mardi 1 décembre 2015

CHUTE LIBRE. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

"Falling Down" de Joel Schumacher. 1993. U.S.A. 1h52. Avec Michael Douglas, Robert Duvall, Barbara Hershey, Tuesday Weld, Rachel Ticotin, Frederic Forrest, Lois Smith.

Sortie salles France: 26 mai 1993. U.S: 26 février 1993

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 août 1939 à New York. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St. Elmo's Fire. 1987: Génération perdue. 1989: Cousins. 1990: L'Expérience interdite. 1991: Le Choix d'aimer. 1993: Chute libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de tuer ? 1997: Batman & Robin. 1999: 8 millimètres. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000 : Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction.


Réalisateur capable du pire comme du meilleur en de brèves occasions (selon mon avis personnel), Joel Schumacher réalise sans doute un de ses films les plus percutants avec Chute Libre. Une charge virulente contre l'hypocrisie du consumérisme du point de vue erratique d'un ingénieur de la défense tributaire de ses pulsions de revanche sur la société matérialiste. Alors qu'il tente de rejoindre son ex femme au foyer afin de souhaiter dignement l'anniversaire de sa fille, William Foster est en proie au pétage de plomb moral depuis sa condition d'exclu. Que ce soit auprès de son licenciement économique ou de son mariage raté, il décide aujourd'hui de prendre sa revanche sur son existence sinistrée, quand bien même la faune urbaine de citadins marginaux, arrogants ou nantis va déclencher chez lui une explosion de violence en perdition.


Film choc s'il en est pour la violence incontrôlée du sujet névrosé et les thèmes brûlants conférés au racisme et à la cupidité que Joel Schumacher dépeint au travers de seconds-rôles, Chute Libre cultive un jeu de provocations aussi caustiques que jouissives chez le spectateur. S'identifiant pleinement au marasme social et à la fragilité névralgique de cet ex-ingénieur en voie de rébellion, nous parcourons son itinéraire routard avec l'adrénaline au ventre pour ses pulsions destructrices de revanche contre l'autorité. Outre l'intensité des séquences les plus spectaculaires (la prise d'otage dans le Fast-food, l'affrontement sanglant avec le gang des Chicanos) où la dramaturgie des situations se conjugue à l'absurdité d'un comportement irresponsable, Chute Libre est transcendé par la présence symbolique de Michael Douglas. Portant littéralement le film sur ses épaules, l'acteur se taille une carrure schizo aussi fascinante que malsaine dans ses sentiments d'aversion sociale mêlés de dépit amoureux. Ses interventions inopinées et homériques provoquant chez nous une empathie gênée pour sa décision de précipiter l'acte de riposte auprès d'individus matérialistes, voir fétichistes pour le cas le plus pathologique. Sa rencontre exubérante avec un vendeur xénophobe et homophobe s'avérant l'un des moments les plus dérangeants quand on songe au degré de haine que peuvent véhiculer librement des individus primaires dans leur idéologie fasciste.


Avec une ironie caustique pas toujours du meilleur goût (en de brèves occasions) et au-delà de l'inutilité de quelques séquences triviales (la fête d'anniversaire de l'inspecteur Prendergast au sein du commissariat, le portrait caricatural imparti à son épouse dépressive), Joel Schumacher dresse avec Chute Libre l'aigre constat d'une société mercantile engluée dans l'affabulation et l'hypocrisie, quand bien même les plus démunis tentent d'en tirer profit avec une insolence capricieuse (la sollicitation du Sdf gay, ou à moindre échelle, la baignade du gardien et de sa famille chez son riche propriétaire). Il en émane un divertissement aussi efficace qu'inquiétant dans le portrait imparti à l'affable ingénieur, machine de guerre frondeuse engendrée par la suprématie de nos sociétés modernes. 

Dédicace à Franck Gossard
Bruno Matéï

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