vendredi 3 février 2017

HAINE

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Le credo de la violence" de Dominique Goult. 1980. France. 1h30. Avec Klaus Kinski, Maria Schneider, Patrice Melennec, Evelyne Bouix, Katia Tchenko, Paulette Frantz

Sortie salles France: 9 Janvier 1980 (Interdit aux - de 18 ans)

FILMOGRAPHIE: Dominique Goult est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur français né en 1947. 1980: Haine. 1978: Lèvres gloutonnes. 1978: Partouzes perverses. 1977: Les queutardes. 1977: Les monteuses.


Sorti discrètement en salles à l'aube des années 80 puis exploité en catimini en Vhs, Haine est l'unique réalisation non pornographique du français Dominique Goult. Curiosité oubliée de tous en dépit d'une poignée de videophiles irréductibles, Haine relate la traque sauvage d'un motard par des chasseurs racistes et décérébrés. La veille, le cadavre de la petite fille du maire fut retrouvée sur le fossé d'un chemin rural, fauchée par un motard. On nous dévoilera d'ailleurs en fin de parcours le véritable visage du fameux coupable sans se surprendre de sa révélation attendue. Avec son rythme languissant digne d'une production Jean Rollin, Haine risque de laisser sur le bitume une bonne partie du public si bien que Dominique Goult peine à insuffler de l'intensité lors d'un cheminement aussi routinier que rébarbatif si on exclu sa dernière demi-heure plus haletante lors des confrontations musclées entre les paysans et l'étranger.


Monté avec les pieds et maladroitement réalisé, comme le souligne notamment sa structure narrative anarchique tentant de distiller un faux suspense quant à la culpabilité du meurtrier de la fillette, Haine tire malgré tout parti de ses défauts techniques pour faire naître une ambiance insolite assez palpable (si on reste pleinement concentré sur l'évolution du récit). Prenant pour thèmes l'auto-défense, le fascisme et le lynchage communautaire, Haine peut prêter une certaine allusion à La Traque de Serge Leroy pour la caricature impartie à ses assassins du Dimanche que rien ne soupçonnait à extérioriser une violence aussi bestiale qu'aveugle. En prime, au sein de son environnement rural épargné d'urbanisation, la réalisateur adopte le parti-pris auteurisant de façonner un climat glauque futilement captivant quand bien même ses éclairs de violence d'un réalisme assez cru précipitent le road movie vers le western rural lors d'une dernière partie rigoureusement dramatique. La victime incessamment coursée éprouvant elle aussi un sentiment rancunier d'auto-justice qui l'incitera à employer une arme afin de sauver sa peau ! Klaus Kinski se glissant dans la peau du motard à combinaison blanche avec une personnalité équivoque, tant pour ses rapports amicaux et sentimentaux partagés avec deux paysannes que de son comportement un peu trop amiteux (et tactile) auprès de la fillette du pompiste. Fascinant également de constater la complicité communautaire de tout un village (ou presque !) à tolérer lynchage aussi fourbe en prenant comme alibi la mort accidentelle d'une fillette alors qu'aucun témoin oculaire n'eut pu constater la présence de l'étranger sur les lieux !


Curiosité franchouillarde dénonçant maladroitement la haine du fascisme chez des métayers réactionnaires, Haine inspire une drôle d'impression d'amertume et de douce fascination dans sa forme brouillonne de survival compromis au vigilante movie. Un OVNI nébuleux à privilégier chez les cinéphiles les plus indulgents ou aguerris. 

B-M. 2èx

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