mardi 11 août 2015

MENACE II SOCIETY

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site gettyimages.com

des Frères Hughes. 1993. U.S.A. 1h37. Avec Tyrin Turner, Larenz Tate, Jada Pinkett Smith, MC Eiht, Samuel L. Jackson, Clifton Powell, Vonte Sweet, Charles S. Dutton.

Sortie salles France: 5 Janvier 1994. U.S: 26 Mai 1993

FILMOGRAPHIE: Albert et Allen Hughes sont des frères jumeaux producteurs, scénaristes et réalisateurs américains, né le 1er Avril 1972 à Détroit (Michigan).
1993: Menace II Society. 1995: Génération Sacrifiée. 1999: American Pimp (doc). 2001: From Hell. 2009: New-York, I love you (un segment d'Allen Hughes). 2009: Le Livre d'Eli. 2013: Broken City (d'Allen Hughes).


Film choc s'il en est, plus encore que ses précurseurs Colors et Boyz'n the Hood, Menace II Society dresse le portrait effrayant d'une délinquance juvénile, celle des ghettos noirs retranchés dans une idéologie criminelle où la loi du plus fort y engendre une ingérable spirale de violence. En témoigne son prologue cinglant auquel un couple de commerçants va être lâchement abattu par un jeune noir parce que l'épicier aura osé offenser verbalement sa mère. Cette violence implacable s'avère d'autant plus terrifiante par son réalisme poisseux qu'elle découle d'un jeune marginal destitué de toute morale à accorder la moindre chance et empathie pour sa victime. Et de pousser le bouchon de l'incongruité lorsqu'il vantera plus tard les mérites de ses actes crapuleux auprès de ses proches après avoir dérobé l'enregistrement de la video surveillance !


Terrifiant pour l'impact cru imposé à sa violence gratuite, les exactions criminelles qui empiètent le cheminement du témoin du meurtrier (c'est à dire Caine, afro-américain de 18 ans !), provoque émoi et malaise dans son lot de circonstances sanglantes. Entre règlements de comptes aux motifs dérisoires, à l'instar d'un regard ou d'une provocation verbale mal placés, voir d'un désir de vengeance ou d'un ressort de jalousie, et avant que Caine ne commence à s'éveiller de sa torpeur existentielle par l'appui d'une idylle amoureuse et des sermons de son grand-père. Illustrant sans compromis sa dérive criminelle en chute libre, les Frères Hughes n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour mettre en exergue cette déliquescence morale établie au sein d'une communauté noire engluée dans le chômage, l'alcool et la drogue. Si les flics les pourchassent la plupart du temps avec une longueur de retard, certains autres les incriminent avec un mépris raciste au point d'enfreindre leur loi pour se porter complice d'un éventuel lynchage (voir la séquence au cours duquel deux noirs molestés seront vulgairement déposés sur le trottoir d'un quartier latino). Outre ses scènes d'ultra violence particulièrement poisseuses, ce qui ébranle quand on revoit aujourd'hui Menace II Society émane du comportement irresponsable, décérébré et inconscient de ses bandes rivales s'entretuant pour des motifs d'orgueil et de supériorité dans leur condition désoeuvrée. Cette jeunesse constamment sur le fil du rasoir n'ayant comme seule optique de profiter de l'instant présent par leur autonomie ingrate au point même d'envisager parfois d'assassiner un des proches de leur clan.


Pessimiste et désespéré car sans échappatoire, Menace II Society provoque un malaise tangible par son climat malsain abrupt ou la violence putassière découle du comportement irréfléchi d'une minorité noire souvent livrée à l'abandon parental et à leur déchéance dépravée. Son intensité dramatique rigoureuse culminant vers un point de non retour tristement prévisible et nihiliste. Un témoignage édifiant, un constat d'échec d'une société nombriliste dont on ne sort pas indemne...

Bruno Matéï
4èx

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