mardi 15 mars 2016

HARDCORE

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site 2or3thingsiknowaboutfilm.blogspot.com

de Paul Schrader. 1979. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Peter Boyle, Season Hubley, Dick Sargent, Leonard Gaines, Dave Nichols, Larry Block, Gary Graham, Ilah Davis

Sortie salles France: 2 Mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 9 Février 1979.

FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).
1978: Blue Collar: 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected.


Drame psychologique abordant les thèmes de la pornographie underground et du rigorisme parmi le témoignage du paternel investigateur, Hardcore nous dévoile l'envers du décor lorsqu'une jeune adolescente disparaît afin de devenir esclave sexuelle derrière l'écran. Après avoir vainement embauché un détective véreux, Jak Van Dorn décide de mener lui même son enquête afin de retrouver sa fille en vie. Plongé dans un monde obscur qu'il n'a jamais côtoyé, son parcours l'amène à fréquenter la clientèle au sein des clubs SM et Sex-shops diffusant parfois des projections privées de films ultra violents. Tourné à la fin des années 70, Hardcore aborde le libéralisme de la pornographie à son expansion. Car c'est durant cette période sulfureuse que les productions X ont droit de diffusion dans les salles spécialisées tout comme l'émergence florissante des Sex-shop. A l'instar d'une enquête policière, l'intrigue prend son temps à relater le difficile périple d'un père, catholique pratiquant plongé malgré lui dans un univers de dépravation sexuelle après avoir été témoin des ébats de sa fille lors d'une projection super 8.


Par l'entremise du porno underground, Paul Schrader ose aborder avec sérieux la légende urbaine des fameux Snuff-movies que certains désaxés s'échangeraient sous le manteau lors d'une stricte confidentialité. A cette époque en vogue de la libre circulation du X, Schrader y dénonce le laxisme et l'impuissance de la police à démasquer les auteurs de pédophilie lorsque des filles mineures sont enrôlées de force pour tourner dans des productions sans fiche identitaire. Si la mise en scène parfois maladroite manque de subtilité à exploiter son sujet et d'intensité dramatique (notamment pour les rapports conflictuels entre le père et sa fille), Hardcore suscite l'intérêt quant à la déliquescence irascible du paternel contraint d'observer les pratiques sexuelles les plus perverses. Par le biais de ce personnage puritain qu'endosse brillamment le vétéran George C. Scott, son parcours moral tend à décliner vers des accès de violence incontrôlées, notamment en osant molester une jeune prostituée venue lui prêter main forte pour retrouver les auteurs de l'éventuel kidnapping. Mieux encore, Schrader met en appui les conséquences dramatiques de sa morale rigoriste sachant Spoil ! que sa fille ne fut finalement jamais enlevée par un quelconque réseau. C'est ce que le final nous dévoile brièvement lorsque cette dernière osera avouer à son paternel qu'elle claqua la porte du domicile depuis l'éthique conservatrice de ce dernier. Fin du Spoil. L'émancipation de la femme et la liberté sexuelle étant notamment à cette époque en pleine révolution.


Hormis quelques scories dénaturant parfois le réalisme de situations scabreuses, la caricature de certains seconds-rôles (principalement le détective privé grossièrement incarné par Peter Boyle) et son sujet pas totalement abouti, Hardcore ne manque pas de déranger pour fustiger l'industrie mafieuse d'un porno autonome et l'influence qu'elle peut engendrer chez sa clientèle déviante. Portant le film à bout de bras, l'immense George C. Scott parvient en outre à se tailler une carrure équivoque dans sa posture de voyeur vindicatif avant sa remise en question religieuse pour l'amour filial. 


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