mercredi 10 décembre 2014

MIRACLE EN ALABAMA (The Miracle Worker). Oscar de la Meilleure Actrice, Anne Bancroft, 1963.

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

d'Arthur Penn. 1962. U.S.A. 1h37. Avec Anne Bancroft, Patty Duke, Victor Jory, Inga Swenson, Andrew Prine.

Sortie salles U.S: 23 Mai 1962

Récompenses: Oscar de la Meilleure Actrice, Anne Bancroft, 1963
Oscar du Meilleur Second Rôle Féminin, Patty Duke, 1963
Festival de San Sebastian: Meilleur Actrice, Anne Bancroft

FILMOGRAPHIE: Arthur Penn est un réalisateur américain, né le 27 Septembre 1922 à Philadelphie, décédé le 28 Septembre 2010 à Manhattan, New-York.
1958: Le Gaucher. 1962: Miracle en Alabama. 1965: Mickey One. 1966: La Poursuite Impitoyable. 1967: Bonnie and Clyde. 1969: Alice's Restaurant. 1970: Litlle Big Man. 1975: La Fugue. 1976: Missouri Breaks. 1981: Georgia. 1985: Target. 1987: Froid comme la Mort. 1989: Penn and Teller get killed. 1995: Lumière et Compagnie (segment).


D'après l'histoire vraie d'Helen Adams Keller (27 Juin 1880 - 1er Juin 1968), Miracle en Alabama dépeint avec souci documenté la leçon d'apprentissage d'une fillette sourde, muette et aveugle sous l'enseigne d'une éducatrice préalablement atteinte de cécité. Vivant comme un animal sauvage et profitant de la charité de ces parents de manière capricieuse, Anne Sullivan va tenter de l'instruire et la sortir de sa condition erratique en emménageant quelques temps au sein de son cocon familial. Après diverses expériences infructueuses, fautes de l'omniprésence de parents trop envahissants et impatients du résultat, elle décide de s'isoler avec Helen dans une grange durant deux semaines. Devant l'autorité castratrice du père de famille, Anne sera renvoyé illico si l'expérience se solde par une défaite. Débute alors pour les deux alliées l'épreuve de force de la dernière chance.


C'est une véritable leçon de tolérance et de pédagogie (persévérante !) que nous initie Arthur Penn en adaptant l'étonnant récit d'une jeune infirme réduite à l'état animal avant de se transfigurer en diplômée universitaire devenue romancière ! Elle deviendra d'ailleurs la première qualifiée handicapée à obtenir cette prestigieuse récompense ! La puissance de l'histoire émane de la relation impérieuse liée entre l'élève et l'enseignante, leurs rapports de force (domination/soumission) s'avérant au départ d'une grande violence pour leur conflit de divergence où crises d'hystéries, provocations et caprices s'accumulent du point de vue du disciple. L'intensité psychologique qui s'y dégage, la manière chirurgicale dont Arthur Penn ausculte leur relation orageuse avant l'accalmie d'une prise de confiance nous sont d'autant mieux exprimées par le brio de comédiennes en roue libre. Anne Bancroft et Patty Duke s'avérant transies d'émoi et de véhémence dans leur tempérament volcanique conçu sur la prise de conscience d'un nouveau mode de vie. Ce qui donne lieu à des moments d'émotion parfois bouleversants lorsqu'elles réussissent à trouver un terrain d'entente par la signification des mots bâtis sur le principe d'obéissance, de respect et enfin de compréhension. Sur ce dernier point, la séquence éloquente illustrant à haute voix la prononciation du mot E.A.U risque d'en ébranler plus d'un dans sa puissance d'émotion libératrice ! Au niveau du portrait parental n'ayant aucune notion d'éducation, Arthur Penn met en exergue l'orgueil d'un paternel conservateur dans ses théories de jugement et d'intolérance, quand bien même la mère protectrice s'apitoie sur la compassion pour la précarité de sa fille handicapée. 


Eloge à l'étymologie des mots (ici, par le langage des signes !) afin d'apprendre et de comprendre leur véritable sens, ode à l'éducation parentale, au respect d'autrui et à la rédemption de l'amour, Miracle en Alabama exploite intelligemment les expériences de la jalousie, de la provocation, de la correction et de la punition afin d'enseigner auprès de l'élève inculte une leçon de connaissance (s'ouvrir au monde pour accéder à la réussite). Profondément passionnant, immersif et souvent éprouvant, de par le cheminement initiatique d'Helen et par l'énergie viscérale déployée avec la complicité de la gouvernante, Miracle en Alabama libère une explosion d'émotions afin de parfaire le miracle de l'existence. Un chef-d'oeuvre sensitif d'une rare puissance de suggestion. 

Remerciement à Gilles Vannier
Bruno Matéï 

4 commentaires:

  1. Très bonne analyse du film que je partage à 100 pour cent sur la puissance émotionnelle de ce film incontournable d'Arthur Penn son plus beau livrant un message profondément humaniste. Je viens justement de le poster sur mon blog !

    RépondreSupprimer
  2. Merci Atreyu et merci de m'avoir fait découvrir ce film par le biais de ton blog ! ^^

    RépondreSupprimer
  3. N'étant pas attiré par l'intrigue suggestive de cet œuvre pourtant forte de Arthur Penn je suis toujours "passé a coté" de ce MIRACLE EN ALABAMA ! Mais la magie de tes mots , savamment distillé ,dans l'exercice difficile qui consiste a passer d'une chronique sur les terreurs provoquées par une tronçonneuse a celle d'une décharge purement émotionnelle , ont un effet aussi miraculeux sur moi , car je vais m'empresser de réparer cette méprise culturelle ...

    RépondreSupprimer
  4. Excellent ton comm Inglourius et figure toi que moi aussi j'étais passé à côté depuis toutes ces années, j'avais peu d'intérêt pour l'intrigue ! Une erreur réparée...
    Merci ^^

    RépondreSupprimer