mercredi 28 mai 2014

CREATURES CELESTES (Heavenly Creatures). Grand Prix Gérardmer, 1995

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Peter Jackson. 1994. Allemagne/nouvelle-Zélande. 1h38. Avec Kate Winslet, Melanie Lynskey, Sarah Peirse, Diana Kent, Clive Merrison, Simon O'Connor, Jed Brophy.

Récompenses: Lion d'Argent à la Mostra de Venise, 1994
Grand Prix à Gérardmer, 1995.

Sortie salles France: 3 Juillet 1996. U.S: 16 Novembre 1994

FILMOGRAPHIE: Sir Peter Robert Jackson est un réalisateur, producteur et scénarise néo-zélandais, né le 31 Octobre 1961 à Pukerua Bay, North Island (Nouvelle-Zélande).
1987: Bad Taste. 1989: Les Feebles. 1992: Braindead. 1994: Créatures Célestes. 1995: Forgotten Silver. 1996: Fantômes contre fantômes. 2001: Le Seigneur des Anneaux. 2002: Les Deux Tours. 2003: Le Retour du Roi. 2005: King-Kong. 2009: Lovely Bones. 2012: Le Hobbit: un voyage inattendu. 2013: Le Hobbit: la Désolation de Smaug. 2014: Le Hobbit: Histoire d'un aller et retour.


En 1953-54, Pauline Yvonne Parker relata dans son journal son amitié avec Juliet Marion Hulme. Ceci est leur histoire vraie fidèlement reprise dans le journal de Pauline.

Auréolé du Lion d'Or à Venise et du Grand Prix à Gérardmer, Créatures Célestes fait presque figure d'ovni tant Peter Jackson déconcerte à allier lyrisme, poésie et tendresse sous couvert d'une tragédie baroque intentée au crime passionnel. L'action se situe en 1953 et prend pour cadre la charmante contrée bucolique de Christchurch, dans l'île sud Néo-zélandaise. Insolentes, anticonformistes et espiègles, Juliet et Pauline unissent leur point commun en se partageant une belle amitié durant leur étude scolaire. Au fil de leur intense relation et de leur passion vouée à l'opéra, les deux filles se réfugient dans des univers enchanteurs afin de s'évader de leur quotidienneté. Voyant d'un très mauvais oeil cette relation amicale trop possessive, les parents des deux adolescentes décident de les séparer. 


Totalement inspiré par ce fait-divers sordide que sa femme lui avait sollicité de porter à l'écran, Peter Jackson nous reconstitue ici une histoire d'amour atypique dans son caractère aussi obsessionnel que crapuleux. La mise en scène inventive suggérant les univers tantôt féeriques (château et jardins édéniques), tantôt baroques (les ténors d'opéra prenant vie sous la forme de patte à modeler !) que Juliet et Pauline matérialisent à travers leur imagination. Si de prime abord, il s'agit d'une liaison amicale inscrite dans l'utopie et la passion, l'amour saphique va finalement s'y installer, quand bien même l'autorité parentale y décidera d'y mettre un terme. Au passage, Peter Jackson en profite donc pour dénoncer l'homophobie à travers les personnages puritains du père de Juliet et du psychiatre de Pauline, car y voyant d'un oeil suspect une orientation sexuelle trop inaccoutumée. Dominés par les prestances transies d'émoi de Kate Winslet, Melanie Lynskey, les deux comédiennes insufflent avec enthousiasme fiévreux un tempérament aussi erratique et névrosé qu'attendrissant dans leur élan amoureux. Durant leur cheminement instable causé en partie par l'intolérance parentale, ces "inséparables" extériorisent une fragilité humaine inscrite dans la crise adolescente, le désarroi puis la folie. Car rapidement, une aura malsaine se dégage de leur profil psychologique parce que trop éprises d'une liaison possessive où la moindre idée de rupture leur provoque un marasme insurmontable ! C'est ce qui entraînera Pauline à la préméditation criminelle et qui incitera Juliet a y collaborer afin de retrouver un semblant d'illusion impartie à l'évasion et l'épanouissement. Ce drame inéluctable qui se profile à l'horizon, Peter Jackson le filme à la manière d'un suspense Hitchcockien terriblement oppressant dans l'expectative du meurtre à accomplir. Cru et sanglant, cet acte morbide perpétré par ces adolescentes névrosées bouleverse et épouvante dans leur acte suicidaire, sachant que l'issue sera inévitablement fatale pour leur défaite. 


Imprégné de lyrisme et de tendresse où les visions baroques se mêlent à l'onirisme enchanteur, Créatures Célestes dérange durablement par son odeur de souffre car il nous oppose à une descente aux enfers vertigineuse où l'amour passionnel converge au sacrifice morbide. Il en émane une oeuvre profondément cruelle et désespérée dans sa description pathologique d'une puissante amitié et d'un amour impossible ! 

Bruno Matéï
3èx




    3 commentaires:

    1. cher bruno, je suis content que tu parles de ce qui reste pour moi, un chef d'oeuvre absolu ! j'ai été littéralement transporté par la dramaturgie progressive de cette histoire d'amitié intime qui m'avait retourné les tripes et qui à la sortie de la salle me laissa un ressenti fort et durable dans mon esprit. j'adore surtout la manière dont Jackson traite le fait divers lui meme en lui ajoutant cette dimension onirique, sur une mise en scène magistrale d'audace, tout est puissant dans ce film !

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    2. On parle bien de chef-d'oeuvre Atreyu, sans conteste, on a vu le même film !

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    3. Une des plus belles réussites de l'ami Sir PJ. Quand il sera président du jury à Cannes(ça viendra, c'est obligé) il sera toujours temps de le rappeler...

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