vendredi 6 février 2015

LE MANOIR DE LA TERREUR (The Blancheville Monster - Horror Castle - Horror - Demoniac)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site horrorpedia.com

d'Alberto De Martino. 1963. Italie/Espagne. 1h27. Avec Gérard Tichy, Leo Anchoriz, Ombretta Colli, Helga Liné, Iran Eory, Vanni Materassi, Francisco Moran.

Sortie Salles Italie: 6 Juin 1963. Espagne: 18 Mai 1964.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Alberto De Martino est un réalisateur et scénariste italien, né le 12 Juin 1929 à Rome.
1962: Les 7 Gladiateurs. 1963: Persée l'Invincible. 1963: Le Manoir de la Terreur. 1964: Le Triomphe d'Hercule. 1964: Les 7 Invincibles. 1966: Django tire le premier. 1967: Opération frère Cadet. 1968: Rome contre Chicago. 1969: Perversion. 1972: Le Nouveau Bosse de la Mafia. 1974: L'Antéchrist. 1977: Holocaust 2000


Inédit en salles en France mais sorti en Vhs au début des années 80 sous le titre Demoniac, Le Manoir de la terreur est ce que l'on peut citer une "perle gothique" du cinéma transalpin que l'éditeur Artus Films nous fait l'honneur d'exhumer via une édition Dvd de qualité. Prévenons tout de suite les amateurs néophytes de ne pas confondre avec le sympathique nanar Le Manoir de la Terreur réalisé en 1981 par Andréa Bianchi, puisqu'en l'occurrence il s'agit d'une oeuvre préalablement tournée en 1963 sous l'égide du vénérable Alberto De Martino (l'Antéchrist, Holocaust 2000). Accompagné de son ami, Emily part rendre visite à son frère auquel il est devenu propriétaire d'un château depuis la mort accidentelle de son père lors d'un incendie. Sur place, outre l'accueil froid de son confrère, elle établit la rencontre suspicieuse du majordome, de la gouvernante et du nouveau praticien. Un soir, des hurlements se font écho dans la nuit ! Son père serait finalement en vie secrètement caché dans l'enceinte du château, quand bien même Emilie va se retrouver confrontée au sacrifice pour le compte d'une prédiction ! 


Véritable bijou du Bis Gothique injustement méconnu et déconsidéré à son époque, Le Manoir de la Terreur fait la part belle à l'univers d'Edgar Allan Poe par son atmosphère lugubre ensorcelante régie autour de monuments historiques, et pour certains thèmes judicieux exploités au cinéma de cette époque (je pense particulièrement à Roger Corman pour La Chute de la Maison Usher et à L'Enterré Vivant). Transfiguré par un superbe noir et blanc contrastant avec l'architecture du manoir situé à proximité d'une abbaye en ruine et d'une chapelle, la nature environnante est également à l'appel pour nous enivrer dans sa facture étrangement poétique (à l'instar de cette forêt décharnée ou des songes obsédants fantasmés par Emilie !). Avec une volonté de styliser le cadre gothique, Alberto De Martino y compose parfois des tableaux d'un onirisme enchanteur (Emilie, hypnotisée par le monstre, traverse durant la nuit, telle un fantôme vêtu de blanc, une allée du château pour rejoindre l'abbaye et y contempler sa tombe !). Outre l'intensité de son climat ombrageux auquel le film baigne avec volupté, Le Manoir de la Terreur est rehaussé d'une intrigue criminelle machiavélique brouillant les pistes à souhait pour mieux nous égarer dans un dédale de faux coupables et simulacres. Alberto De Martino se délectant à nous manipuler dans la caractérisation insidieuse de protagonistes cachottiers tout en utilisant les ressorts dramatiques de victimes tourmentées et molestées. Alors que durant sa dernière partie davantage oppressante, les rôles vont subitement s'inverser pour enfin lever le voile sur le véritable traître et percer le mystère entourant la prophétie des Blackford. 


Sobrement interprété par des comédiens au charisme aristocratique jusqu'aux moindres seconds-rôles (je ne suis pas prêt d'oublier la posture rigide et le regard reptilien de la gouvernante endossée par Helga Liné) et réalisé avec brio dans l'esthétisme gothique d'un noir et blanc immaculé, Le Manoir de la Terreur se permet surtout de fignoler un suspense retors autour d'une conspiration habilement détournée ! Un des plus beaux trésors de la bannière Artus Films et sans nul doute un des meilleurs films de son auteur. 

Remerciement à Artus Films
Bruno Matéï


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