jeudi 4 juin 2015

THE SMELL OF US

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site aufeminin.com

de Larry Clark. 2015. France. 1h28. Avec Lukas Ionesco, Diane Rouxel, Théo Cholbi, Hugo Behar-Rhinières, Rayan Ben Yaiche, Maxime Terin, Adrien Binh Doan.

Sortie salles France: 14 Janvier 2015. Interdit au - de 16 ans.

FILMOGRAPHIELarry Clark est un réalisateur, photographe, directeur de la photographie, né le 19 Janvier 1943 à Tulsa dans l'Oklahoma.
1995: Kids. 1998: Another Day in Paradise. 2001: Bully. 2002: Teenage Caveman (télé-film). 2002: Ken Park. 2004: Wassup Rockers. 2006: Destricted (segment Impaled). 2012: Marfa Girl (uniquement dispo sur le net). 2015: The Smell of us.


« Larry a perdu le contrôle, il est devenu barge ! Je suis sorti de cette expérience lessivé et abattu. » Lukas Ionesco.

Pour son nouveau long-métrage, Larry Clark continue de s'épancher sur le malaise adolescent, principalement du point de vue de l'homosexualité d'un couple en perdition dont l'un est contraint de se livrer à la prostitution pour subvenir à ses besoins. Nouvelle descente aux enfers de la déshumanisation sociétale à renfort de séquences scabreuses alternant le fétichisme, l'hébéphilie et l'inceste, The Smell of Us provoque un malaise viscéral par notre fonction voyeuriste à observer ces ados avides de défonce et de sexe, ultime échappatoire d'une morne existence destituée de tendresse parentale. C'est donc leur quotidienneté blafarde que nous subissons inlassablement avec souci de réalisme extrêmement dérangeant, certains ébats sexuels ou situations obscènes n'hésitant pas flirter avec la pornographie, quand bien même la posture décomplexée de certains adultes s'avère aussi compromise à la déchéance. Mis en scène avec maîtrise et personnalité, Larry Clark possède un talent singulier à filmer la pudeur des corps en quête extatique, ce parti-pris sensitif de nous confondre dans leur peau en mal de sensations et d'expériences de tous bords. A l'instar de leur pratiques sexuelles échangées avec des sexagénaires tout aussi démunis d'affection, faute de leur âge décati. Ces derniers n'hésitant pas à s'autoriser de consommer une jeunesse impassible afin d'effleurer un semblant de compensation à leur solitude. Par le biais de ces protagonistes en perdition, on peut saluer la prestance pleine d'aplomb des jeunes comédiens en roue libre n'hésitant pas à se mettre à nu devant la caméra dans des situations parfois glauques (les attouchements pervers du sexagénaire dans la boite de nuit) ou immorales (l'inceste forcé d'une mère en ébriété auprès de son fils).


Les enfants du chaos
Constat alarmiste d'une génération abdiquée de ligue parentale et assujetti aux outils de communication modernes (internet et les smartphones incitant la jeunesse à fréquenter la pornographie mainstream), The Smell of Us arbore le documentaire scrupuleux dans son parti-pris de ne nous faire échanger la déchéance morale d'adolescents frigides déconnectés d'humanité. Il en émane une oeuvre aussi austère et désespérée qu'antipathique, d'autant plus difficilement accessible dans sa manière clinique de cumuler les séquences-chocs jusqu'à la gêne viscérale. Que l'on adhère ou que l'on rejette en bloc, l'épreuve laisse des traces pour rester difficilement digérable. 

Pour public averti.

Bruno Matéï 

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