard demeure une perle rare de romance vénéneuse sous couvert d'un drame intimiste aussi cruel que bouleversant (l'épilogue glaçant imprégné d'amertume nous restant en travers de la gorge). Mais au-delà de son climat de langueur résolument envoûtant (rehaussé de la mélodie fragile de Lalo Schifrin), on peut saluer le jeu naturel du casting parvenant à nous familiariser auprès de leur accointance avec une dimension humaine malingre. Le trio assez insidieux endossant la fonction d'amants infortunés avides de sentiments depuis leur requête éperdue du désir sexuel, de l'équilibre moral et de la sécurité pécuniaire. A découvrir d'urgence ! 

* Bruno

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