samedi 27 décembre 2014

QUAND VIENT LA NUIT (The Drop)

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Michaël R. Roskam. 2014. U.S.A. 1h47. Avec Tom Hardy, Noomy Rapace, Matthias Schoenaerts, James Gandolfini, John Ortiz, Elizabeth Rodriguez, James Frecheville.

Sortie salles France: 12 Novembre 2014. U.S: 12 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE:  Michaël R. Roskam est un réalisateur et scénariste belge, né le 9 Octobre 1972 à Saint-Trond.
2011: Bullhead. 2014: Quand vient la nuit.


Après avoir été révélé par Bullhead, le cinéaste belge Michaël R. Roskam confirme le brio de son talent avec son second long, Quand vient la Nuit. Un polar à suspense redoutablement efficace dans sa dramaturgie en dent de scie où l'on présage hardiment un dénouement aussi cru qu'imprévisible. C'est également un superbe numéro d'acteurs aux personnalités bien trempées dans leur fonction marginale en déclin quand bien même l'un des protagonistes va pouvoir nous dévoiler son véritable penchant au moment le plus alarmiste. Pour l'anecdote, il s'agit du dernier rôle de James Gandolfini, l'inoubliable interprète du parrain dans la série TV, les Sopranos. A Brooklyn, Bob Saginowski s'est associé avec son cousin Marv pour entretenir un bar où les paris clandestins servent de dépôt au blanchiment d'argent de la pègre urbaine. Après avoir trouvé un chiot au fond d'une poubelle, Bob décide de l'adopter jusqu'au jour où son propriétaire vient lui réclamer. Alors qu'un braquage vient d'avoir lieu dans leur bar, nos tenanciers sont rapidement intimidés par un clan mafieux leur ordonnant de rembourser la dette. C'est le début d'un chantage collectif où les coups les plus mesquins vont enchaîner la mort.  


Dans la lignée des oeuvres crépusculaires de James Gray, Quand vient la Nuit s'efforce de narrer studieusement un récit criminel à la violence contenue de prime abord afin de privilégier le dessein psychologique de protagonistes pris dans la tourmente et de nous immerger dans leur sombre univers où chantage, jalousie et trahison vont finalement laisser exploser les règlements de compte. La maîtrise de la mise en scène est également d'avoir su gérer un suspense graduel où la tension préalablement sous-jacente va pouvoir s'accroître de manière toujours plus exponentielle. Inévitablement, nous nous prenons de sympathie pour ses deux escrocs familiaux ainsi que la romance impartie entre Bob et Nadia, juste avant que l'intrusion de braqueurs et d'un antagoniste arrogant ne vienne ébranler leur routine. En loup solitaire plutôt discret, timoré et laconique, Tom Hardy insuffle l'empathie dans sa fonction secondaire de barman tour à tour molesté par la police, la pègre et une crapule à la réputation psychotique. Matthias Schoenaerts se délectant à endosser celui du maître chanteur avec esprit de provocation et rancune intraitable. Inscrite dans la fragilité mais également ferme d'autorité, Noomi Rapace endosse la petite amie de Bob dans un esprit de paranoïa où l'amertume laisse planer le passé torturé d'une femme battue. Enfin, James Gandolfini profite de sa robuste carrure pour incarner un patron aussi mesquin qu'insidieux dans ses combines burnées.


Rigoureusement tendu car pourvu d'un suspense à couper au rasoir, Quand vient la Nuit exploite le genre du polar avec la dramaturgie d'un script détonnant et à l'émotion contenue dans les rapports de force impartis à ces marginaux en perdition. Pour parachever, on reste ébranlé par la tournure poisseuse du dénouement nous laissant un goût amer de souffre dans la bouche pour l'instinct meurtrier imparti à un personnage clef. Ou quand les fantômes du passé reviennent corrompre l'âme d'un proscrit...

Bruno Matéï


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