lundi 13 avril 2015

ANTARCTICA (Nankyoku Monogatari)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-sanctuary.com

de Korayoshi Kurahara. 1983. Japon. 1h45 (version courte). 2h23 (version intégrale). Avec Ken Takakura, Tsunehiko Watase, Eiji Okada, Masako Natsume.

Sortie salles Japon: 23 Juillet 1983. France: 20 Mars 1985

FILMOGRAPHIE: Korayoshi Kurahara est un réalisateur, scénariste, producteur, éditeur japonais, né le 31 Mai 1927 à Kuching (Sarawak), décédé le 28 Décembre 2002.
1957: J'attends. 1958: L'homme au milieu du brouillard. 1959: La femme qui vient du fond de l'océan. 1960: Kyonetsu no kisetsu. 1961: Arashi o tsukkiru jetto-ki. 1962: Nikui an-chikushō. 1962: Mekishiko mushuku. 1964: Kuroi Taiyo. 1966: Ai to shi no kiroku. 1966: Ai no kawaki. 1969: Eiko e no 5,000 kiro. 1971: Furyō shōjō Mako. 1973: Hi wa shizumi, hi wa noboru. 1975: Ame no Amsterdam. 1978: Kita-kitsune monogatari. 1980: Zou monogatari. 1981: Seishun no mon. 1982: Seishun no mon: Jiritsu hen. 1983: Antartica. 1985: Haru no kane. 1986: La Route. 1988: Umi e, See You. 1991: Sutoroberi rodo. 1995: Hiroshima (TV).


"Les chiens n'ont qu'un défaut: ils croient aux hommes."

Enorme succès à travers le monde ayant traumatisé des générations de spectateurs, Antartica relate l'histoire vraie d'une troupe de chiens de traîneau, 15 Huskys livrés à eux-mêmes au coeur de l'Antarctique après qu'une équipe japonaise eut été forcée de les abandonner. Alors qu'une deuxième équipe devait rejoindre la base scientifique pour les récupérer, les conditions climatiques d'un hiver rigoureux empêchèrent in extremis leur mission. Enchaînés et affamés mais pourvus d'un instinct de survie indéfectible, les chiens vont essayer de parcourir le continent sous une température pouvant descendre jusqu'à - 50°.


Transfiguré par le score envoûtant de Vangelis, Antarctica symbolise l'épopée de la survie du point de vue de l'animal mais aussi l'hymne à la beauté de la nature sauvage dans lequel il évolue. Privilégiant l'aspect documentaire d'une situation géographique extrême, le tournage ardu s'étala d'ailleurs sur plus de trois années auquel l'équipe dut parcourir des centaines milliers de kilomètres à travers le Pole-Sud. L'incroyable sentiment d'évasion et d'abandon que véhicule le film émane de la photogénie réfrigérante de cet environnement aussi grandiose que dépaysant. Par le biais de plans aériens vertigineux, Korayoshi Kurahara en profite pour souligner l'immensité du continent le plus froid de notre globe où la faune et la flore s'avèrent une denrée précieuse pour celui qui oserait s'y aventurer. Car ce désert de glace dont la superficie en recouvre 98% regorge de traquenards et pièges mortels selon les températures fluctuantes de chaque saison. Au sein de cet enfer de glace, 15 Huskys épuisés par la marche, le froid et la faim vont multiplier risques et bravoures pour tenter de faire front à la mort. Sans user de pathos, Korayoshi Kurahara décrit cette odyssée animale avec souci de réalisme, de par sa scénographie dépaysante et la pugnacité crédible des chiens parcourant inlassablement des centaines de kilomètres à travers les plaines glacières. En parallèle, et avec modestie d'une émotion dépouillée, les remords de deux scientifiques nous sont dépeints avec humilité pour leurs aveux de culpabilité accordés à la population et avant d'élever ces animaux au statut héroïque. Par le biais de cette race sibérienne repoussant les limites de la survie, le cinéaste leur rend vibrant hommage avec une émotion parfois rigoureuse quand on présage l'issue tragique qui semble se dessiner ou lorsque l'on se porte témoin de retrouvailles inespérées.


De cette aventure humaine et animale hors du commun, Korayoshi Kurahara en extrait un poème mélancolique (score sensitif de Vangelis à l'appui !) sur la beauté sauvage de la nature et la légendaire fidélité que peuvent entretenir l'homme et le chien. A travers ce récit authentique d'une première expédition japonaise apte à franchir le continent le plus méridional, Antarctica s'élève en bouleversant témoignage pour le destin singulier honoré à leurs Huskys. 

A Goro, Kuma, Pesu, Moku, Aka, Kuro, Pochi, Riki, Anko, Shiro, Jack, Deri, Kuma, Taro et Jiro...

Dédicace à Julien Fleury.
Bruno Matéï

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