jeudi 23 mars 2017

BRIMSTONE

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Martin Koolhoven. 2017. U.S.A. 2h28. Avec Dakota Fanning, Guy Pearce, Kit Harington, Carice van Houten, Emilia Jones, Jack Roth

Sortie salles France: 22 Mars 2017. U.S: 10 Mars 2017

FILMOGRAPHIEMartin Koolhoven, nom de scène de Martinus Wouter Koolhoven est un réalisateur, scénariste et acteur néerlandais, né le 25 avril 1969 à La Haye (Pays-Bas). 1993 : Chess. 1995 : KOEKOEK! 1996 : De Orde Der Dingen. 1997 : Duister licht (TV). 1997 : Vet Heftig - de video (vidéo). 1999 : Suzy Q (TV). 2001 : AmnesiA. 2001 : De grot. 2004 : Het zuiden. 2005 : Het schnitzelparadijs. 2005 : Knetter. 2006 : 'n Beetje Verliefd. 2008 : Oorlogswinter (Winter in Wartime). 2017 : Brimstone.


"Les gens pensent que ce sont les flammes qui rendent l'enfer insupportable. C'est faux. C'est l'absence d'amour".

Western insolite si j'ose dire à la lisière du cauchemar horrifique comme le fut en son temps la maudite Nuit du Chasseur, Brimstone est un drame crépusculaire dont on ne sort pas indemne. Le chemin de croix d'une martyre immolée par le patriarcat, le fondamentalisme et la phallocratie. D'une durée substantielle de 2h28, cette étude de moeurs fustigeant avant tout le fanatisme religieux nous retrace le parcours chaotique de Liz, fille d'un prêcheur intégriste n'ayant de cesse de la persécuter durant sa destinée. Découpé en 5 chapitres alternant présent et passé (montage très habile à l'appui !) afin de mieux nous surprendre des tenants et aboutissants des personnages au passé torturé, Martin Koolhoven (cinéaste hollandais dont j'ignore le contenu de sa filmo), compose sa mise en scène à l'instar d'une procession funèbre. D'une grande violence jamais ostentatoire (alors qu'une majeure partie de la presse lui reproche une complaisance putassière ! ?), l'intrigue nous dresse un douloureux portrait de femme humiliée, soumise et molestée auprès d'une gente masculine d'un machisme trivial.


Un plaidoyer pour l'émancipation de la femme. 
Plus que jamais d'actualité en ces temps intolérants de conservatisme et d'inégalité des sexes, Brimstone éprouve moralement lorsqu'une mère de famille tente de survivre et d'appliquer sa révolte contre la phallocratie au coeur de l'Ouest américain à la fin du 19è siècle. Sans faire preuve d'émotion programmée, notamment grâce à la sobriété des comédiens et à l'épure d'une mise en scène sublimant au passage son cadre bucolique avec l'appui d'une photo immaculée, Martin Koolhoven parvient à distiller un sentiment vénéneux au fil d'un cheminement mortuaire où les cadavres s'amoncellent sans répit. Et ce avec une grande cruauté dans ce monde rétrograde où la femme est souvent réduite à l'objet sexuel destituée de ses droits et de sa propre personnalité. Habité par un instinct meurtrier, Guy Pearce hypnotise l'écran de sa carrure ténébreuse avec l'intensité d'un regard noir impassible, reflet de son inhumanité impartie à sa doctrine obscurantiste. A la fois fragile mais pugnace et animée par l'espoir et la vendetta, Dakota Fanning lui prête la vedette avec une dignité humaine souvent poignante dans son initiation au courage et à la volonté de s'affirmer. Ensemble, ils traversent le film tels des fantômes errants si bien que derrière eux l'odeur du sang et de la mort s'agrippent à leur cheville au sein d'une société animale réfutant la noble équité.


Un choc moral indicible pour un futur classique maudit. 
Eprouvant et terriblement cruel quant à la sombre destinée d'une victime évoluant dans un monde d'asservissement où la violence primitive ne lui accordera aucun crédit, Brimstone déconcerte et émeut de manière éthérée si bien qu'après la projo on se surprend de notre état moral étrangement bafoué, à l'instar d'une remise en question morale (et inconsciente) sur notre propre époque barbare. D'une intensité dramatique en roue libre, il en émane un western marginal d'un humanisme désenchanté laissant de sérieuses traces dans la rétine et l'encéphale pour nous hanter à jamais. 

Bruno Dussart
La critique de Gilles Rolland: http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-brimstone/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire