mardi 15 novembre 2016

LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site premiere.fr

"The New Centurions" de Richard Fleischer. 1972. U.S.A. 1h43. Avec George C. Scott, Stacy Keach, Jane Alexander, Scott Wilson, Rosalind Cash, Erik Estrada, Clifton James, Richard E. Kalk, James Sikking, Beverly Hope Atkinson.

Sortie salles France: 11 Janvier 1973. U.S: 3 Août 1972

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer (né le 8 décembre 1916 à Brooklyn, New-York, décédé le 25 Mars 2006 de cause naturelle) est un réalisateur américain.
1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Polar noir des années 70 relatant avec un réalisme scrupuleux la chronique sociale de deux policiers en remise en question pour leur déontologie, les Flics ne dorment pas la nuit surprend par sa fragilité humaniste que George C. Scott (étonnant de présence rassurante et de charisme émérite !) et Stacy Keach retransmettent avec une vérité prude. Ce dernier insufflant une vigueur poignante dans sa fonction de flic infortunée partagé entre le désir de servir honorablement l'état ou au contraire de céder à la démission afin de préserver une nouvelle vie conjugale. Dans un commissariat de Los Angeles, la jeune recrue Roy Fehler et son adjoint Andy Kilvinski, briscard prochainement à la retraite, sillonnent en véhicule les rues malfamées d'un quartier réputé difficile. Macs, prostituées, mari violent, drogués, immigrés clandestins, escrocs, criminalité sont le lot quotidien de leur patrouille nocturne quand bien même la peur et la mort vont sévèrement les mettre à l'épreuve. 


A travers leurs errances nocturnes qu'ils parcourent avec bravoure et probité mais aussi amertume dans leur prises de risques inconsidérées face à la misère sociale et à une délinquance arrogante, Richard Fleischer s'efforce de rendre hommage au corps policier dans une facture documentée sans fard. Précurseur du Buddy movie que la plupart des prochains cinéastes vont exploiter sous une facture plus ludique, voir pittoresque, Les Flics ne dorment pas la nuit impose une dramaturgie en chute libre quant aux vicissitudes de ce duo policier affecté par le doute, le désespoir et le repli sur soi. Faute d'une vie de famille impossible à construire et d'une série d'incidents impromptus que leur profession leur contraint d'endurer avec un héroïsme couillu, l'intrigue multiplie les confrontations tendues ou violentes entre quidams gangrenés par le chômage, l'alcool et la drogue. Sans forcer le trait du misérabilisme et de la sinistrose, Fleischer frappe juste quant au portrait sensible projeté sur cette jungle urbaine que nos agents côtoient quotidiennement sans faire preuve de zèle. Mais ce qui interpelle avant tout à travers leur virée nocturne, c'est la touche profondément humaine que le cinéaste s'efforce de dresser à travers les personnages de Kilvinski et Roy Fehler. Ces derniers tentant fébrilement de s'accrocher à l'optimisme du jour meilleur en comptant sur l'efficacité de leur conduite héroïque.


Au fil d'un récit toujours plus imprévisible et sombre évoquant en sous-texte les thèmes de la bavure, du racisme et même de l'immigration clandestine (des sujets sensibles faisant tristement écho à notre actualité contemporaine !), les Flics ne dorment pas la nuit dressait déjà le constat pessimiste d'une police ricaine profondément fragilisée par leur désoeuvrement moral. En résulte une oeuvre dure et vulnérable, d'un réalisme parfois même perturbant (l'hallucinante séquence du bambin maltraité est à la limite du supportable !) si bien que sa conclusion abrupte ne nous épargne aucun espoir !   

15.11.16
29.04.11
B-M. 2èx

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