mardi 20 décembre 2016

DRILLER KILLER. Uncut Version.

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood70.com

"The Driller Killer" d'Abel Ferrara. 1979. U.S.A. 1h41 (version Uncut inédite en France). Avec Abel Ferrara, Carolyn Marz, Baybi Day, Harry Schultz, Alan Wynroth, Maria Helhoski.

Sortie salles U.S: 15 Juin 1979 (Interdit - de 18 ans). Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Pasolini. 2014: Welcome to New-York.


Production fauchée réalisée juste après un premier essai porno (9 Lives of a Wet Pussy), Driller Killer dû une partie de sa petite notoriété auprès de l'Angleterre qui le répertoria dans leur fameuse liste des Video-Naties alors que William Friedkin ne fut pas insensible au talent prometteur de Ferrara (c'est sous ses conseils que la Warner Bros acceptera de produire l'Ange de la Vengeance). Réalisateur mais aussi interprète endossant avec une vérité viscérale un tueur schizo, Abel Ferrara exploite le cinéma d'horreur avec un réalisme social résolument fascinant. Car sous couvert de la banalité quotidienne d'un peintre fauché sombrant peu à peu dans la folie, Driller Killer en profite pour dresser un autre portrait tout aussi crapoteux. Celui d'une cité new-yorkaise engluée dans une marginalité miséreuse dans laquelle le héros ne parvient pas à s'extraire. Ferrara improvisant en prime quelques séquences ultra réalistes de dépravation autour du témoignage de certains figurants sans doute filmés contre leur gré (je pense à la séquence ultra glauque du clochard comateux vomissant à deux reprises son pinard sur le trottoir).


Parmi cette faune constituée de clodos, marginaux, chômeurs mais aussi mélomanes à la p'tite semaine (l'entourage du tueur), Driller Killer porte notamment un témoignage à la culture punk. Mouvement contestataire qui eut son apogée entre 1976 et 1980 si bien que le tournage du film s'étala de Juin 1977 à Mars 1978. Emaillé de séquences de concert improvisées dans des appartements précaires et de situations grotesques de démence soudaine (la scène de la station de métro avec ce quidam déjanté brimant un sexagénaire), Driller Killer désarçonne par son aspect reportage pris sur le vif. Et ce en dépit de l'amateurisme des comédiens et d'une réalisation expérimentale tantôt hésitante, tantôt ambitieuse. C'est justement ce qui fait le charme de cette oeuvre typiquement underground parvenant sans fard ni prétention à nous immerger dans une jungle urbaine en décrépitude, quand bien même Ferrara, acteur en improvisation, en impose dans les expressions dérangées depuis sa fragilité de s'exposer à ses hallucinations morbides.


Dérangeant et malsain par son environnement aussi fétide que suffocant, comme le souligne en prime les moments d'égarement du tueur (le lapin dépecé planqué dans une armoire, charcuté l'instant d'après à coups de poignard !), et gore pour ses exactions à la perceuse (maquillages simplistes pourtant saisissants de réalisme !), Driller Killer ne manque pas de personnalité (frondeuse) pour dépeindre la descente aux enfers d'une urbanisation sinistrosée. A (re)découvrir avec vif intérêt. 

B-M. 2èx

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