mardi 28 novembre 2017

BRAWL IN CELL BLOCK 99

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site amctheatres.com

de S. Craig Zahler. 2017. U.S.A. 2h12. Avec Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Don Johnson, Udo Kier, Marc Blucas, Tom Guiry

Sortie salles France: prochainement. U.S: 6 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: S. Craig Zahler est un réalisateur et scénariste américain né le 23 Janvier 1973 à Miami, Floride. 2015: Bone Tomahawk. 2017: Brawl in cell Block 99. 


Le pitch: A la suite d'un licenciement professionnel, Bradley, ancien malfrat, renoue avec l'illégalité afin de subsister aux besoins de sa famille. Mais lors d'une opération nocturne, un concours de circonstances meurtrières va le mener derrière les barreaux du Block 99.

2 ans après l'excellente surprise Bone Tomahawk, western horrifique justement récompensé du Grand Prix à Gérardmer, S. Craig Zahler rend cette fois-ci hommage au film de prison par la lucarne du cinéma d'exploitation des années 70, et ce tout en y imprimant sa propre personnalité. Méga trip émotionnel conçu sur un réseau de châtiments inhumains qu'un prisonnier (réduit à l'état) primitif va endurer avant de parfaire son stratagème punitif, Brawl in cell Block 99 renouvelle les codes du drame carcéral sous l'impulsion d'une ultra violence à la fois décomplexée et caustique exprimée par un jeu d'acteurs aussi sobres qu'outranciers. Outre l'aspect fun des seconds-rôles extravagants qu'on croirait issus d'un Nazisploitation (je songe à la défroque ébène des gardiens fascistes adeptes d'une torture survoltée), Vince Vaughn monopolise l'écran de sa carrure râblée et son regard impassible non dépourvu de noblesse lorsqu'il s'agit d'honorer ses codes de conduite bâtis sur la confiance, l'indulgence et le respect d'autrui. D'une rage contenue et donc d'un flegme impressionnant, l'acteur laisse ensuite exprimer un tsunami de violences d'une intensité jouissive lorsqu'il se voit contraint d'y céder faute d'un enjeu familial précaire. Et pour revenir à son ultra violence gore toujours plus "second degré", le réalisateur opte pour un graphisme artisanal volontairement perfectible (exit donc tout effet numérique !), et ce afin aussi de désamorcer la brutalité d'une violence aussi bien insoutenable qu'ubuesque. On se rapproche donc au fil de l'action vers un cartoon live avec cependant une touche de réalisme inopinément acérée ! 


Pour autant, au préalable, nous étions déjà captivés par sa structure narrative finement détaillée avec un réalisme documenté. S. Craig Zahler prenant son temps en premier temps à planter l'intrigue et sa scénographie urbaine dans une banalité quotidienne pour y brosser le profil galvaudé d'un licencié infortuné renouant avec son passé illégal mais nanti de principes et valeurs afin d'amadouer le spectateur. Tant auprès de sa clémence pour une question d'adultère que de son refus d'y sacrifier l'innocence lors d'une mission de routine. Maîtrisant scrupuleusement les faits et gestes de Bradley au sein du cocon conjugal et lors de ses transactions avec un ponte de la drogue (comptez 45 minutes avant qu'il ne pénètre dans l'enceinte du pénitencier), S. Craig Zahler parvient à magnétiser l'espace grâce au jeu rigide de Vince Vaughn très impliqué dans son rôle de trafiquant loyal et d'une foule de seconds-rôles contrairement extravagants par leur charisme patibulaire (notamment la présence saillante de Don Johnson quasi méconnaissable en directeur psycho-rigide et de l'ange diabolique Udo Kier en septuagénaire pédant). Volontairement improbable quant au lieu de l'action (et revirements) se déroulant enfin dans une prison à sécurité maximale à faire pâlir de jalousie les geôliers de Midnight Express, Brawl in cell block 99 carbure ensuite à l'adrénaline à renfort d'action démesurée et effrontée (Bradley est littéralement increvable en n'accordant nul pitié à ses ennemis !). Et ce pour le plus grand bonheur du spectateur impliqué dans un cauchemar carcéral aux effluves rubigineuses, son décorum insalubre nous diluant parfois la nausée par son acuité de réalisme.


Grindhouse
Pur divertissement d'exploitation conjuguant avec intense efficacité drame carcéral, romance et action hyperbolique, Brawl in cell Block 99 laisse libre court au défouloir d'une vendetta aussi bien sordide que jubilatoire (tous les coups sont permis jusqu'à en perdre la tête !!!) tout en rendant un vibrant hommage à une époque révolue (ses tubes de Soul music rappelleront bien des souvenirs aux spectateurs friands de Blaxploitation et consorts). Une bombe d'ultra violence vrillée notamment  influencée par la touche sardonique d'un Tarantino.

@ Bruno

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