mardi 9 mai 2017

GET OUT

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Jordan Peele. 2017. U.S.A. 1h44. Avec Daniel Kaluuya, Zailand Adams, Allison Williams, Catherine Keener, Erika Alexander, Bradley Whitford, Caleb Landry Jones.

Sortie salles France: 3 Mai 2017. U.S: 24 Février 2017

FILMOGRAPHIEJordan Haworth Peele, né le 21 février 1979 à New York, est un acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Get Out.


Précédé d'une bande-annonce aussi alléchante que prometteuse et d'une réputation élogieuse dès sa sortie salles (suffit de jeter un rapide coup d'oeil sur la notation de Rotten Tomatoes), Get Out est le nouveau phénomème horrifique outre-atlantique que le réalisateur novice Jordan Peele est parvenu à transfigurer avec un brio avisé. Tant et si bien qu'il s'agit de son premier essai derrière la caméra après avoir exercé les métiers d'acteur et d'humoriste. Sans déflorer le moindre indice du scénario aussi roublard et original que génialement machiavélique (même si l'influence des Femmes de Stepford est infaillible !), Get Out débute comme une agréable romance autour d'un couple interracial que forment Rose, jeune fille issue d'une classe bourgeoise, et Chris, un afro-américain équilibré et prévenant. Délibérée à le présenter à ses parents le temps d'un week-end, Chris accepte gentiment la proposition. Alors que les parents et le frère de Rose font preuve d'ironie impudente auprès de lui, l'ambiance néanmoins chaleureuse et bon enfant va rapidement bifurquer à la paranoïa, notamment parmi la posture inquiétante des deux domestiques afros-américains trop affables pour être honnêtes. Bijou de suspense horrifique entièrement dédié à la caractérisation interlope de seconds-rôles hyper convaincants, de par leur charisme saillant et leurs expressions neutres, Get out parvient à diluer un délicieux parfum de mystère, d'angoisse et de tension latente autour d'un Chris contemplatif, car témoin malgré lui d'évènements aussi troubles que nonsensiques.


Ce vénéneux climat d'étrangeté que parviennent à extérioriser l'assemblée bourgeoise (notamment leur réunion amicale instaurée dans le jardin) ainsi que les deux domestiques (à la fois évasifs, taiseux et faussement rassurants !) nous immerge subtilement dans un cauchemar anxiogène toujours plus palpable quant au cheminement investigateur de Chris en remise en question raciale. Emaillé de séquences dérangeantes d'une intensité psychologique, l'intrigue alterne quelques situations affolantes de comportements erratiques du point de vue secondaire des noirs faisant office de majordome ou attentionné auprès d'une gente sclérosée. Observant avec une habile attention la montée en puissance de la paranoïa de Chris (notamment lorsqu'il s'efforce d'alerter timidement sa petite amie en évitant de surdramatiser ses potentielles divagations !), Jordan Peele brosse son portrait à la fois fébrile et vulnérable sous l'impulsion spontanée de l'acteur Daniel Kaluuya crevant l'écran parmi ses expressions de crainte et de doute, de constance et de vaillance. Et ce avant que l'horrible piège ne se referme sur ses frêles épaules avec un sentiment d'impuissance viscérale que le spectateur témoigne avec autant d'appréhension, quand bien mêmes les soudains éclairs de violence nous mettront à rude épreuve morale. Au-delà de son réalisme cauchemardesque lestement diffus et du climat malsain du contexte aussi singulier, Jordan Peele se permet en prime de désamorcer par intermittence l'angoisse des situations par des saillies d'ironie génialement cocasses (l'improbable déposition de l'ami de Chris face au trio de flics noirs retenant difficilement leur sérieux !).


Satire caustique sur le racisme (en ces temps sinistrosés de haine et d'intolérance) par le biais d'un esclavage moderne, Get Out transcende l'outil horrifique avec autant de maîtrise technique (on peut parler de modèle de mise en scène, voir de coup de maître) que d'intelligence retorse si bien que l'angoisse des situations émane toujours de la caractérisation comportementale des personnages sournois (l'ombre de Rosemary's Baby planant aussi bien sur leurs épaules !). Et à ce titre, il faut autant prôner le jeu incroyablement percutant des comédiens se délectant à se fondre dans la peau de leur personnage avec une intensité faciale redoutablement perfide. Quant au scénario aussi bien glaçant de cynisme que génialement débridé, il s'agit là d'un des plus originaux que l'on ait vu depuis longtemps. A l'instar de cette anthologique séance d'hypnose ou encore de l'impuissance de la domestique à tenter d'extérioriser subitement un appel à l'aide !

