jeudi 10 mars 2016

A L'INTERIEUR

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2007. France. 1h23. Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot, Claude Lulé

Sortie salles France: 13 Juin 2007

FILMOGRAPHIE: Alexandre Bustillo, né à Saint-Cloud le 10 août 1975, est un réalisateur et scénariste français. 2007 : À l'intérieur (avec Julien Maury). 2011 : Livide (avec Julien Maury).
2014 : Aux yeux des vivants (avec Julien Maury). 2016 : Leatherface (avec Julien Maury).
Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.


Première incursion derrière la caméra du duo français Bustillo/Maury, A l'intérieur emprunte le schéma du survival horrifique sous le joug du huis-clos. Recluse chez elle, Sarah se remet difficilement de son accident de voiture qui lui valu la perte de son mari. Enceinte et sur le point d'accoucher, elle est persécutée par une mystérieuse inconnue délibérée à lui soutirer son bébé. Prenant pour thèmes le deuil et la maternité, A l'Intérieur aborde la perte de l'être aimé d'un point de vue horrifique jusqu'au-boutiste tant nos compères redoublent de provocation à enchaîner les exactions sanglantes avec une sauvagerie rarement intentée dans le paysage français. Grâce à son efficacité narrative soigneusement planifiée alternant situations de survie et stratégies de défense parmi l'appui de seconds-rôles en proie au danger permanent, ce home invasion ne cesse de surenchérir dans le hardgore avec un parti-pris assumé.


Epaulé d'une photo sépia aux éclairages translucides et d'une partition monocorde atmosphérique, Bustillo et Maury fignolent le cadre nocturne d'une demeure domestique confondue en théâtre de sang sous l'impulsion d'une tortionnaire intraitable. Dans sa posture hiératique et longiligne, Beatrice Dalle se délecte à emprunter la soutane d'une prêtresse habitée par la perversité. Cette dernière traquant ses proies avec un flegme inquiétant avant de se laisser chavirer vers des pulsions sanguinaires autrement primitives. La manière stylisée dont les cinéastes transfigurent chacune de ses apparitions apporte une touche surréaliste à sa silhouette mortifère. A l'instar d'une séquence subtilement angoissante lorsque cette dernière, tapie dans la pénombre d'une pièce, espionne par derrière sa victime à l'instar d'un spectre invisible. En proie soumise incessamment molestée et martyrisée (l'affrontement final innommable repousse les limites de la bienséance !), Alysson Paradis provoque la surprise à endosser la caricature fragile d'une défunte en instance de survie oscillant vigilance et bravoure pour contredire les châtiments de son ennemie. Nos deux partenaires féminines insufflant au fil de leur pugilat une tension dramatique d'une fureur viscérale. Pour terminer, on peut louer la qualité des FX artisanaux que Jacques Olivier Molon est parvenu à mettre en exergue avec un réalisme à couper au rasoir (en dépit de 2/3 CGI grossiers, à l'instar du rêve de l'héroïne et des apparitions internes du foetus).


Parmi son ambiance malsaine dérangeante instaurée dans le cadre feutré du huis-clos anxiogène, A l'Intérieur parvient à distiller angoisse, terreur et tension sous l'impulsion d'une horreur éprouvante parfois insoutenable (la gorge perforée à l'aide d'une tige à tricot, l'éventration au ciseau). Pour ce premier essai, Bustillo et Maury se tirent haut la main de la routine pour être parvenus avec sincérité et insolence à façonner un survival brut de décoffrage sous l'autorité charismatique de deux comédiennes à couteaux tirés. 
A réserver à un public averti.

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