lundi 12 juin 2017

UN SAC DE BILLES

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Christian Duguay. 2017. France/Canada/République Tchèque. 1h52. Avec Dorian Le Clech, Batyste Fleurial Palmieri, Patrick Bruel, Elsa Zylberstein, Bernard Campan, Kev Adams, Christian Clavier.

Sortie salles France: 15 Janvier 2017

FILMOGRAPHIE: Christian Duguay est un réalisateur, directeur de la photographie, monteur et compositeur québécois, né en 1957 à Montréal (Québec, Canada). 1991: Scanners II. 1992: Scanners III. 1992 : Live Wire. 1995: Planète hurlante. 1997: Contrat sur un terroriste. 2000: L'Art de la guerre. 2002: The Extremists. 2007: Suffer Island. 2013: Jappeloup. 2015: Belle et Sébastien, l'aventure continue. 2017 : Un sac de billes.


Evoquant avec beaucoup d'émotions la fuite de deux enfants juifs de Paris durant l'occupation allemande en 42, Un sac de billes relate leur parcours d'endurance sans s'apitoyer sur leur sort. Réalisateur éclectique natif du Quebec à qui l'ont doit Scanners 2 et 3, Planète Hurlante, l'Art de la Guerre et Belle et Sébastien, Christian Duguay réadapte le roman de Joseph Joffo avec un humanisme plein de sensibilité quant au portrait d'une famille juive incessamment ballottée par le spectre du nazisme. L'histoire étant bâtie du point de vue des enfants délocalisés d'une région à une autre pour fuir la mort, on peut compter sur l'innocence naturelle de Dorian Le Clech et Batyste Fleurial Palmieri afin de provoquer la vibrante empathie chez deux frères solidaires. De par leur posture fragile et torturée à redouter le pire mais toutefois jamais avares d'espoir et de courage dans leur initiation de survie que leur père est parvenu à inculquer avant de les lâcher dans une nature hostile. 


D'une belle sobriété dans un rôle paternel prévenant à l'idée de préserver leur vie, Patrick Bruel surprend agréablement par sa posture autoritaire pleine de dignité, quand bien même son visage buriné de quinquagénaire sur le qui-vive nous impose une intensité faciale quant à l'irruption improvisée des allemands chez son cocon familial. En épouse aimante d'origine russe et en mère aussi attentionnée, Elsa Zylberstein lui partage la vedette avec pudeur et assurance si bien qu'elle se révèle parfois poignante à préserver la vie de ses enfants avec un désespoir sous-jacent. Quant à la participation secondaire de Kev Adams dans un court rôle, j'ai été extrêmement surpris par sa spontanéité et sa fringance à se fondre dans le corps d'un résistant amical (sa relation avec Joseph et Maurice), et ce avant de laisser exprimer des émotions rigoureuses autrement contradictoires pour sa prochaine fonction victimisée. 


De par sa réalisation plutôt consciencieuse (notamment lorsque Christian Duguay ausculte les regards contrariés par le biais d'un habile montage) et sa jolie reconstitution agrémentée de paysages ruraux ensoleillés, Un sac de billes se réserve le patho autour de séquences émotionnelles parfois intenses (Bruel martyrisant un court instant son fils afin de tester sa résilience face à l'ennemi) ou cruelles (les exécutions de juifs face aux regards infantiles). Leçon de courage et d'espoir d'après l'histoire vraie d'une initiation à la survie de la guerre, Un sac de billes nous rappelle avec force, retenue (en dépit d'une violence parfois difficile) et devoir de mémoire la condition extrêmement précaire du peuple juif Français durant l'occupation nazie (quand bien même les collabos ne manquaient pas de trahir les siens en guise de racisme !). Le score au clavier d'Armand Amar rehaussant notamment l'émotion fragile que nous procurent avec humilité chaque acteur intelligemment dirigés pour insuffler un humanisme à fleur de peau auprès des valeurs fraternelles et familiales.  

Eric Binford

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