vendredi 13 octobre 2017

MORTS SUSPECTES

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Coma" de Michael Crichton. 1978. U.S.A. 1h53. Avec Geneviève Bujold, Michael Douglas,
Elizabeth Ashley, Rip Torn, Richard Widmark, Lois Chiles.

Sortie salles France: 28 Juin 1978. U.S: 6 Janvier 1978

FILMOGRAPHIE: Michael Crichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles. 1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).


Thriller médical diablement ficelé sous l'autorité du maître du genre; l'écrivain et réalisateur Michael Crichton (on lui doit le sympathique Runaway, l'évadé du Futur, le formidable La Grande Attaque du train d'or et les génialement visionnaires Mondwest et Looker !), Morts Suspectes (on lui préfère son titre US plus concis et pertinent) est une machine à suspense haletante sous l'impulsion d'une Geneviève Bujold omniprésente dans sa fonction investigatrice. Médecin chef dans un éminent hôpital, Susan Wheeler s'inquiète de nombreux cas inexpliqués de comas durant toute l'année écoulée. Toujours plus suspicieuse à l'idée d'une conspiration depuis la mort subite de son amie d'enfance, elle tente de convaincre son compagnon que sa paranoïa n'est nullement le fruit de son imagination. S'efforçant scrupuleusement, avec réalisme et dextérité, à retranscrire la lente dérive morale de l'héroïne en proie à une paranoïa grandissante quant à son interrogation sur ses morts cérébrales inexpliquées, Morts Suspectes joue de prime abord la carte de la suggestion avec souci documenté. Il s'agit d'ailleurs à mon sens de la meilleure partie du récit dans son art de cultiver  angoisse est inquiétude sous-jacentes (tant auprès des maigres indices que des énigmes en suspens que l'héroïne s'efforce de reconstituer) sans avoir recours aux traditionnelles ficelles du genre.


L'amant de Susan (que campe sobrement le jeune Michael douglas), en proie aux chamailleries conjugales avec cette dernière, cultivant notamment une certaine densité à l'intrigue quant à sa perplexité de se laisser convaincre par elle en crise parano, quand bien même le spectateur est peut-être en droit de lui suspecter une éventuelle complicité auprès des trafics de cadavres. Intrigant et subtilement anxiogène quant aux portraits chafouins d'autres membres médicaux redoublants de vigilance et d'interrogation sur le rôle accusateur de Susan, Morts Suspectes distille un suspense progressif au fil des stratégies illégales de celle-ci délibérée à découvrir le fin mot de l'énigme avec une audace vaillante. La seconde partie, beaucoup plus haletante et nerveuse mais pour autant conventionnelle dans sa trajectoire de survie éculée, décuple suspense et tension lors d'une course-poursuite tentaculaire que Susan prolonge avec autant de pugnacité que de crainte et désarroi. Exploitant astucieusement les décors hospitaliers constituées de chambres froides, corridors, sous-sols et conduits que l'héroïne ne cesse de parcourir afin de déjouer l'ennemi et repérer le nid du poison (le fameux monoxyde carbone !), Michael Crichton ne laisse aucun répit au spectateur plongé dans un survival médical certes plutôt classique dans ce second acte (même si l'anticipation pointe agréablement le bout de son nez !) mais pour autant redoutablement efficace et réservant en dernier ressort un éprouvant rebondissement lorsque Susan risque de trépasser sur la table d'opération.


Formidable machine à suspense impeccablement menée et agrémentée de quelques péripéties particulièrement tendues, Morts Suspectes emprunte les thèmes de la corruption médicale au profit de savants fous cupides au sein d'un contexte moderne tristement actuel. Renforcé d'une solide distribution (principalement Geneviève Bujold plutôt viscérale dans son jeu parano et ses bravoures physiques), ce petit classique des seventies reste donc plus de 4 décennies plus tard toujours aussi palpitant et captivant en dépit de quelques scories. 

Bruno Dussart
3èx

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire