mercredi 11 février 2015

SAMBA

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site inthemoodlemag.com

de Eric Toledano et Olivier Nakache. 2014. France. 2h00. Avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Tahar Rahim, Izïa Higelin, Youngar Fall, Isaka Sawadogo, Hélène Vincent.

Sortie salles France: 15 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Olivier Nakache est un réalisateur, scénariste et acteur français, né à Suresnes le 14 Avril 1973. Il travaille souvent en coréalisation avec Eric Toledano. Il est le frère de l'actrice Géraldine Nakache.
Eric Tolédano est un réalisateur, scénariste, acteur et dialoguiste français né le 3 juillet 1971 à Paris. Il travaille régulièrement avec Olivier Nakache sur l'écriture et la réalisation de longs-métrages.
2005: Je préfère qu'on reste amis... 2006: Nos jours heureux. 2009: Tellement proches. 2011: Intouchables. 2014: Samba


Trois ans après le phénomène Intouchables, le duo Eric Toledano/Olivier Nakache renoue avec la comédie sociale sans se laisser influencer par la facilité de la déclinaison. Samba privilégiant les rapports amoureux entre un jeune sénégalais en situation irrégulière et une cadre dépressive en voie de convalescence. Cumulant les p'tits boulots et le travail au noir, Samba est contraint d'exercer l'illégalité, notamment en falsifiant de faux papiers, afin de tenter de se faire une place dans une France gagnée par le chômage et l'immigration de masse. Avec l'appui d'un comparse arabe également en situation illégale, il va tenter de conquérir le coeur d'Alice tout en essayant de se construire une vie sociale décente.


Si la nouvelle présence d'Omar Sy et le retour du duo gagnant Toledano/Nakache laissait craindre une resucée d'Intouchables, ces derniers sont loin de s'être laissés distraire par leur notoriété pour bâtir une nouvelle comédie dramatique axée sur la condition précaire des sans-papiers. Si l'aspect irrésistiblement comique de leur précédent succès avait su faire preuve de subtilité pour traiter également avec émotion poignante l'inattendue complicité entre un aristocrate paraplégique et un jeune délinquant, Samba change littéralement de registre pour s'orienter plutôt vers la romance et la cocasserie de situations intimistes inscrites dans le cadre d'un quotidien blafard. Bien que le rythme de la narration pâti parfois de légers signes d'essoufflement, la bonhomie attachante des personnages en quête d'insertion sociale et de fondation amoureuse, et la sincérité des cinéastes à ne pas les confiner dans le misérabilisme ou le sentimentalisme, réussissent à combiner une aventure humaine inscrite dans les instants de tendresse, d'amitié (Tahar Rahim prêtant sa confiance avec une spontanéité expansive dans celui de l'acolyte serviable !) et d'appréhension pour l'exclusion. Outre la posture naturelle d'un Omar Sy plein de doute et de précarité dans sa fonction clandestine d'immigré (un rôle à contre-emploi du boute-en-train d'Intouchables), Samba est également illuminé par la personnalité fragile de Charlotte Gainsbourg. Endossant la position timorée d'une cadre supérieure aujourd'hui reconvertie en bénévolat chez les sans-papiers, l'actrice dégage une sensualité prude dans la suavité de ses sentiments. A travers leur complicité fébrile sans cesse repoussée par l'hésitation, Samba transmet non sans fioriture leurs vicissitudes humaines parmi le réalisme de confrontations tantôt cocasses, tantôt dramatiques, à l'instar de son final poignant où perce une émotion douloureuse.


Retenue, réalisme et sincérité sont les maîtres mots du duo Toledano/Nakache d'avoir su illustrer avec légèreté la rédemption amoureuse d'un sénégalais sans papier avec une notable dépressive, tout en portant témoignage à la difficile insertion de ces immigrés souvent contraints de frauder pour se faire une maigre place dans l'hexagone. Outre la simplicité des séquences intimistes et d'autres plus enjouées (la soirée dansante improvisée sur un tube de reggae !), la participation harmonieuse des comédiens accordent sans outrance leur soutien au récit initiatique de Samba, notamment lors de petits instants de poésie !

Bruno Matéï 



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