Bruno Dussart

La critique de Gilles Roland: http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-get-out/


de Bryan Forbes. 1974. U.S.A. 1h50. Avec Katharine Ross , Paula Prentiss, Peter Masterson, Nanette Newman, Tina Louise, Carol Eve Rossen, William Prince, Carole Mallory, Toni Reid, Judith Baldwin.

Date de sortie: 12 février 1975 (USA)

FILMOGRAPHIE: Bryan Forbes est un réalisateur de cinéma britannique, également acteur, producteur et scénariste, né John Theobald Clark à Londres le 22 juillet 1926.
1961 : Whistle Down the Wind , 1962 : La Chambre indiscrète,1964 : Le Rideau de brume,1964 : L'Ange pervers,1965 : Un caïd, 1966 : Un mort en pleine forme,1967 : Les Chuchoteurs,1968 : Le chat croque les diamants, 1969 : La Folle de Chaillot, 1971 : The Raging Moon, 1975 : Les Femmes de Stepford, 1976 : The Slipper and the Rose, 1978 : Sarah,1980 : Les Séducteurs   1982 : Ménage à trois, 1984 : The Naked Face, 1990 : The Endless Game (tv)


Desperate Housewives
Adapté d'une oeuvre originale de Ira Levin (Rosemary's Baby), Les Femmes de Stepford demeure une satire caustique sur le sexisme, un tableau saugrenu sur la phallocratie évoquée au travers d'un récit d'anticipation horrifique. D'ailleurs, le sujet singulier si fascinant engendra une pléthore de séquelles parmi lesquelles The Revenge of the Stepford Wives (téléfilm de 1980), The Stepford ChildrenThe Stepford Husbands ou encore le remake aseptique de Frank Oz réalisé en 2004. Un couple vient s'installer dans la bourgade verdoyante de Stepford, petit village situé dans le Connecticut où il fait bon vivre calme et sérénité. Joanna se lie d'amitié avec les voisines du quartier, particulièrement Bobby, une jeune femme extravertie et affranchie n'hésitant pas à critiquer l'attitude atone de certaines de ses collègues. Au fil des semaines, notre duo ne va pas tarder à s'inquiéter du comportement non-sensique de ces dernières.  


Précurseur de l'illustre série TV Desperate Housewives si j'ose dire, Bryan Forbes surprend autant qu'il déconcerte à travers cette version vitriolée de la guerre des sexes. Passée sa première partie ne laissant rien supposer de la montée en puissance du cauchemar domestique, Les Femmes de Stepford amorce doucement une ambiance trouble progressivement diffuse. Ces différents portraits caustiques impartis à la "famille modèle" empruntant le cheminement de l'irrationnel pour mieux duper et déranger le spectateur. Un parti-pris couillu afin de dénoncer avec incongruité la place de la femme soumise au sein du foyer conjugal lors d'une époque en mutation sociale. La charge est féroce, jusqu'au boutiste, à l'instar de sa conclusion aigre (quand bien même le scénario originel envisagé par William Goldman était encore plus horrifiant !). L'intrigue héritée d'un épisode de la Quatrième dimension insufflant une intensité dramatique autour d'une caractérisation corrosive de discordes conjugales en proie au non-sens. Cette tension insolite ira d'ailleurs en crescendo pour converger vers un dernier acte proprement opaque. D'un charisme saillant, mature et sensuel, notamment parmi l'intensité de son regard noir gagné de contrariété, Katharine Ross incarne avec force de caractère le rôle d'une ambitieuse photographe sensiblement attirée par l'angoisse d'une improbable découverte au point d'en bouleverser sa propre destinée ! 


Soit belle et tais-toi. 
Nonobstant une mise en place quelque peu poussive des personnages et la langueur (volontaire) du 1er acte, Les Femmes de Stepford constitue une bobine d'étrangeté singulière culminant vers l'effroi d'un dénouement inattendu si bien que le spectateur se partage entre malaise et empathie pour la condition de ces "femmes objets". La solidité de sa distribution aussi bien photogénique (la trop rare et méconnue Katharine Ross en tête !), l'aura insolite émanant de l'intrigue à rebondissements ainsi que son point d'orgue horrifique anti happy-end laissent en mémoire un pastiche corrosif sur l'émancipation féminine durant la révolution des Seventies. A redécouvrir avec vif intérêt, les Femmes de Stepford étant l'une des oeuvres les plus débridées de son époque frappée d'un réalisme audacieux et d'idées à revendre ! 

Eric Binford
11.01.11. 2èx

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