mardi 21 mars 2017

L'EFFROYABLE SECRET DU DR HICHCOCK

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrormagazine.it

"L'Orribile segreto del Dr. Hichcock" de Riccardo Freda. 1962. Italie. 1h29. Avec Robert Flemyng, Barbara Steele, Montgomery Glenn, Harriet White, Teresa Fitzgerald, Spencer Williams.

Sortie salles France: 9 Décembre 1964. Italie: 30 Juin 1962

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (né le 24 février 1909 à Alexandrie, Égypte - mort le 20 décembre 1999 à Rome) est un réalisateur, scénariste et acteur italien. 1942 : Don César de Bazan
1945 : Toute la ville chante. 1946 : L'Aigle noir. 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne. 1948 : Le Cavalier mystérieux. 1949 : Le Fils de d'Artagnan. 1951 : La Vengeance de l'aigle noir. 1951 : Trahison. 1953 : Spartacus. 1953 : Les Mosaïques de Ravenne. 1954 : Théodora, impératrice de Byzance. 1956: Le Chateau des amants maudits. 1956 : Les Vampires. 1959 : Caltiki, le monstre immortel. 1960 : Le Géant de Thessalie. 1961 : Les Mongols (coréalisateur). 1961 : Le Géant à la cour de Kublai Khan. 1962 : Sept épées pour le roi. 1962 : Maciste en enfer. 1962 : L'Effroyable secret du docteur Hichcock. 1963 : Le Spectre du professeur Hichcock. 1964 : Les Deux Orphelines. 1964 : Roméo et Juliette. 1965 : L'Aigle de Florence. 1965 : Coplan FX 18 casse tout. 1966 : Roger la Honte. 1967 : Coplan ouvre le feu à Mexico.


Hymne au gothisme italien que Riccardo Freda transcende avec une maestria indiscutable, l'Effroyable secret du Dr Hichcock est un régal visuel de tous les instants sous la ciselure d'un suspense latent littéralement captivant. Entretenant de troublants rapports nécrophiles avec sa complice épouse, le Dr Hichcock intente à la vie de cette dernière après lui avoir administré son traditionnel anesthésiant lors de ses expériences sexuelles. Frappé par ce deuil sentimental, il décide de se retirer de sa demeure pour laisser les clefs à sa gouvernante. 12 ans plus tard, de nouveau marié avec la jeune Cynthia, il retourne dans sa vieille demeure en compagnie de sa fidèle domestique. Seulement, cette dernière eut offert entre temps l'hospitalité de sa soeur atteinte de démence et secrètement confinée dans une chambre. A la tombée de la nuit, Cynthia est victime d'étranges évènements, à moins que tout ceci ne soit le fruit de son imagination depuis la mort de son père. Fort d'une intrigue à suspense remarquablement charpentée instaurant en intermittence quelques rebondissements que n'aurait pas renié sir Alfred Hitchcock, l'Effroyable secret du Dr Hichcock nous entraîne dans une diabolique machination sous l'impulsion de personnages aussi interlopes qu'équivoques.


A ce titre, sa distribution charismatique s'avère en tous points infaillible comme les confirment les postures sinistres de Robert Flemyng (délectable en ambitieux chirurgien à la mine renfrognée) et de Harriet White (inoubliable en domestique timidement affable, taiseuse et chafouine). Quand bien même la scream girl Barbara Steele renoue avec ses talents vocaux pour exprimer l'effroi par le biais de sa plastique ensorcelante eu égard de son immense regard ténébreux ! Impliquée dans une posture fragile, l'actrice déploie un jeu nuancé d'appréhension, de perplexité et de désarroi face aux sombres évènements qui intentent à sa tranquillité. Formellement splendide, tant auprès de ses magnifiques décors domestiques que de ses éclairages stylisés à la lisière du surnaturel, L'Effroyable secret... envoûte les yeux par son climat gothique à la fois vénéneux et expérimental (lumières criardes subitement variantes d'un plan à un autre). Audacieux par son propos scabreux, Riccardo Freda exploite la thématique de la nécrophilie de manière tacite plutôt qu'explicite. Car si le prologue ainsi qu'une autre séquence d'étreinte sépulcrale ne fait aucun doute quant aux déviances sexuelles du Dr Hichcock, le réalisateur préfère ensuite les occulter au profit d'une ossature narrative calibrée non avare de péripéties et d'obscures interrogations. A l'instar de l'éventuelle implication de la gouvernante et du mystérieux premier cadavre (à la chevelure brune) qu'Hichcock exhume de sa tombe en pleine nuit. Solidement mis en scène avec autonomie, Riccardo Freda offre ses lettres de noblesse à un gothisme moderne et épuré (Argento aurait pu notamment s'en inspirer pour ses futurs travaux baroques !) tout en rendant hommage au maître du suspense dans sa mécanique aussi bien huilée que machiavélique. D'ailleurs, le final terrifiant dévoilant l'envers des masques perfides s'avère d'autant plus impressionnant sous le pilier du thème Spoil ! du vampirisme fin du Spoil quand bien même l'audace d'une prochaine mise à mort à la fois cruelle et malsaine nous ébranle en tenant compte aussi du contexte de l'époque !


Diamant noir du gothisme transalpin à la perversité raffinée, l'Effroyable secret du Dr Hichcock perdure son pouvoir hypnotique par sa fulgurance stylisée, le jeu inflexible des comédiens et la dextérité d'une intrigue fétide en dépit d'éventuelles incohérences que Riccardo Freda préfère peut-être occulter afin d'alimenter ambiguïté et mystère. Un chef-d'oeuvre immuable que cette pièce maîtresse d'ambiance horrifique aussi archaïque que novatrice ! 

Eric Binford.
2èX

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