vendredi 20 mars 2015

DR JEKYLL ET SISTER HYDE (Dr. Jekyll and Sister Hyde)

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site popcornpictures.co.uk

de Roy Ward Barker. 1971. Angleterre. 1h37. Avec Ralph Bates, Martine Beswick, Gerald Sim, Lewis Fiander, Susan Broderick, Dorothy Alison.

Sortie salles Angleterre: 17 Octobre 1971

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010.
1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film). 


Pour la dernière décennie de la Hammer, Dr Jekyll et Sr Hyde continue de surfer sur l'érotisme et une violence plus outrée afin de redorer un second souffle à la société. Epaulé d'un brillant scénario de Brian Clemens alternant la satire et les clins d'oeil amusés aux classiques de l'horreur (on y croise dans le même film Jack l'éventreur et les déterreurs de cadavres Burke et Hare au coin des rues malfamées de Whitechapel !), cette variation du Dr Jekyll et Mr Hyde redouble d'audaces pour détourner le mythe. En télescopant les exactions sordides de l'éventreur parmi l'ambition scientifique du savant fou et d'y établir ici une métaphore (gay) sur la part de féminité enfouie en chaque homme. 


Si au premier coup d'oeil, le scénario aurait pu facilement sombrer dans la parodie, Roy Ward Barker maîtrise son sujet avec autant de sérieux que d'ironie débridée parmi la présence d'Alan Bates et de la vamp Martin Beswick. Par leur talent obstiné et leur ressemblance binaire, les comédiens font preuve d'un surprenant charisme bicéphale afin de transfigurer deux antagonistes livrés au duel sexiste en interne du corps du savant. Car, par le biais d'une expérience scientifique allouée à l'élixir de jouvence et parmi l'appui de l'hormone femelle, c'est une véritable guerre des sexes que doit déjouer Jekyll lorsque son double, Sister Hyde, souhaite prendre le pouvoir pour asservir l'homme qui est en elle. A la satire féministe s'attribue également une réflexion sur l'homosexualité (Jekyll ne serait-il finalement qu'un gay refoulé ?), la jalousie et le besoin de séduction inhérent à notre instinct sexuel ! Sr Hyde éprouvant un rapide désir pour son voisin de palier tandis que Jekyll s'éprendra d'amour pour la soeur de ce dernier. De cette rivalité toujours plus hostile, la jalousie finira par causer leur perte et donc la désillusion scientifique de Hyde lors d'un mea culpa inévitablement tragique ! Outre le rythme vigoureux de l'intrigue fertile en suspense et homicides sauvages, ainsi que l'étude passionnante allouée au personnage véreux de Hyde, le film cultive un humour réjouissant lorsque par exemple la police distingue difficilement l'identité du meurtrier dissimulé en travesti pour mieux les duper !  


Chef-d'oeuvre de la Hammer en cette décennie des années 70, Dr Jekyll et Sr Hyde cultive un iconoclasme incisif afin de dépoussiérer les mythes de l'horreur séculaire dans un esprit débridé aussi fascinant qu'haletant. Outre l'intelligence de ces thèmes abordés et l'inventivité de sa mise en scène, le film est également transcendé par l'élégance ténébreuse de la troublante Martine Beswick. Et si le docteur Jekyll a essuyé une déroute pour sa quête de l'éternelle jeunesse, Roy Ward Barker a réussi à la matérialiser à travers sa macabre satire féministe ! 
   
Bruno Matéï
3èx


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