mardi 7 mars 2017

I AM NOT A SERIAL-KILLER

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaclubfr.fr

de Billy O'Brien. 2016. Irlande/Angleterre. 1h43. Avec Christopher Lloyd, Max Records, Laura Fraser, Tim Russell, Christina Baldwin, Karl Geary

Sortie Dtv France: 7 Mars 2017. salles Irlande: 9 Décembre 2016

FILMOGRAPHIE: Billy O'Brien est un réalisateur irlandais.
2005: Isolation. 2016: I am not a serial-Killer.


Révélé par le formidable Isolation (Grand Prix, Gérardmer 2006), l'irlandais Billy O'Brien nous revient 11 ans plus tard avec une nouvelle oeuvre indépendante traitant modestement du thème du serial-killer avec ultra réalisme et originalité. Tant et si bien qu'il risque de déconcerter une partie du public peu habitué à son climat d'étrangeté indicible culminant avec un final des plus extravagants (certains n'hésiteront sans doute pas à taxer sa conclusion de ridicule). Employé à ses heures perdues dans une morgue par l'entremise de sa mère, le lycéen John Wayne Cleaver voue une passion pour les serial-killers. Néanmoins fragile et névrosé, il suit un psychologue depuis qu'il est persuadé d'être un dangereux sociopathe. Un jour, il est témoin d'une agression meurtrière perpétrée par l'un de ses voisins, un septuagénaire gravement malade du coeur. Réalisé en 16 mm afin de renforcer le caractère granuleux de sa photo, I am not a serial-killer épouse un réalisme glauque à la limite du reportage (façon Deranged, Henry ou Maniac) afin de transfigurer ce curieux pitch dans une texture cinégénique n'ayant rien à envier aux prods des années 70.


Au niveau de sa forme documentée, nous parvenons agréablement à nous immerger dans l'action sous le pilier d'une atmosphère feutrée assez envoûtante, et ce en dépit d'une rythme langoureux qui risquerait d'en décourager plus d'un. Quand bien même certaines longueurs viennent un peu ternir son suspense latent imparti autour des pérégrinations du jeune héros épiant obsessionnellement son voisin du 3è âge. Néanmoins, grâce aux prestances très convaincantes de Max Records (impressionnant par l'intensité de son regard pervers ou apeuré, et attachant dans son désir d'équilibre moral en quête d'absolution) et de Christopher Lloyd (étonnant en faire-valoir taiseux traînant la patte dans une posture sclérosée), I am not a serial-killer parvient à maintenir l'attention en dépit du peu de surprises que nous réserve l'intrigue (exit son twist final). Emaillé d'éléments potentiellement surnaturels, l'intrigue sème le doute et la confusion durant le cheminement initiatique de John Wayne surveillant son voisin depuis que ce dernier s'adonne au crime gratuit en arrachant le coeur de ses victimes. Le réalisateur s'attardant majoritairement à autopsier le profil psychologique de cet adolescent morbide avec l'appui d'un psychologue et de sa mère prévenante en inquiétude, quand bien même en parallèle spoil ! une romance assez poignante viendra pointer le bout de son nez au moment le plus inopportun fin du Spoil.


Mon voisin le tueur
En dépit d'un rythme atone et d'un cheminement investigateur quelque peu redondant, I am not a serial-killer surprend et déroute par sa facture ultra réaliste de brosser sans fioriture les portraits de deux antagonistes s'opposant avec une distinction caractérielle assez ambiguë. Une découverte intéressante que cette expérience à la fois insolite et magnétique, à réserver toutefois à un public contemplatif. 

Eric Binford

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