mercredi 18 novembre 2015

KILLING ZOE

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinefacts.de

de Roger Avary. 1994. U.S.A/France.1h39 (Director's cut). Avec Eric Stoltz, Jean-Hugues Anglade, Julie Delpy, Tai Thai, Bruce Ramsay, Kario Salem.

Sortie salles France : 31 août 1994 (Interdit aux - de 16 ans). États-Unis : septembre 1994

FILMOGRAPHIE: Roger Avary est un réalisateur et scénariste canadien né le 23 août 1965 à Flin Flon, Manitoba. 1994 : Killing Zoe. 1995 : Mr Stitch. 2003 : Les Lois de l'attraction. 2005 : Glitterati.


Expérience cinégénique comparable au trip hallucinogène oscillant les effets de drogues dures (Acide, Héro, Coco), Killing Zoe réinvente le film de braquage par la biais d'une ambiance horrifique immersive. Roger Avary créant à l'aide d'une scénographie d'un rouge criard (les couloirs et chambres du sous-sol où sont entreposés les lingots d'or) un univers cauchemardesque au sein d'un établissement pris en otage par une équipe de psychopathes effrontés ! Tout en exubérance, Jean Hugues Anglade se prête au jeu psychotique du leader toxicomane avec une verve sardonique et une irascibilité imprévisible. Entièrement vêtu de noir dans sa posture filiforme et sa chevelure raide, l'acteur insuffle une présence délétère aussi répulsive que fascinante, à l'instar de son flegme quasi imperturbable de réfuter la peur depuis la présence policière quadrillant l'extérieur de l'enceinte. Si le scénario éculé s'avère d'une limpidité scolaire, la manière opératique de porter à l'écran cette sanglante prise d'otages ne cesse de nous surprendre et d'y détourner les codes (notamment le rôle insaisissable imparti aux forces de l'ordre dont nous ne verrons jamais le visage à l'écran !). De par son climat baroque quasi indicible et l'excentricité conférée aux preneurs d'otages pleins de sérénité et de fantaisie (à l'instar de leur visage recouvert d'un masque grotesque !). A titre d'exemple, l'un d'eux énoncera de façon expansive une blague salace à ses comparses devant le témoignage médusé des otages, quand bien même leur leader se confine tranquillement dans les wc pour s'offrir un shoot en guise de manque.


Prenant pour cadre la métropole parisienne sous son aspect noctambule, la première partie s'oriente sur les défonces et beuveries récursives de nos braqueurs confinés dans leur appartement avant d'aller s'engouffrer dans la cave d'un cabaret. Par le biais d'une réalisation expérimentale où l'image se déforme au fil de leur état aviné, Roger Avary parvient de manière éthérée à nous faire retransmettre les sensations du trip que nos antagonistes éprouvent devant le témoignage novice du perceur de coffre peu habitué à tant de débauche (Eric Stoltz endossant la fonction d'un professionnel émérite avec une attitude paradoxalement docile !). La seconde partie, toute aussi sensorielle et immersive, nous invite enfin à participer au braquage escompté à la manière d'une vertigineuse descente vers l'enfer. Les sous-sols de l'établissement conférant une atmosphère sépulcrale au fil des exactions meurtrières du leader habité par le vice et le goût du sang. A partir du moment où les otages vont se confronter aux exactions aléatoires des gangsters, Killing Zoe se transforme en farce sardonique où les coups les plus couards sont permis sous l'impulsion de dégénérés en perte de vitesse ! Bêtes et méchants, ces derniers vont non seulement se confronter à la bravoure de certains otages mais aussi s'entretuer dans une déchéance suicidaire, et avant que la police n'intervienne à son tour pour surenchérir le chaos. Par le biais de ces explosifs règlements de compte, ces comportements délurés et la position vaillante d'un second-rôle féminin (superbe Julie Delpy en catin insurgée !), Roger Avary joue avec nos nerfs avec une diabolique maîtrise et une vigueur émotive éprouvante.


Speedball
Concentré d'adrénaline et d'ultra violence sardonique, Killing Zoe s'édifie en vilain petit canard dans son brassage de vulgarité et provocations assumées et de délire en roue libre. Expérience sensitive et immersive en compagnie marginale de psychopathes shootés à la coke, ce bad-trip s'avère sans conteste le film de braquage le plus atypique et couillu avant qu'une romance rédemptrice ne vienne adoucir la donne parmi le duo complémentaire Eric Stoltz/Julie Delpy

Bruno Matéï
3èx 

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