jeudi 12 février 2015

MAXIMUM OVERDRIVE

                                                                              Photo empruntée sur Google, incombant au site papystreaming.com

de Stephen King. 1986. U.S.A. 1h38. Avec Emilio Estevez, Pat Hingle, Laura Harrington, Yeardley Smith, John Short, Ellen McElduff, J.C. Quinn.

Sortie salles France: 25 novembre 1987. U.S: 25 juillet 1986

FILMOGRAPHIE: Stephen King est un écrivain et réalisateur américain, né le 21 Septembre 1947 à Portland, dans le Maine des Etats-Unis.
1986: Maximum Overdrive


"Le 19 Juin 1987, à 9h47 du matin, la Terre a traversé la trajectoire de la comète Rhéa-M. Selon les calculs astronomiques, la planète restera dans l'influence de la queue de cette comète pendant exactement 8 Jours, 5 heures, 29 minutes et 23 secondes."

Echec public et commercial lors de sa sortie (il rapporta 7 430 000 dollars pour un budget de 9 000 000 !), Maximum Overdrive pâtit de la réputation de son auteur, Stephen King, écrivain de littérature mondialement célébré pour ses écrits fantastiques souvent inscrits dans la modernité de notre quotidien. Planqué derrière la caméra pour la première fois de sa carrière sous la houlette du producteur Dino De Laurentiis, il se réapproprie une de ses nouvelles de Danse Macabre pour mettre en scène une série B maladroite (réalisation, montage sporadiques !) dénuée de surprise malgré un postulat de départ alléchant et la trogne sympathique d'acteurs de seconde zone (Emilio Estevez monopolise la tête d'affiche en porte-drapeau altruiste). A la suite du passage d'une comète autour de la terre, toutes nos machines industrielles se transforment en arme de destruction incontrôlée avec comme unique fonction de nous annihiler. Durant plusieurs jours, une poignée de rescapés d'un relais routier va tenter de survivre contre l'autorité de poids-lourds erratiques.



Démarrant sur les chapeaux de roue avec une succession d'incidents techniques aussi inventifs que jouissifs (le distributeur de banque et de boisson, l'ouverture du point-levis, le couteau électrique), Maximum Overdrive débute en fanfare lorsque les machines déréglées s'unifient pour perpétrer des exactions improbables sous influence extra-terrestre. Alternant humour noir et action spectaculaire, le récit redouble d'audace et d'insolence (citadins écrabouillés par des véhicules à moteur, marmot écrasé par un rouleau compresseur, chien retrouvé la gueule déchiquetée par le jouet d'une voiture électrique) à mettre en valeur des situations alertes où nombre de quidams vont sévèrement trinquer ! Durant 45 minutes, Stephen King réussit avec assez d'efficacité à miser sur l'enchevêtrement de ces situations de panique à renfort de poursuites automobiles, explosions dantesques et agressions sanglantes. Là ou la machine va s'enrayer, c'est lorsque l'action se confine paresseusement en interne du relais pour adopter une démarche de routine beaucoup moins attractive. De par les échanges amoureux impartis au couple de héros, de l'impériosité mesquine du tenancier sans vergogne et des bavardages inutiles entamés entre une clientèle superficielle. Quand à la stratégie adoptée par Bill (traverser les tuyaux d'écoulement avec l'appui d'un bénévole pour secourir une éventuelle victime située à l'autre bout du relais), elle s'avère finalement peu haletante dans sa coordination et peu intense pour l'enjeu humain, même si la découverte d'un gamin débrouillard va relancer quelques péripéties héroïques. Dénué de surprises, Stephen King tente donc de pallier la maigreur de son intrigue par des séquences d'actions souvent spectaculaires (à l'instar de son final - à la limite du ridicule - lorsque nos rescapés sont contraints de faire le plein sous l'allégeance des poids-lourds) et d'autant mieux scandées par le hard-rock électrique du groupe AC/DC ! Quand à l'attitude pugnace du héros sombrant peu à peu dans une dépression passagère, Stephen King n'apporte aucune empathie ni densité pour l'évolution soudaine de son comportement hors d'haleine !


Avec un pitch aussi original que prometteur dénonçant la prolifération de nos technologies modernes (ici, une menace extra-terrestre aiguillant nos propres machines pour nous enrayer !) et l'autorité d'un illustre écrivain passé derrière la caméra, Maximum Overdrive avait de sérieux atouts pour combler l'attente du spectateur. Mal exploité, sans surprises et parfois grotesque, mais récupéré par le fun de scènes homériques ou sanglantes et la bonhomie attachante d'acteurs cabotins, il reste aujourd'hui un plaisir coupable aussi décomplexé que sympathique.

Bruno Matéï  

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