jeudi 29 septembre 2016

WOLF

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Mike Nichols. 1994. U.S.A. 2h05. Avec Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, James Spader, Kate Nelligan, Richard Jenkins, Christopher Plummer, Eileen Atkins.

Sortie salles France: 14 Septembre 1994. U.S: 17 Juin 1994

FILMOGRAPHIEMike Nichols, né Michael Igor Peschkowsky le 6 novembre 1931 à Berlin et mort à New York le 19 novembre 2014 (à 83 ans), est un réalisateur américain, d’origine russe et allemande. 1966 : Qui a peur de Virginia Woolf ? 1967 : Le Lauréat. 1970 : Catch 22. 1971 : Ce plaisir qu'on dit charnel. 1973: Le Jour du dauphin. 1975 : La Bonne Fortune. 1983 : Le Mystère Silkwood. 1986 : La Brûlure. 1988 : Biloxi Blues. 1988 : Working Girl. 1990 : Bons baisers d'Hollywood. 1991 : À propos d'Henry. 1994 : Wolf. 1996: Birdcage. 1998 : Primary Colors. 2000 : De quelle planète viens-tu ? 2004 : Closer, entre adultes consentants. 2007: La Guerre selon Charlie Wilson.


- Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle, et je vous aime mieux avec votre figure que ceux qui, avec la figure d’homme, cachent un cœur faux, corrompu, ingrat.

Immense réalisateur révélé par Qui a peur de Virginia Wolf ? et Le Lauréat, Mike Nichols renoue avec le Fantastique après nous avoir déjà séduit avec l'émouvant (et méconnu) Le Jour du Dauphin. Prenant pour thème le mythe séculaire du loup-garou, Mike Nichols nous offre également avec Wolf une variation moderne de la Belle et la Bête que le duo Nicholson/Pfeiffer transfigure par le biais de leur romance en perdition. Après avoir été mordu par un loup un soir de pleine lune, Will Randall s'étonne de ses nouveaux dons olfactifs et auditifs. Licencié par son patron d'édition par la faute de son ennemi juré, l'opportuniste Stewart Swinton, il tente en désespoir de cause de renégocier son emploi au moment même où il rencontre incidemment la fille du boss, Laura Alden. Sensiblement attirés l'un pour l'autre, cette dernière s'efforce de soutenir les angoisses expansives de son compagnon persuadé qu'il est habité par un instinct primitif depuis sa morsure


Avec le brio d'une mise en scène classieuse, Mike Nichols renouvelle le mythe du loup-garou par le biais d'une trajectoire narrative prévisible mais constamment captivante. Si l'intrigue linéaire n'apporte rien de neuf, le cinéaste compte sur l'art de conter son histoire en prenant son temps à y poser les enjeux humains par l'entremise d'une étude caractérielle. Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer formant sobrement le couple infortuné avec un humanisme et une pudeur fragile. Charismatiques en diable et plein de séduction dans leurs échanges amoureux, ces derniers portent le film sur leurs épaules avec une densité psychologique que Mike Nichols prend soin d'intensifier sans prétention. La belle, partagée entre l'optimisme et l'angoisse, s'efforçant sereinement de protéger la bête en proie à une contrariété davantage pesante. La force du récit émanant notamment de sa capacité à nous faire croire à l'improbable (la victime possédée par l'instinct lycanthrope) en optant également pour l'effet de suggestion si bien que les séquences véritablement horrifiques et homériques n'interviennent que durant le dernier tiers du film. Outre sa belle romance transcendée par l'aplomb de nos illustres comédiens, Mike Nichols en extirpe également en sous-texte social une satire sur l'arrivisme des financiers prêts à s'entretuer pour accéder en haut de la pyramide. Sur ce point, James Spader s'avère délectable de cynisme et de fourberie en endossant le rôle annexe d'un transfuge habité par l'appât du gain.


Si Wolf aurait mérité à être plus compact et surprenant si son cheminement narratif eut été plus original, Mike Nichols parvient néanmoins avec brio indiscutable à instaurer une acuité à travers la caractérisation contrariée des personnages combattant le Mal, entre foi amoureuse et espoir de rédemption. Habilement exploités car retardant au possible les métamorphoses spectaculaires, on peut enfin prôner le réalisme des maquillages à l'ancienne (aussi concis soient-ils et inspirés des travaux de la Universal !) ainsi que sa partition musicale qu'Ennio Morricone transfigure avec une émotion épurée ! (suffit de capter l'essence onirique de son épilogue élégiaque pour s'en convaincre !). 

B-M. 3èx

Récompense: Saturn Award du meilleur scénario par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur.

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