vendredi 24 avril 2015

Baiser Macabre / Macabro

                                                                            Photo appartenant à Bruno Matéï

de Lamberto Bava. 1980. Italie. 1h31. Avec Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny, Roberto Posse, Ferdinando Orlandi.

Sortie Salles France: 13 Mai 1981

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et un scénariste italien né le 3 avril 1944 à Rome. Il est le fils de Mario Bava. 1980 : Baiser macabre (+ scénariste) , 1983 : La Maison de la terreur, 1984 : Apocalypse dans l'océan rouge, 1985 : Demons (+ scénariste),1986 : Demons 2 (+ scénariste),1991 : Body puzzle, 1991 : La Caverne de la Rose d'Or : La Princesse Rebelle, 1992 : La Caverne de la Rose d'Or : La Sorcière Noire, 1993 : La Caverne de la Rose d'Or : La Reine des Ténèbres, 1994 : La Caverne de la Rose d'Or : L'Empereur du Mal, 1994 : Desideria et le prince rebelle, 1996 : La Caverne de la Rose d'Or : Le Retour de Fantaghirò, 1996 : La Légende d'Alisea. 1997: La Princesse et le Pauvre, 1998 : Caraibi, 2001 : L'impero, 2006 : Ghost son.


Première réalisation de Lamberto Bava attitré également au poste de scénariste, Baiser Macabre fait parti de ces petites péloches où la déviance prime dans ses thématiques accordées au fétichisme, à la folie, à l'obsession sexuelle et surtout à la nécrophilie. Un sujet scabreux peu abordé au cinéma, malgré quelques classiques réputés (Nekromantik 1 et 2, Kissed, Blue Holocaust, Aftermath), que le cinéaste dépeint ici entre dérision macabre et aura malsaine. Alors qu'une fille vient de noyer son frère cadet dans la baignoire, la mère infidèle, Jane Baker, apprend par téléphone la tragédie du domicile de son amant. Se précipitant communément sur les lieux du drame en véhicule, son partenaire cause un accident et meurt décapité par une poutrelle. Un an plus tard, après un séjour en psychiatrie, elle se réfugie dans l'ancien immeuble de son amant parmi l'hospitalité du concierge atteint de cécité. Chaque soir, ce dernier étant interloqué par les gémissements sexuels de sa locataire ! Série B de facture Bis dans sa mise en scène bricolée et pour le ressort saugrenu de son contexte morbide, Baiser Macabre tire-parti de son pouvoir de fascination avec l'élaboration d'une ambiance glauque au sein d'un huis-clos gothique (couleurs rutilantes à l'appui auprès du design d'ameublement !). Si la conception du suspense latent tourne à vide lorsque l'on devine rapidement ce que renferme le dégivreur du frigidaire, Lamberto Bava réussit néanmoins à maintenir notre attention par le biais du concierge aveugle toujours plus curieux à espionner les agissements lubriques de sa locataire pour en démystifier le secret. 


On a beau deviner que cette dernière se confine chaque soir dans sa chambre pour se masturber avec la tête de son défunt amant, le fait de redouter explicitement cette relation aussi innommable fait naître chez nous l'expectative de l'éventuelle promesse. En prime, et pour corser l'ambiance dérangée de ces pratiques sexuelles flirtant avec le fétichisme (elle collectionne divers objets et photos de son amant dans une brochure), la fille de Jane (déjà responsable de la noyade de son frère par esprit de vengeance), la moleste à nouveau, surtout lorsqu'elle finit par déceler ce que recèle le frigo. La charge érotique qui s'émane de l'immeuble constamment plongé dans la pénombre (chaque volet restant cloisonné) est notamment contrebalancée par le refoulement du concierge secrètement épris de compassion pour sa locataire. Outre la sobriété des rôles secondaires (Stanko Molnar se fond avec timidité naturelle dans le corps d'un aveugle sexuellement frustré, quand bien même la petite Veronia Zinny est assaillie par le vice avec son regard pernicieux !), le charisme vénéneux de Bernice Stegers (la Cité des Femmes, X Tro) doit beaucoup à l'aura de souffre que véhiculent ses exactions intimes. Pourvu d'un regard occulte aussi glaçant que sensuel, l'actrice dégage une concupiscence terriblement dérangeante lorsque nous nous portons témoins de ses rapports nécrophiles avec une tête putrescente !


Si douces, si perverses
Glauque et malsain par son atmosphère aussi étouffante que sexuellement déviante, mais aussi sardonique (notamment cet épilogue où le surnaturel vient subitement taquiner le quotidien !), Baiser Macabre corrompt le poème nécrophile parmi l'audace transalpine d'un cinéaste jusqu'au-boutiste (les enfants boivent ouvertement la tasse tandis que la "folle" baise la tête de son défunt !) lorsqu'il s'agit d'observer par la p'tite serrure le déséquilibre d'une famille dysfonctionnelle. 

*Bruno
12.01.24. 6èx
24.04.15.
03.01.11. (292 v)


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