lundi 9 novembre 2015

QUI L'A VUE MOURIR ?


"Chi l'ha vista morire ?" d'Aldo Lado. 1972. Italie. 1h30. Avec George Lazenby, Anita Strindberg, Dominique Boeschero, Peter Chatel, Adolfo Celi.

FILMOGRAPHIE: Aldo Lado est un réalisateur italien, né le 5 décembre 1934 à Fiume (Croatie).
1971: Je suis Vivant (La corta notte delle bambole di vetro). 1972: Qui l'a vue mourir ? 1972: La Drôle d'affaire. 1973 : Sepolta viva. 1974 : La cugina. 1975: La Bête tue de sang Froid. 1976 : L'ultima volta. 1978 : Il prigioniero (TV). 1979 : L'humanoïde. 1979 : Il était un musicien – Monsieur Mascagni. 1981 : La désobéissance. 1982 : La pietra di Marco Polo (TV). 1983 : La città di Miriam (TV). 1986 : I figli dell'ispettore (TV). 1987 : Sahara Heat ou Scirocco. 1990 : Rito d'amore. 1991 : La stella del parco (TV). 1992 : Alibi perfetto. 1993 : Venerdì nero. 1994 : La chance.


Surtout connu chez nous grâce au sulfureux la Bête tue de sang froid, déclinaison transalpine de la Dernière Maison sur la Gauche, Aldo Lado s'était auparavant prêté au giallo avec Je suis vivant et le film qui nous intéresse ici, Qui l'a vue mourir ? Inédit en salles en France et exhumé de l'oubli grâce au Dvd édité par Ecstasy of Films, le film relate les exactions d'un assassin d'enfants au sein de la ville portuaire de Venise. Après la découverte de sa fille noyée, Franco Serpieri tente de mener lui même l'enquête quand bien même son épouse réapparaît après leur séparation afin d'assister aux funérailles. Au fil d'indices répertoriés au compte goutte, les morts commencent à se multiplier. Giallo méconnu chez nous, Qui l'a vue mourir ? anticipe avec deux ans d'avance le chef-d'oeuvre de Nicolas RoegNe vous retournez pas. De par sa scénographie d'une capitale vénitienne étrangement similaire, de la mort de l'innocence et la tragédie familiale du père investigateur avide de résolution. 


Ca commence fort avec un prologue particulièrement crapuleux lorsqu'un mystérieux rôdeur décide de s'en prendre à une gamine pour lui fracasser le crane à coups de pierre. Le cadre de l'action confiné autour d'une forêt enneigée renforçant une angoisse diffuse autour des va-et-vient ludiques d'une mère et de sa fille. Une séquence explicite assez choquante même si l'aspect concis de la mise à mort en désamorce un peu sa brutalité. C'est sans doute en partie pour cette raison que le film écopa d'une interdiction aux - de 18 ans dans certains pays. Une seconde séquence, cette fois-ci établie hors-champs, va également provoquer le malaise lors de la découverte macabre d'une autre victime infantile dans la berge de Venise. C'est à partir de cette nouvelle tragédie sordide que l'intrigue va pouvoir s'affranchir sous l'impulsion du père endeuillé avide de questionnement. Ce qui l'entraîne à fréquenter quelques notables déviants pour leurs penchants pédophiles, jeux SM et party pornos organisés en soirées privées. Si l'enquête policière que mène Franco Serpieri s'avère un brin langoureuse dans son cheminement routinier, l'ambiance inquiétante régie autour de la ville vaporeuse et le portrait imparti aux seconds rôles véreux distillent une aura malsaine assez étouffante. Quant aux meurtres stylisés et parfois angoissants, ils se succèdent efficacement en intermittence en dépit du caractère prévisible de l'un d'entre eux, alors que l'assassin fait preuve de photogénie délétère par son accoutrement sépulcrale semblable à la veuve noire.  


Sans révolutionner le genre, Aldo Lado parvient à esthétiser un sympathique giallo assez vénéneux et malsain parmi l'appui musical d'Ennio Morricone (sa comptine imposant un leitmotiv aussi entêtant que fascinant). Si la direction d'acteurs perfectible (en particulier le personnage principal endossé par le moustachu George Lazenby) et la monotonie de l'intrigue auraient gagnés à faire preuve de plus d'entrain, l'audace sordide du scénario conféré autour de meurtres d'enfants distille une aura sulfureuse plutôt inédite pour le genre. A découvrir.

Remerciement à The Ecstasy of Films
Bruno Matéï
2èx 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire