mercredi 26 octobre 2016

SING STREET

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site leblogtvnews.com

de John Garney. 2016. Irlande. 1h46. Avec Ferdia Walsh-Peelo, Aidan Gillen, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Lucy Boynton, Kelly Thornton, Kyle Bradley Donaldson

Sortie salles France: 26 Octobre 2016. Irlande: 17 Mars 2016

FILMOGRAPHIE: John Carney, né en 1972 à Dublin, est un réalisateur et scénariste irlandais de films pour le cinéma et la télévision. 1996 : November Afternoon. 1999 : Park. 2001 : La Vie à la folie. 2006 : Once. 2006 : Bachelors Walk Christmas Special (téléfilm). 2009 : Zonad. 2012 : The Rafters. 2013 : New York Melody. 2016 : Sing Street (également producteur).


Révélé par l'excellent Once, comédie musicale romantique taillée dans la pudeur, John Carney renoue avec ces trois genres dans Sing Street, et au final de nous offrir un conte de fée aussi sémillant que tendre lorsqu'un ado décide de former un groupe (les Sing Street !) afin de conquérir sa dulcinée. Plaçant le cadre de son action dans le Dublin des années 80, Sing Street constitue également un hommage passionnel envers cette décennie marquée par l'avènement du video-clip outre-atlantique et de la starisation de groupes baroques comme pouvaient l'incarner The Cure (look gothico-psychédélique, coiffure arachnéenne, fard au visage, liner aux yeux, rouge à lèvre) et Duran Duran (style autrement efféminée et clips sexy provocateurs). C'est d'ailleurs à travers ses stars notoires que le jeune Conor et ses musiciens comptent s'identifier afin d'aviver la modernité de la pop rock et de la New-Wave, et ce en dépit de l'homophobie régnante chez le corps enseignant et dans la cour du lycée.


Par leur initiation mélomane et leur ambition de bricoler des video-clips en camescope Vhs, Sing Street dégage une poésie galvanisante où nostalgie et féerie s'harmonisent en toute simplicité. Sous la fougue attendrissante de comédiens pleins de charme et de naturel, Sing Street se laisse gagner par une sensibilité prude en perpétuelle ascension si bien que l'on est partagé entre sourires et larmes sans pouvoir régir nos émotions ! Tant pour les séances de concert extrêmement stimulantes dans leur sonorité entraînante parmi la foule en liesse que pour les relations amicales et sentimentales que se partagent Conor avec ses acolytes, son frère et sa compagne. Au-delà de cette fureur de liberté et de la passion du premier émoi romantique que les acteurs extériorisent sans racolage sentimental, John Carney en profite notamment pour égratigner le conservatisme religieux depuis que notre héros est envoyé dans un établissement catholique emminemment drastique. A ce titre, outre sa fulgurance enjouée, la dernière séquence musicale s'avère redoutablement jouissive pour son pied de nez conféré à la caste religieuse. En combinant tous ces thèmes sociaux au sein de l'époque sacro-sainte des eighties en innovation musicale (principalement la new-wave et la nouvelle vague du pop-rock anglais), le réalisateur parvient à cristalliser une intrigue simple fondée sur le ressort des sentiments et l'ardent désir de se libérer du conformisme. Là encore, l'ultime séquence anthologique inscrite dans une rédemption libertaire et amoureuse insuffle une acuité incontrôlée dans son alliage d'émotions contradictoires (expressions de joie et de tendresse nous convergeant irrésistiblement au vertige des larmes !).


Bain de jouvence pour sa métaphore impartie à l'affranchissement, à la volonté de la réussite et à l'anticonformisme, Sing Street transfigure la comédie musicale avec un atout de séduction aussi puissant qu'inexplicable (on peut d'ailleurs évoquer la locution précieuse "magie du cinéma" !). Tant pour le rythme entêtant de ses tubes en sédition que de la bonhomie des comédiens surprenants de tempérance dans leur caractérisation rebelle et humaniste. Un anti-dépresseur tenant presque du miracle quant à sa simplicité narrative et à l'exploitation retorse de ses clichés pour l'un des meilleurs films de l'année 2016. 

Dédicace à Pascal Frezzato

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