mardi 16 janvier 2018

LA PROIE DE L'AUTOSTOP

Photo empruntée sur Google, appartenant au site clubdesmonstres.com

"Autostop Rosso Sangue" de Pascal Festa Campanile. 1977. Italie. 1h44 (uncut). Avec Franco Nero, Corinne Cléry, David Hess, Joshua Sinclair, Carlo Puri, Ignazio Spalla, Leonardo Scavino, Monica Zanchi.

Sortie salles U.S: 12 Juillet 1978. Le film a été classé X en France de 1978 à décembre 1981
Les diverses versions censurées à l'international: Canada, France: 82 mns. UK; 98 mns.

FILMOGRAPHIEPascal Festa Campanile est un réalisateur, scénariste et producteur italien, né le 28 Juillet 1927, décédé le 25 Février 1986. 1984: Uno scandalo perbene. 1983 Il petomane. 1983 Un povero ricco. 1982 Più bello di così si muore. 1982 Bingo Bongo. 1982 La fille de Trieste. 1982: Porca vacca. 1981 Culo e camicia. 1981 Personne... n'est parfait! 1981 Manolesta. 1980 Mon curé va en boîte. 1980 Le larron. 1980 Il ritorno di Casanova. 1979 Il corpo della ragassa. 1979 Week-end à l'italienne (segment "Domenica"). 1978 Gegè Bellavita. 1978 Come perdere una moglie e trovare un'amante. 1977 La proie de l'autostop. 1977 Cara sposa. 1976 Dimmi che fai tutto per me. 1976 La grande bagarre. 1975 En 2000, il conviendra de bien faire l'amour. 1974 La sculacciata. 1973: L'emigrante. 1973 Rugantino. 1972 La calandria. 1972 Jus primae noctis. 1972 Quand les femmes perdirent leur queue. 1971 Ma femme est un violon. 1970 Quand les femmes avaient une queue.  1970 Tu peux... ou tu peux pas? 1969 Scacco alla regina. 1969 Dove vai tutta nuda? 1968 L'amour à cheval. 1968 Il marito è mio e l'ammazzo quando mi pare. 1967 La ceinture de chasteté. 1967 La fille et le général. 1966 Adulterio all'italiana. 1966 Une vierge pour le prince. 1964 Avec amour et avec rage. 1964 Le sexe des anges. 1963 Amour sans lendemain.


Cinéaste italien prolifique, Pascale Festa Campanile est signataire de 43 longs-métrages, pour la plupart des oeuvres mineures destinées à divertir à l'instar de ses comédies polissonnes. Vilain petit canard, La proie de l'auto-stop s'avère son unique incursion dans le road movie "déviant", sans doute aussi afin de surfer sur le filon de quelques "interdits" sulfureux des Seventies parmi lesquels, La Dernière Maison sur la gauche, I spit on your grave, Chiens enragés, Week-end sauvage ou encore la bête tue de sang froidUn couple en discorde conjugale s'égare sur les routes bucoliques de Californie. Le mari, plutôt porté sur l'alcool, ne songe qu'à la violenter et l'insulter en guise d'impériosité. Cette dernière davantage délaissée lui tolère néanmoins ses exactions en espérant un avenir moins complaisant. Mais l'irruption fortuite d'un auto-stoppeur va au contraire les précipiter dans un jeu de provocations toujours plus délétères. Sur le canevas du road movie conjugué au western moderne, Pascale festa Campanile y transcende un survival immoral baignant dans le cynisme et la débauche morale. Celui-ci se focalisant sur la relation tendue entre deux otages et leur tortionnaire évoluant dans le cadre champêtre d'un climat solaire épargné de citadins et d'habitation. De par leur état d'âme corruptible et leur situation sociale précaire, le couple d'otages finira par effleurer la complicité, faute du conflit incongru entre les deux hommes ayant lamentablement échoué leur vocation professionnelle. Durant leur itinéraire impondérable centré sur le huis-clos exigu (l'habitacle d'une voiture tractant une caravane), les deux machiste au franc-parler dévastateur vont s'opposer à renfort de provocations aussi bien verbales que physiques. Leur posture risible émanant d'un complexe de supériorité avec comme motivation majeure la quête de soumission chez l'esprit le plus faible et fragile, en l'occurrence une aguicheuse paumée ballottée tous azimuts.


En prime, et pour renchérir l'esprit corrosif de cette farce ubuesque, l'auto-stoppeur (utopiste) sollicitera à l'époux de lui écrive un livre, une autobiographie sur ces frasques dépravées. Celui-ci subordonné à son bourreau se révélant un journaliste peu ambitieux, car tire-au-flanc, accroc à l'alcool et surtout assujetti à un méprisant égotisme. Au centre de ce duo primaire d'une rare médiocrité, la jeune femme soumise fait office d'objet sexuel lors de leur compétition machiste. L'intrigue linéaire pour autant constamment efficace et tendue chez la psychologie de ces misanthropes et de la femme incapable de s'affirmer tient donc en haleine grâce à leur confrontation sur le fil du rasoir. Durant le périple, quelques incidents impromptus vont d'autre part leur permettre de les mettre à l'épreuve meurtrière de par leur penchant pour la dégradation morale où les coups les plus couards seront permis. L'itinéraire sans issue s'acheminant à la tragédie sardonique auprès du dénouement nihiliste où les rôles vont être amenés à s'inverser ! (la dernière image est à ce titre diablement éloquente !). Dans celui du journaliste moustachu vil, rustre et persifleur maltraitant à sa guise sa femme tel un pantin, Franco Nero est détestable d'hypocrisie et de lâcheté Spoil ! et ce jusqu'à ces agissements de dernier ressort d'une audace amorale Fin du Spoil. Psychopathe inculte à la fois décérébré et vicié, David Heiss lui partage la vedette avec le charisme licencieux qu'on lui connait dans ce genre de rôle sans vergogne fondé sur l'exaction criminelle et la débauche sexuelle. Concupiscente en diable dans une fausse innocence et d'une charnalité plantureuse, Corinne Cléry y symbolise la potiche victimisée en dépit d'une certaine ambiguïté masochiste à se laisser trop facilement livrer aux abus sexuels des 2 lurons (face au témoignage impuissant de son époux ligoté, simule t'elle vraiment l'orgasme afin de se venger de ces années d'humiliation conjugale ?). La scène du viol volontairement provocante mais habilement sobre lors des ébats et échanges de regards complices restant un modèle de perversité où chaque témoin s'y condamne un peu plus. On peut aussi noter l'aspect quelque peu ironique du score d'Ennio Morricone afin de grossir le trait mesquin de la situation de soumission (celle équivoque de l'épouse mais aussi du mari contraint de la reluquer sans pouvoir lui porter secours).  


Affreux, sales et méchants
Avec sa bande-son disparate "pop et banjo" sensiblement en décalage avec son cheminement dramatique, La Proie de l'auto-stop est une de ces séries B impertinentes à l'aura de souffre toujours plus palpable (son final trivial nous laissant sur le bitume de la déconvenue !). Une oeuvre insolente à la liberté de ton provocatrice dans son alliage de cynisme lubrique et de violence escarpée flattant les bas instincts du marginal le plus irresponsable. Sous couvert de Road trip d'exploitation typiquement transalpin (notamment à travers le sous-genre du Rape and revenge s'invitant en fin de parcours) y émane une oeuvre culte particulièrement vrillée que Pascale Festa Campanile imprime sans complexe avec une personnalité résolument sarcastique. 

Bruno
16.01.18. 3èx
08.03.11. (975 v)

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