jeudi 23 avril 2015

DARK WATER. Grand Prix, Prix du jury jeune et Prix de la critique, Gerardmer 2003.

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site bmoviezone.wordpress.com

Honogurai mizu no soko kara de Hideo Nakata. 2002. Japon. 1h41. Avec Hitomi Kuroki, Rio Kanno, Asami Mizukawa, Mirei Oguchi, Fumiyo Kohinata, Yu Tokui.

Sortie salles France: 26 Février 2003. Japon: 19 Janvier 2002

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Hideo Nakata est un réalisateur japonais, né le 19 Juillet 1961 à Okayama.
1998: Ring. 1998: Ring 2. 1999: Chaos. 2002: Dark Water. 2005: Le Cercle 2. 2007: Kaidan. 2008: L: Change the World. 2010: Chatroom. 2010: Incite Mill. 2012: TV Show. 2013: The Complex. 2014: Monsterz.

Récompenses:
Corbeau d'argent, lors du Festival international du film fantastique de Bruxelles, 2002.
Grand Prix, Prix du jury jeune et Prix de la critique internationale au festival Fantastic'sArts 2003.


Rendu célèbre avec les 2 premiers opus de la trilogie Ring, Hideo Nakata renoue avec la ghost story auprès de Dark Water, justement ovationné à Gérardmer de trois récompenses. Prenant pour thèmes l'abandon et la fragilité de l'enfance lorsque les parents divorcés sont contraints de se disputer la garde, Dark Water juxtapose angoisse et étude psychologique avec une rare intelligence. De par sa mise en scène épurée particulièrement chiadée cultivant une montée en puissance d'un climat oppressant, et la tactique originale dont Hideo Nakata aborde la hantise parmi la complicité de l'élément naturel: l'eau ! Sur ce dernier point, les séquences illustrant l'affluence de l'humidité arpentant les tapisseries des murs jusqu'à cette tâche grandissante incrustée au plafond parviennent à distiller un sentiment de malaise sous-jacent qui ira crescendo lorsque les inondations vont gagner le terrain afin de renseigner la curiosité de Yoshimi.


Après son divorce, Yoshimi tente d'obtenir la garde de sa fille Ikuko afin de se reconstruire une nouvelle vie. Au moment où elle emménage dans un appartement, des problèmes d'humidité intentent à leur tranquillité. En prime, après avoir trouvé un emploi, Yoshimi accumule retard et inattention pour la situation éducative de sa fille. Mais c'est avec les récurrentes apparitions d'une silhouette infantile qu'elle finit par se laisse gagner par une paranoïa grandissante. Drame familial s'il en est lorsque l'on constate l'issue dramatique de son dénouement aussi effrayant que bouleversant, Dark Water parvient à télescoper l'inquiétude d'apparitions spectrales avec l'étude de caractère d'une mère en perdition. Cette dernière redoublant d'effort à tenter de préserver la garde de sa fille malgré ses bourdes quotidiennes lui causant le manque d'attention. Cette relation d'amour compromise entre une mère et sa fille, Hideo Nakata la transcende parmi la dimension humaine d'une femme fragilisée par l'oppression du travail, des juges et de sa solitude, au moment même où elle se voit contrainte de résoudre une douloureuse affaire de disparition infantile au sein de son immeuble. Rehaussé d'une photo pastel afin de contraster avec le climat épuré de son angoisse latente, Dark Water cultive un goût pour le mystère avec un goût éthéré pour la suggestion. Ce parti-pris humble permettant à l'intrigue surnaturelle d'exacerber l'amoncellement des incidents tout en nous interpellant sur les facteurs de la responsabilité parentale, le sens du sacrifice mais aussi le sentiment d'abandon du point de vue de l'enfant. 


En combinant l'angoisse et l'inquiétude, Hideo Nakata parvient avec Dark Water à structurer une intrigue implacable par l'entremise oppressante de l'eau et d'une silhouette candide. Décrivant avec rigueur et sensibilité le cheminement psychologique d'une mère en déréliction, le genre horrifique se double ici d'un drame bouleversant afin de nous interpeller sur l'autorité parentale du point de vue (du sacrifice) d'une mère accablée par la tension et la détresse. Sans doute l'oeuvre la plus aboutie de son auteur, en tous cas la plus subtile, lancinante et substantielle. 

Bruno Matéï
2èx

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