mardi 2 décembre 2014

MISERY. Oscar de la Meilleure Actrice, Kathy Bates, 1991.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site flickfacts.com

de Rob Reiner. 1990. U.S.A. 1h47. Avec James Caan, Kathy Bates, Lauren Bacall, Frances Sternhagen, Richard Farnsworth, Graham Jarvis.

Sortie salles France: 13 Février 1991. U.S: 30 Novembre 1990

Récompenses: Oscar de la meilleur Actrice pour Kathy Bates, 1991
Golden Globe de la meilleure Actrice pour Kathy Bates, 1991

FILMOGRAPHIE: Rob Reiner est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 6 Mars 1947 dans le Bronx à New-York.
1984: Spinal Tap. 1985: Garçon choc pour nana chic. 1986: Stand by me. 1987: Princess Bride. 1989: Quand Harry rencontre Sally. 1990: Misery. 1992: Des Hommes d'honneur. 1994: L'Irrésistible North. 1995: Le Président et Miss Wade. 1996: Les Fantômes du passé. 1999: Une vie à deux. 2003: Alex et Emma. 2005: La Rumeur court... 2007: Sans plus attendre. 2010: Flipped. 2012: Un Eté magique. 2014: And so it goes.


Démarche inopinée que celle du réalisateur de Stand by me, Princess bride et Quand Harry rencontre Sally de porter à l'écran un suspense horrifique initié par le maître Stephen King. C'est d'ailleurs la seconde fois que Rob Reiner adapte l'un de ses écrits avec le même succès commercial et critique. Régi en mode huis-clos réfrigérant, Misery nous confine à l'intérieur d'un chalet isolé pour nous scander la confrontation au sommet d'un éminent écrivain réduit à la paralysie et d'une fan hystérique avide d'évasion romantique. A travers le portrait de cette quadra solitaire férue de passion pour les histoires de Paul Sheldon, l'intrigue met en exergue le revers de médaille de la célébrité du point de vue de son auteur et surtout le rapport fanatique d'une frange de lecteurs incapables de distinguer la part de fiction et de réalité lorsqu'ils sont obnubilés par l'intensité d'un récit plus vrai que nature. Jusqu'où peut donc mener l'emprise de la passion, l'influence du bouquin, l'addiction des suites à succès chez les êtres susceptibles réduits au spleen de leur solitude ?


Si Misery se prend un finaud plaisir à élaborer un suspense psychologique aussi haletant que sardonique dans ces instants d'humour nerveux, il le doit beaucoup au tandem formé par le couple maudit, James Caan et Kathy Bates. Paralysé depuis son accident de voiture dans un ravin enneigé et toujours plus molesté par sa tortionnaire exigeante, l'acteur exprime avec retenue ses sentiments d'impuissance dans une hypocrisie affable afin d'amadouer sa dominatrice et avant une démarche progressive de stratagèmes de défense. Rob Reiner nous infligeant des moments de suspense tendu lorsqu'il essaie à plusieurs reprises de s'échapper de sa chambre, ou des instants horrifiques d'un réalisme rigoureux lorsqu'il en est sévèrement châtié (personne ne peut oublier l'épisode brutal des pieds broyés par une massue !). Quand à l'ultime confrontation paroxystique, nos nerfs sont mis à rude épreuve lorsque Paul essaie dans une posture précaire de se débattre contre la violence démentielle de sa tortionnaire  ! Pourvue d'une stature corpulente et douée d'un charme attendrissant dans son regard pétillant, Kathy Bates insuffle une présence subtilement perfide dans sa perversité goguenarde à vouloir dompter son otage pour le caprice d'un roman à suites à l'épilogue inconsolable ! Ses crises d'hystérie inattendues et ses éclairs de violence laissant également transparaître la névrose d'une dangereuse sociopathe déjà responsable d'un sordide passé ! La densité cruelle de Misery résulte donc dans ce rapport dysfonctionnel établi entre la victime et le bourreau contraints de cohabiter ensemble pour satisfaire le contentement de cette lectrice irrationnelle avide de romance et de reconnaissance !


Jouissif dans le mécanisme infaillible de son suspense charpenté et éprouvant dans le calvaire cruel imposé à l'écrivain démuni, Misery distille une angoisse sous-jacente et redouble l'efficacité des affrontements psychologiques autour d'un survival subtilement affolant.  

Bruno Matéï
3èx

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